Affaire Bamba Ladji, Africa, football ivoirien, sa carrière… Bamba Yacouba, ancien joueur de l’Africa fait d’importantes confidences
Bamba Yacouba, ancien joueur formé à l’Asec mimosas, ayant évolué au Rio d’Anyama puis à l’Africa sports est aujourd’hui dirigeant d’un club de 3ème division. Il aborde avec nous beaucoup de points qui ont meublé sa carrière de footballeur dont la célèbre affaire qui a failli lui coûter sa carrière.
Vous avez assisté à la présentation des personnalités qui composent le comité d’organisation de la Can 2021 prévue en Côte d’Ivoire. Quelles sont vos impressions ?
J’avoue que cela a été bien un honneur pour moi, en ma qualité de président de club, d’être ici à cette cérémonie. Et j’ai été heureux de la présentation du président Feh Kessé, qui est pour moi, un bon choix. Cela fait également plaisir de savoir que les présidents de club sont bien impliqués dans l’organisation de cette grande compétition, la coupe d’Afrique des nations (Can) dans notre pays en 2021.
Vous étiez présent en qualité de président de quel club ?
Je suis là en tant que président de la Rfca. C’est-à-dire la Renaissance football club d’Aboisso, un club de division 3.
Le président Feh Kessé a affirmé que vous, présidents de clubs, avez la possibilité d’intégrer une commission technique de ce Cocan-là. Etes-vous intéressé ?
Oui, évidemment. Je pense que je vais bien réfléchir afin de savoir quelle commission intégrer. Je pense bien avoir donc des qualités pour apporter ma contribution pour la réussite en Côte d’Ivoire de cet évènement du football africain.
On sait que vous avez été footballeur à l’Africa au milieu des années 90 et, depuis on a plus eu de vos nouvelles. Alors depuis quand êtes-vous à Abidjan ?
Je suis à Abidjan, depuis maintenant 4 ans. Mais, je fais la navette entre les Etats-Unis et la Côte d’Ivoire et, entre l’Europe et la Côte d’Ivoire. C’est pour vous dire qu’en dehors du football, je fais d’autres affaires. Je bouge beaucoup. C’est parce que nous voulons bien partager avec les enfants ce que le métier de football nous a donné. Avec mon frère, Coulibaly Bakari, qui fait office de président du club Rfca et moi, le président délégué. Donc lui et moi sommes en train de bâtir un grand club dont l’objectif est évidemment de monter en Ligue 2 rapidement puis en première division plus tard.
Pouvez-vous nous retracer votre carrière de footballeur ?
Je peux vous dire que Bamba Ladji a débuté sereinement sa carrière de footballeur à l’Asec mimosas avec la génération des Ndiaye Aboubacar et Zaré Mamadou.
A quel âge exactement?
Je pense bien qu’à l’époque, j’avais déjà 16 ans. Et malheureusement, jusqu’à 18 ans, je n’avais pas eu la chance d’évoluer avec l’équipe première de l’Asec donc je me suis retrouvé plus tard au Rio sport d’Anyama où j’ai évolué pendant deux saisons. Après, j’ai déposé mes valises du côté de l’Africa sports national en 1993-1994. Maintenant, tous les sportifs ivoiriens savent bien ce qui s’est passé à l’époque avec l’affaire « Bamba Ladji », mais cela ne m’a pas quand même ébranlé, affecté, freiné pour la suite de ma carrière de footballeur. Car je me suis senti encore plus fort pour continuer à jouer au football et par la grâce de Dieu, j’ai pu faire une carrière professionnelle.
Où par exemple…
Je me suis retrouvé en Suisse, au Fc Zurich ensuite en Turquie avant de terminer ma carrière en Azerbaïdjan où j’ai fait quand même six ans. Et là-bas, j’ai été le premier footballeur étranger à être meilleur buteur de leur championnat.
Revenez pour nos lecteurs sur l’affaire « Bamba Ladji » et dites-nous ce qui s’est réellement passé à l’époque ? Parce que cette affaire a quand même privé l’Africa d’un titre de champion.
J’étais un jeune footballeur qui voulait bien évoluer un jour en Europe. A l’époque où j’étais au Rio sport d’Anyama, Samir Zarour, le président du Rio avait des contacts à Rennes (Ligue 1 de France) et avait même déjà fait transférer Moussa Traoré. Alors le président Zarour me dit comme ça à l’époque que : ‘’Bamba, tu es un très bon joueur. J’ai déjà parlé de toi aux dirigeants de Rennes. Mais l’âge que tu as présentement, ce n’est pas bon et cela ne pourra pas t’aider. Donc essaye de diminuer’’. Alors pour moi, ce n’était pas sincèrement un péché, un crime de lèse-majesté. C’était pour le président Zarour, un moyen de m’aider afin de me débrouiller ailleurs et durer dans ma carrière. Voilà et rien d’autres. Finalement, je ne suis plus parti et j’ai signé à l’Africa. Maintenant, je ne sais pas comment le président de l’Asec, Roger Ouégnin a eu l’information que je ne jouais pas avec mon vrai âge et avec une autre identité. Moi, cette époque de cette affaire « Bamba Ladji », j’étais en très grande forme en attaque avec l’Africa sport national. Et comme vous le savez, l’Africa, champion avec Yéo Martial comme entraîneur, a perdu sur tapis vert à cause de moi, donc de cette affaire « Bamba Ladji », qui avait fait grand bruit en 1995.
Est-ce que cette affaire n’a pas pesé sur votre moral pour la suite de votre carrière ?
Oui, bien sûr. Peut-être que j’aurais pu faire une très bonne carrière que celle que j’ai faite à l’étranger. Parce que j’étais dans une forme éblouissante avec l’Africa à l’époque et, j’aurais pu continuer à prouver mon immense talent dans ce club. J’avoue que j’ai eu mal. Mais comme on le dit chez nous, tout ce que Dieu fait est bon. Peut-être que c’est ce qui m’était destiné. Je me suis remotivé grâce à des soutiens des parents et amis. Et par la suite, j’ai tout même fait une carrière professionnelle tout aussi honorable en gagnant ma vie. Je remercie pour cela le bon Dieu.
Durant votre carrière en Côte d’Ivoire, quel est le dirigeant qui vous a marqué ?
J’avoue que c’est le président Simplice Zinsou. Sincèrement, c’est un très grand dirigeant. Un vrai manitou. Et j’en veux pour preuve actuellement dans le championnat de Côte d’Ivoire. Vous-même vous voyez, il n’est plus là et regardez comment c’est à la traîne. Même avec Canal+ encore, bon ! Ce n’est pas trop ça. Je ne critique pas mais c’est une observation personnelle que je fais. Il n’y a plus trop de talents comme à notre époque. Pour la simple raison que les dirigeants de club ont du mal à retenir les enfants ici. Celui qui éclot un peu seulement, six mois après, on le retrouve hors du pays. C’est vraiment dommage et déplorable.
Pourquoi les clubs ont du mal les maintenir ?
Tout simplement parce que les clubs n’ont pas trop de moyens de le faire. Et aujourd’hui il y a la pression des parents aussi. Je crois qu’il faut penser à tout cela avec des salaires un peu décents afin qu’ils puissent rester un peu longtemps au pays.
Vous avez évoqué le nom du président Zinsou comme le dirigeant de club qui vous a marqué. Mais dans l’affaire « Bamba Ladji », les bruits ont couru disant que c’est bien lui qui aurait donné l’information à son ami, Francis Ouégnin ?
Oui, oui…C’est aussi ce que moi j’ai appris. Mais, comme je l’ai déjà dit, je lui rend franchement hommage. Parce que c’était pour moi, quelqu’un de passionné. Maintenant, on n’en trouve plus en Côte d’Ivoire.
Est-ce que vous lui en voulez pour cela ?
Non, non pas vraiment. Pour moi c’est la vie.
Quel est votre sentiment sur le football ivoirien pour ce que vous voyez, depuis votre retour ?
Comme je l’ai déjà dit, pour moi, il n’y a vraiment plus de talent. Avant oui, il y avait des talents. Il y a maintenant tout avec internet, canal et autres. La nouvelle génération de footballeurs, ce sont pour la plupart des rêveurs. Ils ont l’impression que de l’autre côté de la mer, tout est facile ou sera facile pour eux. Donc il n’y a plus d’effort à fournir. Donc ils ne travaillent pas assez parce que ce sont des rêveurs. Il est vrai que l’actuel comité directeur fait un peu plus avec la hausse de l’argent alloué aux clubs et Canal également, mais je pense bien que cela ne suffit pas vraiment. Il faut faire encore plus d’effort afin de maintenir les meilleurs joueurs dans notre championnat. Nous, à notre époque, on faisait par exemple, trois ou même quatre ans de championnat avant de partir pour une carrière professionnelle. Et puis, il faudrait que nous dirigeants, on crée les meilleures conditions de travail pour ces jeunes-là.
Interview réalisée par A.H.