Allocution du Directeur Général du Conseil du Coton et de l’Anacarde à l’occasion de l’atelier sur le zonage du bassin agro-industriel cotonnier prévu du 29 novembre au 2 décembre 2015 à Yamoussoukro
Yamoussoukro, 30 Nov. (Conseil Coton Anacarde)
Monsieur le Préfet de Région,
Monsieur le Représentant du Maire de Yamoussoukro,
Mesdames et Messieurs les partenaires au développement,
Monsieur le Président de l’INTERCOTON,
Monsieur le Président de la Fédération des producteurs de Coton de Côte d’Ivoire
Monsieur le Président de l’APROCOT-CI
Messieurs les Directeurs Généraux,
Monsieur le Directeur Exécutif du FIRCA,
Chers collèges,
Chers producteurs,
Mesdames et Messieurs les représentants de la presse,
Mesdames et Messieurs, en vos rangs, grades et qualités respectifs.
C’est un honneur et un agréable plaisir pour moi de m’adresser à vous ce matin dans le cadre du séminaire marquant le démarrage de la mise en œuvre de l’axe stratégique principal de la réforme de la filière coton relatif au zoning.
Cependant avant tout propos, je voudrais vous présenter les excuses de Monsieur le Ministre de l’Agriculture, Monsieur COULIBALY Mamadou Sangafowa, principal artisan de cette réforme qui aurait souhaité être personnellement présent à ce séminaire mais compte tenu des contraintes diverses, n’a pu effectuer le déplacement. Aussi m’a-t-il chargé de le représenter.
C’est donc en son nom que je vous souhaite la cordiale bienvenue à cet atelier.
Mesdames et Messieurs,
Dans le cadre de la relance post-crise de l’activité économique, le Gouvernement a engagé un vaste programme de restructuration du secteur agricole.
C’est ainsi que, face aux nombreux dysfonctionnements constatés dans les filières coton et anacarde, principales sources de revenus des populations du Nord, du Centre et de l’Est de la côte d’Ivoire, le Gouvernement a adopté au cours de la séance du Conseil des Ministres du 22 mars 2013 la réforme des filières coton et anacarde.
Cette réforme a pour objectif de contribuer à :
ü l’optimisation de la production et de l\'amélioration de la qualité du coton et de l’anacarde;
ü la garantie d’un prix rémunérateur aux producteurs ;
ü la transparence et la fiabilité du système de commercialisation ;
ü la mise en place d’une interprofession représentative et crédible assise sur de solides organisations de producteurs ;
ü l’augmentation de la valeur ajoutée par la transformation ;
ü l’amélioration du cadre et des conditions de vie des producteurs ;
ü l’amélioration de la gouvernance.
Et cela conformément au Programme de Gouvernement de Monsieur le Président de la République.
En d’autres termes, il s’agit d’améliorer les performances de ces filières afin de partager de manière équitable la plus-value générée par ces réformes structurantes.
S’agissant plus particulièrement de la filière coton qui nous réunit ce matin, cette filière a perdu tous ses repères sous l’effet conjugué de la crise socio-économique de 2002, d’une libéralisation mal maîtrisée et d’une conjoncture internationale marquée par la chute drastique du marché international de la fibre.
Au nombre de ces repères, on peut rappeler brièvement :
La fibre ivoirienne qui faisait jadis la fierté des acteurs de la filière coton et même de la Côte d’Ivoire parce qu’elle a bénéficié d’une prime sur le marché international pendant de longues années, subit régulièrement une décote traduisant le relâchement de l’encadrement agricole.
Le rendement du coton graine qui était de 1,4 tonnes/ha en 2001/2002 est tombé à moins de 900 kg/ha en 2007-2008 avec pour conséquence une baisse drastique de la production à 120 000 tonnes en 2007-2008 après un record de 402 000 tonnes en 1999/2000.
Mesdames et Messieurs,
Je voudrais vous dispenser de revenir sur le chapelet des difficultés qui sont suffisamment connues de vous tous, mais je voudrais tout simplement m’arrêter sur quelques-unes notamment :
- Une organisation de l’encadrement qui diffère d’une structure à une autre et donc la disparité de l’assistance apportée aux producteurs ;
- Une concurrence non maîtrisée caractérisée par la présence de plusieurs encadreurs issus de différents opérateurs dans un même espace ;
- Une intervention des acteurs dans des localités hors de leurs zones d’activité (unités d’égrenage) même si cela renchérit leur coût d’intervention ;
- Une absence de coordination des programmes de traitement phytosanitaires par les égreneurs alors qu’ils utilisent les mêmes espaces culturaux avec pour conséquence un impact négatif sur l’efficacité de ces traitements ;
- une menace sur la pureté variétale des semences qui affecte négativement la productivité au champ ;
- Le non- respect des normes techniques d’encadrement ;
- Les problèmes de qualité et de certification des facteurs de production (semence, engrais, insecticides, etc.)
Le Gouvernement ne pouvait pas rester indifférent devant un tableau si morose de la filière coton parce que le coton c’est :
- au moins 3,5 millions de personnes qui vivent directement ou indirectement de cette filière, au nombre desquelles on compte les producteurs, les égreneurs, les transporteurs, les firmes phytosanitaires, les forgerons, les éleveurs, etc. ;
- la participation à la sécurité alimentaire dans les régions de production avec la culture des vivriers en assolement,
- 120 milliards de FCFA de revenus distribués aux producteurs chaque année etc.
Aussi pour sortir cette filière de ce marasme, le Gouvernement n’a cessé de multiplier les efforts notamment, à travers la subvention des intrants pour un coût de 7 milliards par an pendant au moins 4 campagnes, le complément du prix au producteur pendant les campagnes 2014-2015 pour ne citer que ces exemples.
J’en profite pour saluer au nom de la filière tous ses efforts salvateurs du Gouvernement ; mes salutations vont également aux partenaires techniques et financiers qui n’ont jamais cessé d’apporter leur contribution au développement de la filière coton.
Ce sont tous ces efforts, sans oublier ceux des acteurs eux-mêmes de cette filière qui ont permis de relancer la production qui a atteint un record historique de 450 000 tonnes au titre de la campagne 2014-2015.
Il faut toutefois noter que l’analyse des résultats de la filière laisse clairement apparaître que l’évolution de la production est essentiellement la conséquence d’un accroissement des superficies et du nombre de producteurs et non le résultat de performances de la filière.
C’est pour cela que nous exhortons les acteurs de la filière coton à faire des efforts d’optimisation de leurs coûts en général et des coûts logistiques, industriels et agricoles en particulier.
Nous sommes convaincus que ces efforts d’optimisation devraient permettre à la filière de se passer des subventions de l’Etat.
Mesdames et Messieurs,
Malgré cette augmentation de la production, les défis persistent. Je pourrais citer entre autres:
- Le coût élevé des intrants qui impacte sur le revenu net du producteur. En effet, les intrants seuls absorbent plus de 50% de ce revenu brut ;
- le rendement au champ est en baisse par rapport aux deux campagnes précédentes malgré l’externalisation du conseil agricole.
- Par rapport à la campagne dernière, il est passé de 1 133 kg/ha à 1 085 kg/ha, soit une baisse de 48kg/ha. la baisse de rendement correspond à une perte de revenu de 6,5 milliards de F CFA pour toute la filière dont 5 milliards de F CFA de perte de revenu brut pour les producteurs ;
- la qualité du coton est en baisse continue du fait de mauvaises pratiques agricoles, encouragés par l’achat systématique du coton graine en 1er choix.
- le fort taux d’humidité du coton graine qui est supérieur à 8% alors qu’il doit normalement se situer entre 6 et 8%.
- la très grande charge du coton de corps étranger (feuillets, bractées, tiges, cailloux, etc.) ;
La mauvaise qualité du coton graine a inévitablement un impact sur la qualité de la graine et de la fibre produite par la filière.
§ Au niveau de la graine, elle se traduit par :
o un taux d’acidité élevé (en corrélation avec le taux d’humidité du coton graine) ;
o une quantité importante graines calcinées, pourries ou avortées
§ Quant à la fibre, elle est de plus en plus courte avec une prédominance des bas grades.
Mesdames et Messieurs,
La concurrence déloyale entre les égreneurs qui se traduit par des détournements du coton graine au détriment de celui qui a assuré le préfinancement pose également le problème de compétitivité voire de rentabilité de la filière.
Compte tenu de l’importance que représente cette filière dans l’économie nationale et au regard des dysfonctionnements persistants, le Gouvernement a décidé d’engager des actions de redressement de cette filière en prenant une orientation forte permettant de relancer durablement celle-ci. Ainsi la réforme de la filière coton se décline en axes stratégiques dont la mise en œuvre doit être accélérée. Il s’agit notamment de :
- la mutualisation de la production, de la multiplication et de la distribution des semences;
- l’optimisation de l’approvisionnement des producteurs en intrants en qualité, en quantité et à temps;
- l’attribution de zones exclusives d’encadrement à chaque égreneur (zoning) ;
- la garantie d’un prix rémunérateur au producteur par la mise en place d’un nouveau mécanisme de calcul du prix d’achat du coton graine qui s’appuiera sur un différentiel de coûts normatifs industriels, agricoles et logistiques;
- la mise en place d’un système de classement unique de la fibre de coton.
- la relance des industries de 2ème et 3ème transformation et la sécurisation de leur approvisionnement.
Relativement au zoning qui nous réuni ce matin,
Il s’agit de mettre en place un nouveau schéma d’organisation de l’encadrement et de la commercialisation du coton graine basé sur l’attribution de zones exclusives à chaque société cotonnière ou « ZONING »
Cette orientation vise à :
- mettre en place un nouveau dispositif d’encadrement des producteurs ;
- avoir un seul interlocuteur pour les producteurs dans le même espace géographique ;
- responsabiliser la société cotonnière par rapport à la qualité de l’encadrement et à l’amélioration du cadre de vie des producteurs dans l’espace qui lui est attribué ;
- maîtriser les coûts d’encadrement ;
- sécuriser l’approvisionnement des unités d’égrenage en coton graine ;
- faciliter la mobilisation des financements par les égreneurs ;
- aboutir à la consolidation, à une meilleure structuration et à la professionnalisation des OPA de chaque zone.
Il reste entendu que ce nouveau schéma sera mis en œuvre à travers des accords-cadres.
Mesdames et Messieurs,
Le Gouvernement attend beaucoup des résultats de cet atelier qui devra permettre de s’accorder sur les modalités pratiques de mise en œuvre du zoning.
C’est pourquoi afin de faciliter les échanges et les réflexions, le Ministère de l’Agriculture a commandité une étude sur le sujet auprès du Bureau National d’Etudes Techniques et de Développement (BNETD).
Certes cet atelier aurait dû se tenir déjà il y a 6 mois mais les difficultés d’appropriation des termes de référence par le BNETD ont retardé quelque peu la production du rapport final de l’étude.
Somme toute, ce rapport que vous avez certainement reçu pour la tenue de ces assises constituera la matière d’échanges au cours de vos travaux. Il sera présenté par les experts du BNETD.
J’en profite pour féliciter les experts pour la qualité de leur travail et à travers eux Monsieur le Directeur Général de cette structure dont la compétence est reconnue au niveau national et international.
Mesdames et Messieurs,
Au terme de cet atelier, nous attendons une véritable convergence de vues sur :
- Les critères de découpage du bassin cotonnier
- Le découpage en zones d’intervention de ce bassin
- L’attribution des différentes zones aux unités d’égrenage
- L’identification des mesures d’accompagnement nécessaires.
Je reste convaincu que la mise en œuvre du zoning couplée avec les autres axes de la réforme permettra à la filière coton ivoirienne de redorer son blason d’antan c’est-à-dire une filière compétitive jouissant d’un grand label de qualité au plan international pour le bonheur de tous les acteurs de la filière.
C’est sur cette note d’espoir que je termine mon intervention tout en vous remerciant pour votre aimable attention.