Après son départ de la paroisse de Moossou, le père Basile Diané confesse : « Ma vie a changé »
Le Père Basile Diané anciennement curé de la paroisse Saint Antoine de Moossou a tenu à nous convier sur ses chantiers pour nous montrer ses projets d'église et pour toute la Côte d'Ivoire. Il nous montre son chantier de 100 chambres en construction, la fondation du nouveau collège qu'il ambitionne de construire au service des personnes à revenus faibles et vulnérables.
A l'issue de cette visite, il s’est prêté à quelques questions.
Comment vous sentez-vous après votre départ incompréhensible de la paroisse ?
Vous le voyez vous-mêmes. Je suis en pleine forme. Je suis déjà au boulot. Le chantier du centre a commencé. Je vais y héberger dans un avenir très proche, veuves et orphelins en situation de précarité. Le collège dont la construction a commencé, est l'œuvre d'un fils spirituel qui a entendu mon appel et qui a commencé quelque chose pour soutenir les parents à revenus modestes ou sans revenu. En fait, à la célébration de mon jubilé d'argent sacerdotal, j'ai mûrement réfléchi, médité et le seigneur me disait que le moment était arrivé pour accomplir une mission qu'il mettait à mon cœur : consacrer surtout mon ministère de prêtre au service des personnes vulnérables.
J'avais plusieurs chantiers devant moi. Sur la paroisse de Moossou, je m'occupais de distribuer deux fois par semaine, la nourriture aux indigents, je partais visiter les prisons de la Côte d'Ivoire de façon informelle sans aucun mandat officiel et je m'occupais de défendre les droits des veuves et des orphelins. Tout un chantier. Chaque fois qu'un papa mourrait systématiquement, j'adoptais ses enfants car voir la souffrance de ces enfants m'était insupportable. Mes anciens paroissiens peuvent témoigner, je n'arrive jamais à m'expliquer comment on peut abandonner totalement les enfants d'un frère, je vous dis bien abandonner. On s'en fout s'ils vont à l'école ou pas.
J'ai toujours fait une promesse depuis le début de ma formation d'être un père pour tous ces types d'enfants. Mon père est encore en vie et j'ai du mal à me le projeter absent, même à mon âge. Il a été présent pour moi dans mes études et je voudrais offrir les mêmes opportunités à tous ces enfants qui n'en n'ont pas à cause souvent du décès brutal de leur père.
Et donc pour revenir à votre question, j'ai négocié et obtenu de ma hiérarchie une année spéciale pour chercher les financements en Côte d'Ivoire et dans le monde pour faire aboutir cette vision prophétique. Mon départ n'est pas une sanction ou tout ce qu'on peut imaginer. Compte tenu des exigences du projet, ma hiérarchie a accepté à titre exceptionnel, je dis franchement Merci à Mon Évêque et à son vicaire général pour leur grande ouverture d'esprit, de me libérer pour mettre en œuvre cette vision.
Depuis mon départ de la paroisse, je ne chôme point, ma vie a totalement changé tant je croule sous les demandes d'aide. Je touche au quotidien la détresse de tant de familles. Vous ne pouvez pas imaginer la détresse de tant de familles où les enfants ne vont plus à l'école et ne pourront pas aller à l'école à cause du décès du père qui était le seul pilier de la famille. Les prêtres m'appellent pour me confier des cas, les religieuses m'appellent, toute la Côte d'Ivoire m'appelle. Moi-même je m'assois souvent et je dis, ‘’mon Dieu, dans quoi tu m'as mis oh’’. Juste pour rire. J'aurais pu me contenter d'être un curé ordinaire, je dis mes messes tranquillement, on s'occupe de moi financièrement mais là c'est moi qui sort des millions par semaine. Je ne vis plus à la limite, je n'ai plus rien, croyez-moi. Tout ce qui rentre sort. En Côte d'Ivoire, on dit ça sort comme ça sort (rires).
Un ancien ministre de ce pays me disait pour rire que j'aime les emmerdements et qu'on allait m'en trouver. Franchement je suis dans une œuvre qui me dépasse. Je ne regrette pas mon choix de vie mais j'ai besoin de moyens pour aider. Malgré tout, j'ai le moral et je dois réussir.
Un appel à lancer ?
Oui, j'ai voulu vous montrer ce qui est en train de se mettre en place à Bakro (sous- préfecture d'Aboisso). Je n'ai pas voulu attendre une subvention de l'Etat pour m'engager dans ce vaste chantier. J'avance dans la foi et je souhaite que la Côte d'Ivoire se mobilise pour sauver des générations d'enfants. J'ai une Ong dénommée ‘’Boukami’’ (en langue locale ‘’Aidez-moi’’ et deux autres en constitution ‘’Sarepta et vivre utile’’. Toutes ces Ong vont converger pour œuvrer à redonner de la joie aux veuves et orphelins.
Je lance encore un appel à tous. Ce sont nos enfants à tous. Ce n'est pas du jeu et je souhaite qu'on prenne conscience de la souffrance indescriptible des orphelins et des veuves. C’est ma priorité essentielle même si de temps à autre j'irai visiter les prisonniers car des Ong me sollicitent pour les accompagner dans cette mission. Cette année sera pleine avec toutes ces missions.
Merci aux quelques bienfaiteurs. J'en attends toujours. Aidez-moi vraiment à aider.
J'espère que par votre canal, ce message sera entendu. Nous sommes à plus de 72 enfants à charge déjà. Imaginez les contraintes et les exigences.
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