Dezy.jpg

Les supputations vont bon train après le décès le vendredi 31 mars dernier du pasteur-chanteur Guinon Désiré Claver dit Dezy Champion. Quatre jours après son rappel à Dieu, Serge Guinon, ex-joueur de l’Africa sport d’Abidjan et frère cadet du défunt issu d’une famille de sept enfants, fait des révélations. 

Comme une traînée de poudre, le décès de l’artiste zouglou Dezy Champion reconverti en homme de Dieu après 20 ans de carrière musicale, crée l’émoi dans le showbiz et dans les foyers, depuis le vendredi 31 mars dernier, à la veille du 1er avril, jour de grosses rumeurs dans le monde. Décédé à l’hôpital de Bingerville après un malaise, celui que les intimes appelaient le Ronaldo du zouglou n’écumera plus les salles de spectacles et les lieux de culte. Silence de cathédrale dans son baptisée Eglise l’Armée royale, située à Yopougon cité Mamie Adjoua, et inaugurée l’an dernier. Amis et connaissances sont aux côtés de la famille éplorée basée à Yopougon Sicogi pour exprimer leurs condoléances. Avant la date du programme des obsèques en cours de réalisation par la famille, Serge Guinon, son frère cadet a accepté d’éclairer la lanterne de la grande famille du showbiz sur les vraies circonstances du décès de son grand-frère.

De Yopougon à Bingerville

«  Dezy est parti du quartier aux environs de 23 heures après avoir chanté à des funérailles d’une dame décédée. Il est sorti malheureusement sans ses médicaments qu’il avait l’habitude de prendre. Il a sûrement oublié. Il est passé au quartier nuitamment avant de prendre la direction de Bingerville où il avait un rendez-vous avec le député, Mayé Germain », raconte-t-il avant d’évoquer le grave malaise qui a emporté son aîné. « Son ami a pensé à une crise d’asthme. Il est allé immédiatement chercher des médicaments. A son retour, il a constaté que Dezy avait perdu connaissance. C’est lui qui l’a conduit à l’hôpital. Quan, ils sont arrivés, son ami a commencé à crier au secours. Il n’y avait pas de médecins. Les infirmiers ont mis du temps pour intervenir. C’est son ami qui est allé chercher une chaise roulante pour le sortir de la voiture. Dezy a rendu l’âme sur le champ. Il était minuit. C’est vers une heure du matin que la famille a reçu un appel téléphonique. Ma mère a essayé de me joindre en vain. J’étais hors de la maison. Elle et notre sœur aînée étaient en route pour Bingerville. Je les ai rejoints rapidement après avoir appris que mon grand frère avait piqué une crise. A l’hôpital, j’ai vu ma mère et ma sœur en pleurs. Elles m’ont dit que les nouvelles n’étaient pas bonnes. Elles me disaient que depuis leur arrivée, le corps médical demandait à ce qu’on cache les habits de Dezy. Ma sœur étant du domaine, elle avait compris que c’était fini », explique le frère rencontré à la cour familiale.

La lourde mission de l’ex-joueur de l’Africa

Animé de courage, Serge rassure ses parents en leur demandant de ne pas pleurer et que Dezy ira mieux. Il avait pourtant la bougeotte. « Le personnel médical avait du mal à annoncer la mort à mes parents. J’étais devant les urgences quand j’ai vu les médecins et les policiers en conversation. C’est à travers leurs causeries que j’ai entendu le mot autopsie. Dès cet instant, j’ai compris que mon frère n’est plus de ce monde. Les médecins ont su que j’étais le frère de Dezy. Ils m’ont appelé au bureau. C’est ainsi qu’ils m’ont annoncé la triste nouvelle. Je leur ai dit que je ne crois pas. C’est comme cela qu’ils m’ont fait entrer dans la chambre où était couché mon frère enveloppé dans un drap. C’est quand ils ont ôté le drap que j’ai réalisé que Dezy nous a quittés. J’ai gardé mon sang froid pendant que l’un de mes frères est sorti en pleurs », dit-il avant l’arrivée de la police scientifique et de la police judiciaire suivies d’un corbillard transportant le corps mortuaire à l’Ivosep. 

Dezy a choisi la mauvaise voie

« Resté sur les lieux, j’ai été accompagné par le député qui m’a montré le lieu où la voiture de mon frère était enfoncé dans le sable. Il y avait deux voies pour arriver chez lui. L’une des voies qui mène au domicile du cadre n’est pas bonne.  Empêché de progresser par le sable, mon frère a demandé de l’aide au député qui a dépêché quelqu’un vers lui. Il est venu avec une Land Rover qui a pu sortir la voiture de Dezy de sa position indélicate », relate-t-il avec tant d’émotion. Hélas, pendant tout ce temps, l’artiste arrêté sous un poteau voyait la réalisation des mauvais jours qu’il avait annoncés à l’église. « Il a demandé le secours des femmes d’à-côté, aidées de leurs maris, elles ont apporté un ventilateur à la demande de l’artiste. Selon notre source, l’auteur de l’album «  Orphelin »  trouvait bizarrement que le ventilateur ne soufflait pas fort.

Des signes prémonitoires, son reproche à ses amis

Dans le sérail du Champion Dezy, nombreux sont ceux qui confirment que l’artiste qui exhortait les orphelins au courage disait des choses prémonitoires. Serge ne le confirme pas. Mais, il rappelle des faits qui en disent long. « Il nous a toujours fait son signe d’au-revoir. Il nous disait qu’il ne doit plus à Dieu. Qu’il a fait ce qu’il devrait faire. C’était de construire un temple pour Dieu. Il a fait cette promesse quand il était incarcéré à la Maca. Pour lui, ce qui restait était de rassembler les chrétiens dans une église qu’il a réussi à construire. Il nous demandait de donner notre vie à Dieu. Dezy nous parlait beaucoup à certaines heures tardives », révèle son cadet. Qui déplorait, cependant, le fait que ses frères de la Sicogi ne partaient pas à l’Eglise. « Il disait qu’il n’avait pas les moyens financiers pour achever sa mission. Donc, il allait reprendre la musique en vue de conduire ses amis à l’Eglise », évoque Serge. Après son come-back à la musique à l’Internat, le dimanche avant sa mort, Dezy envisageait de se rendre à Yamoussoukro pour un autre spectacle prévu le 1er avril.

Dezy pleure et ôte son tee-shirt

Savait-il qu’il avait rendez-vous avec la mort ? Tout porte à le croire. « La semaine passée, il avait tenu une réunion avec les fidèles de son église pour leur dire qu’il ne serait pas au culte du dimanche 1er avril. Après la réunion, il était allé s’asseoir vers l’escalier, il a commencé à pleurer. Il a même enlevé son tee-shirt. Un fidèle lui a demandé ce qu’il avait. Il a répondu en disant d’être fidèle à Dieu. Et d’être fort. Et que ce qu’il voit n’est pas bon. Les jours à venir allaient être durs », informe Serge Guinon. Et de renchérir : « Il sentait sa mort venir. Il n’avait aucun problème avec quelqu’un. C’était un grand frère humble. Il approche tout le monde. Il partageait tout. Il ne mangeait pas seul.  Quand il paie la nourriture, il la mangeait à la maison avec nous. Il aimait beaucoup taquiner. Il n’aimait pas les histoires ». On ne verra plus Champion Dezy. Coup dur pour sa famille et ses quatre enfants ainsi que la grande famille du show-biz à qui nous adressons nos sincères condoléances. Adieu l’artiste !

A.D.N.