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Passionnée du théâtre depuis sa tendre enfance, Delphine Yoboué, comédienne et directrice de la compagnie Siamois Expression de Côte d’ivoire, structure organisatrice du Festival international du théâtre d'Abidjan (Fitha) , s’est prêtée à nos questions relativement à la renaissance  du théâtre ivoirien qui est dans une léthargie depuis plusieurs années. Dans cette entrevue, elle fait des propositions pour le théâtre ivoirien et  parle du Fitha qu’elle organise en novembre prochain. 

 Comment êtes-vous arrivée au théâtre ?

Rire .....C’est par pure  passion et amour

 

Pensez-vous que cet art nourrit son homme?

Pas vraiment parce que les politiques culturelles dans les pays subsahariens n'existent que sur papier.

 

Les Ivoiriens, férus du théâtre,  se sont  détournés de cet art au profil de l'humour et de la musique. Qu'est-ce qui explique cela à votre avis ?

 C'est toujours la politique culturelle. Lorsque tu prends des millions pour créer un spectacle et que tu n'as pas d’espaces pour diffuser et pouvoir entrer dans tes fonds, à quel moment pourras-tu te réaliser? C’est là tout le problème. Les comédiens se sentent parfois obligés de virer dans de l'humour ou de la musique, pour gagner leur vie au quotidien. C'est un problème crucial , et tant que nos dirigeants ne comprendront pas que la culture, c'est l'identité de tout un pays, cet état de chose continuera.

 

La politique culturelle initiée depuis 2012 par le ministre Maurice Bandaman n'est-elle pas bénéfique pour le théâtre ivoirien ?

Je ne saurais répondre à cette question. Les cadres du ministère sont mieux placés que moi pour évaluer la politique culturelle.

 

Il se raconte que le manque de productions de qualité a tué le théâtre. Partagez-vous cet avis ?

Je ne partage pas cet avis. C'est plutôt un manque d'accompagnement à l'endroit des compagnies qui est l'une des principales causes. Pensez-vous que si chaque année, des productions théâtrales sont choisies et soutenues pour faire chacune deux créations, ces dernières ne feront pas un bon travail ? C'est véritablement une question de moyens et d'accompagnement pour stimuler ce secteur et permettre aux acteurs du théâtre de vivre de leur art.

 

Alors, quelles sont vos solutions pour que le théâtre ivoirien  sorte de sa léthargie ?

Pour que la renaissance du théâtre ivoirien soit effective, il  faut que les artistes soient écoutés et accompagnés. Que les espaces de diffusion soient créés et mis en réseau pour permettre de promouvoir le théâtre sur toute l'étendue du territoire. Il faut également que les festivals de théâtre qui existent dans le pays soient véritablement soutenus, car ce sont de véritables creusets par excellence pour la promotion, la valorisation et  de  la découverte de talents.

 

Croyez-vous à la renaissance du théâtre ivoirien ?

Bien sûr. Je crois fermement que les choses vont s'améliorer. Et c'est d'ailleurs ce qui motive mon combat au quotidien.

 

Vous êtes rentrée du royaume chérifien avec 2 trophées dans votre besace après avoir représenté la Côte d’Ivoire à un festival international. Dites-nous ce qui a milité en votre faveur ? 

 

J’ai été invitée par l’association Normina culture et arts de Benguerir au Maroc. J'ai travaillé pendant un mois au Maroc sur plusieurs programmes. Premièrement, j'ai joué sur un festival de théâtre mon spectacle "le miroir des mœurs confus''. Ensuite, j'ai participé à un atelier de renforcement des capacités au profit des opérateurs, et enfin à des rencontres professionnelles où il a été question pour les femmes de présenter leurs structures et les différentes activités qui y sont menées. Et c'est à cette occasion que j'ai reçu les prix de la femme entrepreneur culturel ainsi que le prix d'honneur.

 

L’expérience acquise à l’occasion de cette expédition sera -t-elle bénéfique pour le Fitha que vous organisez le mois prochain ?

Tout à fait. En ce moment, plusieurs associations culturelles du Maroc, s'organisent pour venir soutenir le Fitha. C'est l'une des retombées fortes de mon dernier voyage.

 

Que réserve le Fitha aux Ivoiriens amoureux du théâtre en novembre ?

Le Fitha qui sera à sa 7ème édition se tiendra du 20 au 25 novembre 2017. Et cette fois-ci, ça sera à Treichville et à Agboville. Il y aura des ateliers en danse, en administration culturelle, en jeu d'acteur. Mais il y aura également des spectacles de théâtre et de danse, des soirées de contes et autres animations diverses. Le Fitha va accueillir à cet effet plusieurs pays qui sont en train de confirmer leur présence donc les Ivoiriens prendront du plaisir à nous suivre à Abidjan et à Agboville.

 

Interview réalisée par R. Konan