Côte d’Ivoire / Riviera Bonoumin (Cocody) : Le ministère de la Construction démolit un immeuble de 280 millions
Un immeuble de deux niveaux comportant vingt quatre appartements sis à la Riviera Bonoumin est-ouest et appartenant à Monsieur Guemi Bebo, fonctionnaire militaire à la retraite, a été démoli sur ordre du directeur des affaires juridiques et du contentieux du ministère de la Construction. Alors que toutes les démarches effectuées par le propriétaire en vue d’éviter un tel sort à son bien n’ont pas abouti. Pas davantage que les actions en justice ni même à la police criminelle. C’est le 11 octobre 2007 que Guemi Bebo a acquis le lot N°1672 de l’ilot N°57 bis cédé par Aoulé Ahiba Simplice. Un terrain villageois dont la cession a été certifié par Monsieur Dompé Yapi, chef de village d’Anono. Après l’attestation de cession à Anono et au ministère de la Construction, Guemi Bebo est invité à purger les droits afférents à la lettre d’attribution et à l’attestation de concession provisoire. Une fois, cette formalité effectuée, les deux documents lui sont délivrés par le ministre Marcel Amon Tanoh, ministre de la Construction, de l’Urbanisme et de l’Habitat d’alors. L’arrêté N° 08-0793 du 12 novembre 2008 du ministre Amon Tanoh, accordant la concession provisoire du lot 1672 à Guemi Bebo, lui faisant obligation en son article 2 alinéa 3 « de réaliser entièrement la mise en valeur du terrain par l’édification de bâtiments en matériaux définitifs à usage d’habitation, dans un délai de deux ans pour compter de la même date », l’acquéreur a donc fait l’armature de sa maison à deux niveaux comportant vingt quatre appartements. Tout en effectuant les autres formalités pour l’obtention du permis de construire, un document qui ne pouvait être obtenu en moins de deux ans. Contre toute attente, Guemi Bebo reçoit une mise en demeure de Monsieur Mohamed L. Dosso, directeur des affaires juridiques et du contentieux du ministère de la Construction, du Logement, de l’Assainissement et de l’Urbanisme du 24 février 2014 aux fins de procéder « à la démolition des constructions érigés par le propriétaire sans délai, faute de quoi, sur instruction de Monsieur le ministre, l’administration y procédera sous la surveillance des forces de l’ordre et aux frais de Guemi Bebo ». Muni de son attestation de cession, de sa lettre d’attribution, de son titre foncier et de son arrêté de concession provisoire, Guemi Bebo fait une protestation à mise en demeure. Dans la foulée, il se rend au ministère de la Construction pour y rencontrer le directeur des affaires juridiques. « Monsieur Dosso m’a fait poiroter dans son bureau durant près de cinq heures. J’ai également rencontré Koné P. Assetou, S/D de la réglementation et de la législation. Elle m’a demandé : vous avez tous ces papiers authentiques, si quelqu’un est plus fort que vous et qu’il veut prendre le terrain, que faites-vous? Je lui ai répondu que je ne savais pas que j’avais un rival sur mon terrain je suis enregistré au guichet unique du ministère de la Construction », raconte Guemi Bebo. En dépit de toutes ces démarches, rien n’y fit. Un jour de mai 2014 son immeuble est rasé, tous les gravas ainsi que les matériaux de construction stockés sur le site, emportés. Plus lourd reste encore le préjudice causé par cet acte. Car le terrassement, la fondation, l’élévation, l’assainissement, la plomberie, l’électricité, la serrurerie et la clôture s’élèvent à 278805941 FCFA, selon Guemi Bebo. A cela il ajoute les 14 millions de fer, 12 millions de carreaux, une bétonnière, 6 feuilles de tôle bac, un groupe électrogène et 10 tonnes de brique 10 qui ont été volés au cours de l’opération. Le propriétaire n’en revient encore pas. Encore sous le choc, il ne comprend pas que des agents, sous le couvert du ministère de la Construction, puissent détruire un immeuble d’environ 280 millions pour défaut de permis de construire alors que tous les autres documents sont en règle. Alors aussi que les démarches sont en cours pour l’obtention du permis de construire. Pour Guemi Bebo, il y a abus de pouvoir et demande le préjudice subi soit réparé.
A.K.