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L’information est tombée à la mi-journée. Jean Louis Billon jusqu’aujourd’hui président du conseil régional du Hambol est suspendu de ses fonctions. Par un arrêté pris le ministre de l’Intérieur, ministre de la Sécurité suite « à des plaintes de certains conseillers » et donc en vue de préserver un climat de paix dans la région.

 

« Cette situation est née grâce à la dissension au sein du Conseil qui met en péril son fonctionnement et est susceptibles de mettre en mal la paix et la cohésion dans la région », a expliqué le porte-parole du gouvernement à l’issue du conseil des ministres de ce jour.

 

Seulement Bruno Nabagné Koné ne donne pas les raisons profondes pour que « certains conseillers » soient amenés à se plaindre auprès de la tutelle.

Du coup, deux questions se présentent à l’analyse. Jean Louis Billon a-t-il commis une faute lourde entraînant cette sanction ? Si oui, quelle faute a-t-il commise pour qu’il soit ainsi suspendu de ses fonctions de président de conseil régional du Hambol ?

 

Or, et ce n’est un secret pour personne, l’on a appris que les élus du RDR au sein du conseil avaient demandé la départ de Jean Louis Billon pour avoir changé de parti (il a été élu sous la bannière du RDR), et ce, depuis qu’il a été nommé par Henri Konan Bédié comme porte-parole adjoint du PDCI. Alors qu’à la vérité, l’ancien maire de Dabakala a toujours été un militant du vieux parti et n’a jamais changé de formation politique.

 

Il est allé aux élections en tant candidat RDR seulement en raison des combinaisons faites dans le cadre de l’Alliance RHDP. Sur ce point, les remarques faites par un observateur de la scène politique ivoirienne sont édifiantes. 

 

« Billon a été toujours PDCI. A la faveur des dernières élections locales (municipales et régionales), le PDCI et le RDR ont fait des combinaisons. On avait des listes RHDP, des listes PDCI, des RDR. Précision : il y avait aussi des têtes de listes RDR avec des cadres issus d'autres partis. C'est ainsi que pour les conseils régionaux Gnamien Konan de l'UPCI était le candidat du RDR dans le Gbêkê, Zakpa Kobenan du PDCI était candidat du RDR dans le Loh Djiboua. Pareil pour Jean Louis Billon du PDCI, candidat du RDR dans le Hambol ».

 

Sur cette base, les membres du conseil régional du Hambol, militants du RDR étaient-ils en droit de demander la démission de Jean Louis Billon ? Ignoraient-ils que M. Billon était militant du PDCI quand ils l’ont tous suivi pour être le candidat du RHDP mais sous la bannière du RDR ? Pourquoi alors ne s’étaient-ils opposés à ce que leur parti choisisse un militant du PDCI et non un militant du RDR pour être tête de liste lors de ces élections régionales ?

 

Le ministre de l’Intérieur était-il fondé à suspendre M. jean Luis Billon de ses fonctions sur la base de ce que l’homme aurait repris sa place au PDCI ? N’y a-t-il pas là manifestement abus de pouvoir dans la mesure où il n’est écrit nulle part que lorsqu’un élu milite dans un parti autre celui sous lequel il a été élu, il doit être démis ?

 

Voilà là, autant d’interrogations sur lesquelles les Ivoiriens méritent d’être clarifiés. Mais surtout un coup dur qui vient d’être porté à la cohésion et à l’unité de l’Alliance des Houphouëtistes.

 

A moins qu’on confirme que la rupture est définitivement consommée.

A.K.