Univ Man.jpg

Ce lundi 16 juillet 2018, le village de Kassiapleu a connu une ambiance surchauffée. Des propriétaires terriens se sentant lésés dans la purge de leurs droits coutumiers, ont manifesté bruyamment.

 

« Nous avons perdu beaucoup de chose dans cette histoire d'indemnisation. Nous avons perçu 200f pour un m2. Pourtant ailleurs, les gens reçoivent plus que nous avons reçu. Nous nous sommes plaints et il était question que 400f comme reliquat nous soient reversés. Ce qui veut dire que le m2 devait être à 600f. Depuis plusieurs mois, nous sommes dans l'attente et pour cela nous avons eu beaucoup de rencontres avec le corps préfectoral et la chefferie traditionnelle qui n'ont rien donné », raconte Dosso Dro Anatole, porte-parole des propriétaires terriens lors d'un entretien avec la presse. Poursuivant, Dosso Dro Anatole explique que c'est suite aux nombreuses rencontres infructueuses, qu'ils ont décidé de rentrer en grève ce jour, ce conformément à la loi. « Des courriers ont été envoyés à toutes les autorités de la ville. Nous avons barré la voie d'accès à l'université pour empêcher que les travaux se poursuivent. Nous avons été surpris de voir les forces de l'ordre nous charger avec du gaz lacrymogène et des matraques. Dans leur volonté de nous tuer, puisqu'ayant eu l'autorisation du préfet de la région et du chef Gué Pascal, les forces de l'ordre sont même rentrées dans des maisons pour frapper des femmes et blesser des jeunes. Certains de nos enfants et femmes ont fui pour se réfugier en brousse. Nous enregistrons 3 blessés, 4 personnes mises aux arrêts dont un étudiant et plusieurs téléphones arrachés ».

Pour lui, ces actes ne font qu'indigner la population. « Nous sommes indignés du comportement de nos autorités. Nous parlons du préfet, du roi Gué Pascal et du chef canton Gonce Pierre. Ce sont eux qui ont envoyé les gens nous frapper. On veut le développement, c'est pour cette raison que nous avons accepté de donner nos terres. Mais que les gens sachent que nous ne sommes pas faibles encore moins analphabètes pour nous traiter de la sorte. Si rien n'est fait, on ira sur le terrain et c'est sur nos cadavres qu'ils achèveront de construire l'université. Nous ne sommes pas contents du tout de la situation », a lancé Dosso Dro Anatole.

Soro Kayaha Jérôme, préfet du Tonkpi que nous a rencontré, soutient que l'Etat ivoirien reste devoir 400f par m2 aux propriétaires terriens. « Il est question de payer encore 400f par m2 aux ayants droits. Nous avons tout transmis à la hiérarchie. Nous avons demandé aux villageois de patienter. D'où vient cette histoire de grève. Je ne suis pas dans ça et tous ceux qui seront arrêtés seront poursuivis pour trouble à l'ordre public », prévient Soro Kayaha.

Le représentant de la chambre des rois et chefs traditionnels, Gué Pascal joint par téléphone désapprouve la démarche des siens. « Je ne suis pas d'accord avec mes parents de Kassiapleu. S'il y a quelqu'un qui doit être trop chaud dans cette histoire, c'est bien moi. J'ai la plus grande superficie cédée. Le préfet a bataillé pour que la purge soit revue à la hausse et c'est lui et moi qu'on salit. Je ne suis pas d'accord et je soutiendrai l'administration dans son combat. En plus le ministère est confié à notre fils Mabri Toikeusse. Nous avons un interlocuteur direct, pourquoi se précipiter pour accueillir notre propre enfant avec des problèmes. Nous devons aller doucement et je sais que ce qu'on nous doit, nous sera restitué. Que les gens restent calmes et tout ira bien. Ce n'est pas dans le  désordre que nous aurons gain de cause », a conseillé Gué Pascal. Quand nous quittions Kassiapleu, les forces de l'ordre étaient toujours postés à l'entrée du l'université.  Quant aux villageois, ils projettent de revenir à la charge.

Olivier D. Correspondant Régional