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Récemment à Bouaké aux côtés du chanteur S. Kelly, l’artiste chanteur Basile Kadjané rebaptisé Kessi Kadja, est inconsolable après la disparition de son ami et frère. Son émotionnel témoignage en dit long sur la vie du fils d’Abla Pokou, décédé à Bouaké, le mercredi 25 août 2021.

Comment avez-vous appris la mort de S. Kelly ?

Il m'est vraiment difficile de débiter quelque parole que ce soit sur le rappel à Dieu de mon ami et frère Skelly que j'appelais affectueusement Cisco de la Wéta et lui m'appelait Bob. Nous sommes des amis d'enfance. Nous avons grandi ensemble à Bouaké Gonfreville. Il y a seulement une semaine de cela que j'ai quitté la Gonfreville où j'étais en congé avec ma petite famille. Nous étions toujours ensemble. Nous sommes liés par l'amour de la musique. C'est un ''génie''. Il est fort. J'ai appris son décès comme tout le monde. Je suis donc aussi surpris que vous. C'est vrai que lorsque je le quittais, il était quand même souffrant mais rien ne laissait présager que ce mal l'emporterait si vite.

Il a porté nombreux artistes au-devant de la scène musicale avec ses interventions hors du commun ; son grand frère Eddy avec qui il s'entendait très bien avant les petites brouilles, Claire Bailly avec son ''Bobaraba'' pour ne citer que ceux-là... et son opus ''Konami" qui a fini par convaincre tous les mélomanes du Coupé-décalé...

Quelles ont été vos réalisations avec lui ?

A notre rencontre, il avait décidé de booster la production de mon album. Il y a même un morceau qu'il a carrément chamboulé dans son petit studio à la maison en y apportant sa petite touche... En dehors des buzz, c'est cela aussi l'homme. Chacun a sa touche particulière qui fait de lui ce qu'il est. Il était un homme sociable et bien à vivre.

Malgré cela, Skelly était traité de fou, d’artiste iconoclaste… Qu’en dites-vous ?

Je dirais plutôt que tout le monde se trompe sur le compte de mon frangin Cisco. Au contraire, il est tout à fait le contraire du fou. Intelligent, il avait les idées claires comme de l'eau de roche. Il disait tout haut ce que les gens pensaient tout bas. Il n'était pas hypocrite et il s’exprimait avec les mots. Je ne suis pas le seul à avoir suivi ses interventions sur les réseaux sociaux. Par moment, il exagérait mais je vous assure, l'homme n'était pas loin des philosophes... Révisionnez ses posts. Ne disait-il pas que la mort est le fils de la vie ? Il me disait souvent que quand on naît, c'est pour mourir un jour. Il n’y a pas de remède contre cela. Il y a des remèdes contre les maladies mais pas contre la mort. Les remèdes retardent juste la mort mais ne l'empêchent pas. Un homme comme ça, vous pensez qu'il est fou ? Nous étions convenus de boucler mon album même s'il fallait le faire de single en single...

Vos plus beaux souvenirs de lui…

Les souvenirs, il y en a tellement que je ne sais plus. Nous avons grandi ensemble, galéré ensemble, commencé la musique ensemble. Il avait son style, moi le mien. Talentueux, il était, il a su profiter des circonstances de la vie, il a saisi sa chance et puis il a volé aisément vers là-haut... Aujourd'hui, il est parti pour là-haut. Je pense qu'il est heureux là où il est... Il savait ce qu'il faisait. Paix à son âme.

Entretien réalisé par

Aimé Dinguy’s N.