Côte d’Ivoire / Crise d'électricité : L'horizon commence à nouveau à s'assombrir
Les autorités ivoiriennes, circonspectes, se terrent, pour le moment, dans le silence.
Mais, le distributeur de l'électricité, la Compagnie ivoirienne d'électricité (CIE), a vaguement pris les devants. Dans un communiqué en date du 19 avril 2024, elle a signalé des "incidents techniques sur des ouvrages électriques".
L'Union des grandes entreprises industrielles de Côte d'Ivoire (UGECI, 45 mille employés et deux mille milliards de nos francs de chiffre d'affaires) a également rompu le silence. Inquiète face à la crise de l'électricité qui pointe du nez, elle a officiellement saisi Diarrassouba Souleymane, ministre du Commerce et de l'Industrie.
En effet, la situation n'est pas, pour l'instant, alarmante, mais elle s'avère préoccupante. Depuis plusieurs semaines, si les coupures de courant dans des quartiers et villes sont marginales, les 180 entreprises industrielles environ du pays subissent systématiquement un rationnement, pour ne pas dire délestage, aux heures de pointe. Avec une baisse des activités et des rendements.
De sources concordantes, deux grosses machines de production d'électricité à la centrale thermique d'Azito (qui produit entre 25 et 30% de l'énergie nationale avec une capacité installée de 460 MW) sont en panne. Et comme un malheur n'arrive jamais seul, des machines de la Compagnie ivoirienne de production d'électricité (CIPREL, avec une capacité installée de 556 MW) connaissent aussi des avaries.
Conséquence, alors que l'énergie thermique, fournie principalement par ces deux partenaires privés de l'État, représente 75% de la production totale d'énergie électrique de la Côte d'Ivoire (2.548 MW en 2022), les défaillances actuelles d'Azito et CIPREL font manquer entre 20 et 25% d'électricité sur le réseau.
Par conséquent, cette situation crée d'énormes perturbations et constitue un coup terrible pour l'économie nationale et un coup dur pour les entreprises industrielles. Les techniciens sont à l'oeuvre et donneraient un trimestre pour remédier aux désagréments.
En attendant, les industriels réfléchissent à un planning d'acquisition notamment de groupes électrogènes pour pallier les coupures d'électricité de plus en plus prolongées. Avec pour incidence, la hausse du prix des produits manufacturés. Comme en 2021.
Car pour équilibrer un secteur électrique largement déficitaire, l'État a augmenté les factures d'électricité mais doit apurer sa lourde dette due aux fournisseurs privés d'électricité.
Une contribution de F. M. Bally