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Avec la sortie de son 13ème opus de 16 titres estampillé « la légende », Frédéric Ehui Meiway et son orchestre le Zo gang se préparent à offrir une fin d’année  de gaieté aux mélomanes. Au bercail pour un double concert prévu les 7 et 14 décembre prochain à Abidjan, « l’albatros » a marqué une pause de vol. Il se vide.

 

L’agenda culturel du Zo Gang est marqué par une série d’activités. Pouvez-vous nous en dire plus ?

On est en 2019 et vous remarquerez que ma carrière a commencé en 1989. Cela fait 30 ans de carrière musicale.  Ma team a souhaité fêter cette étape. 30 ans, ce n’est pas rien. Nous voulons marquer le coup en célébrant cette fête. Pour la circonstance, on a initié plusieurs évènements. Le premier est la sortie du nouvel album. Le 13e de ma discographie. Un album de 16 titres inédits qui est sorti il y a à peine trois semaines.  Il y a aussi un pagne à mon effigie qui va être commercialisé. Il sera distribué partout. La troisième étape est une célébration de proximité. Nous irons à la rencontre de nos fans. En communiant avec eux par scènes interposées. Les 7 et 14 décembre prochains à Abidjan, il y a aura deux concerts respectivement à la patinoire de Sofitel hôtel Ivoire et au palais de la Culture de Treichville pour le grand  bal. Pour les étapes à venir, je souhaiterais sillonner la Côte d’Ivoire profonde.

 

Pourquoi le choix du 7 décembre ?

On aurait pu choisir le 7 août. Etant « houphouetiste », je respecte la mémoire de notre père-fondateur. La seule façon de le matérialiser est de respecter sa volonté. Avant que le Président Félix Houphouët-Boigny ne quitte ce monde, la fête avait été antidatée. La fête de l’indépendance a été ramenée au 7 août. Le père est décédé le 7 décembre 1993.  Il y a autant de dates qui m’ont marqué. Mais cette date en particulier est restée dans ma mémoire. En vrai « houphouetiste », je voulais le manifester. Je l’avais déjà fait avec mon album Apolo 95, dans le morceau intitulé Nanan.  Cette chanson sera exécutée pour la circonstance.  On a aura une pensée pour le père-fondateur.

 

Pour votre spectacle Vip, le ticket revient à 100.000 fCfa, avez-vous de l’assurance quant à l’écoulement de ces billets d‘entrée?

 Le spectacle se déroulera à l’hôtel Ivoire. Nous avons souhaité offrir  le maximum au public qui en a les moyens.  Il y a plusieurs classes sociales en Côte d’Ivoire. J’ai des fans dans toutes les classes. Pour ceux qui ont les moyens, l’hôtel Ivoire est l’endroit indiqué.  Le public aura droit à un dîner-gala. Il y aura à boire et à manger. Le champagne sera sablé. Cela a un prix. Il y aura un libre-service, une tombola, une exposition sur toute ma carrière. Sans oublier, le spectacle en lui-même. Le Zo Gang au grand complet sera en attraction. Pour la petite histoire, j’ai intitulé mon album « la légende » pour mourir vivant. Plutôt qu’à titre posthume. Pour ceux qui ont les moyens d’investir pour mes obsèques, je pense qu’ils doivent m’honorer maintenant. Si on estime que j’ai fait assez pour mon pays, c’est le moment de se manifester. Je pense que pour eux, 100.000 fCfa, ce n’est rien. Je suis une « Rolls rolls », donc ça coute le prix (rires).

 

Vous semblez avoir tiré beaucoup de leçons après les obsèques d’Arafat Dj, n’est-ce pas ?

Je ne suis pas déçu des hommages rendus à Arafat Dj. Il aurait dû recevoir des hommages de son vivant. On aurait pu éviter cela.  Il n’y a pas que lui. Cela été les cas des humoristes, des chanteurs, des comédiens, des musiciens, des écrivains etc. Ils sont morts dans la misère. Ils ont été honorés le jour de l’ultime séparation. Cela m’a interpellé. C’est mon coup de gueule pour réveiller les consciences. Quand on aime, il faut dire à la personne qu’on l’aime.  Quand on le fait à titre posthume, cela n’a pas de sens.

 

Que vous inspire l’oiseau « albatros » qui signe son retour avec « la légende » ?  

Je suis l’albatros depuis plus de 15 ans. Cet oiseau à la majestueuse façon de survoler le large des océans.  C’est un oiseau libre qui dégage une puissance par la grandeur de ses ailes. J’ai été toujours impressionné par sa liberté. J’ai donc cette liberté de m’exprimer.

 

30 ans de constance professionnelle, comment expliquez-vous cette longévité ?

C’est un métier que j’aime. J’ai appris le métier. Il faut être toujours à mesure de proposer des nouveautés. Eviter surtout d’offrir du réchauffé aux mélomanes. C’est ce que j’essaie de faire. Je me remets toujours au travail pour éviter la routine. Je ne veux pas dormir sur mes lauriers. Pour rester célèbre, il faut continuer à travailler. C’est la raison pour laquelle je me suis imposé cette constance qui me permet de mieux servir mes fans dans les albums et non pas dans les singles. C’est ma façon de démocratiser ce que je fais. Quand on propose un single, on évolue vers la dictature. Ce n’est pas la meilleure façon de composer avec ses fans. Je propose 16 titres à mes fans. Avec des morceaux variés au choix. Au moins, sur l’un des titres vous allez trouver pour votre coup de cœur.

 

Peut-on confirmer que Meiway est au sommet de votre talent ?

Je pense que je n’atteindrai jamais le sommet. Je suis un perfectionniste.  Je me remets toujours en question pour être performant. Le monde évolue avec les nouvelles technologies.

Où en êtes-vous avec le procès contre la maison de téléphonie congolaise accusée d’avoir utilisé l’une de vos chansons pour sa publicité?

Cette affaire avec la maison de téléphonie congolaise m’embête un peu.  C’est un pays qui est si loin de la Côte d’Ivoire. En Afrique centrale. Je ne maîtrise pas les réalités de cette affaire. Quand elle a éclaté, j’ai pris un avocat sur place pour simplifier les choses. Cela allait me revenir plus cher si je devais le prendre ici. L’affaire suit son cours. Je ne peux pas vous donner des précisions étant donné que je suis à distance. Les dernières nouvelles remontent, il y a quelques mois. Quand vous n’êtes pas sur place, ce n’est pas évident d’avoir les bonnes informations. Mon seul référent, c’est mon avocat. J’attends toujours des nouvelles.

 

L’affaire du chanteur Héritier Watanabé défraie la chronique via les réseaux sociaux. Vous sentez-vous aussi sollicité par ces femmes attirées par les mignons artistes ?

Est-ce qu’on peut repousser ces femmes ? La chair est faible. Dieu n’a pas donné tout cela par hasard. Il a fait la femme et l’homme pour se compléter.  Quand on peut s’abstenir, c’est tant mieux. J’ai écouté des versions sur cette affaire. Je ne me vois pas en train de faire comme eux. Je ne sais pas m’exposer. Je suis quelqu’un de très discret. Je ne veux pas utiliser les réseaux sociaux pour paraître. J’y suis pour des questions strictement professionnelles.  Par exemple, je communique sur mes évènements. Je ne viendrai jamais exposer mon intimité via les réseaux sociaux. Ce qui est le cas dans cette affaire.  Comment peut-on utiliser un smartphone pour se filmer en pleins ébats sexuels.  Quand vous faites cela, il ne faut pas être surpris. Cela peut vous échapper au profit du buzz. Je n’ai pas été éduqué de cette façon. Je ne ferai pas cela.

 

Pourtant l’on raconte que vous aviez été violé par les mères de vos enfants …

Rires. C’est imaginé. Je n’ai jamais été violé dans ma vie par une femme.  C’est une façon de dire qu’on peut reprocher à un homme d’avoir tant d’enfants. J’ai 11 enfants. Ce qui étonne de nombreuses personnes. C’est parce qu’il y a eu des interlocutrices qui ont composé avec moi. La naissance d’un enfant est à 75% de la femme. Les 25%, c’est le mec qui fait un coup en passant. Si la femme ne veut pas que l’enfant naisse, c’est elle seule qui décide. J’ai eu la chance d’avoir des femmes qui avaient envie de fonder quelque chose avec moi. C’est ce qui a donné ces 11 enfants que j’ai reconnus. Je les éduquerai toujours pour qu’ils soient des exemples.

 

Vos sentiments sur la fête de l’Abissa qui a connu des secousses, l’an dernier et qui ouvre ses portes cette année…

On dit souvent que l’homme propose Dieu dispose.  Mais en l’occurrence pour la fête de l’Abissa, l’homme propose, les esprits disposent. L’Abissa est une fête sacrée, mystérieuse, mystique. (Il ralentit le ton). Quand les génies sont fâchés, il faut savoir leur demander pardon.

 

Vous êtes aussi un « génie » en colère ?

Vous comprenez que je sais de quoi je parle. Il faut demander pardon aux génies.  Jusque-là, ce n’est pas encore fait à mon avis. Le vœu de tout N’zima est que l’Abissa survive. Je le souhaite pour cette année après les inondations qu’on a vécues. Je pense qu’il y a un apaisement qui est en train d’être observé.  Il y a une prise de conscience. Il y a des solutions avec les travaux de l’embouchure.  Il était temps. Les esprits ont le dernier mot.

 

En tant que « houphouetiste », quel regard jetez-vous sur la situation qui prévaut entre les autres fils et filles du Président Houphouët-Boigny ?

Je ne vais pas m’ériger en donneur de leçons. Je ne suis pas parfait. Je suis un citoyen comme tout le monde. Et qui est parfait en Côte d’Ivoire ? Je ne sais pas qui n’est pas houphouetiste en Côte d’Ivoire. Même Laurent Gbagbo est houphouetiste. Il cite toujours en exemple Houphouët. Après son décès. C’est pour cela que je ne veux pas qu’on me rende hommage à titre posthume.  Houphouët n’est plus, il est devenu un exemple pour tout le monde. Même pour l’opposition. On est donc tous houphouetistes en Côte d’Ivoire.  Si on estime que nous sommes tous des fils d’Houphouët, nous devons nous unir pour notre pays. Nous devons parler le même langage. Houphouët est notre guide, c’est lui notre père. On doit fonctionner de la même façon, d’un parti à un autre. Nous devons travailler ensemble surtout. Ce qui n’est malheureusement pas le cas.

Entretien réalisé par

Aimé D. N.