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Inspecteur principal option éducation, Ferdinand Kadjané est titulaire d’une maîtrise d’allemand C2 option civilisation. Auteur de 3 œuvres littéraires « L’Affaire N’doli », « Le mariage d’Adjoba » et « Ça passe ou ça casse », parues aux éditions Plume habile, cet écrivain adulé par les élèves aborde avec passion son actualité. 

Qu’est-ce qui fait courir le germaniste dans le domaine de l’écriture ?

La culture n’a point de frontière. Si vous remontez le cours de l’histoire, vous verrez que des scientifiques ont été de grands écrivains. Ici, je fais allusion à notre illustre écrivain Camara Nangala. Il est professeur de mathématiques. Il fait partie des plus belles plumes du pays. La littérature est comme un petit talent tapi en nous. Avec le temps et la collaboration des autres, cela éclot un bon matin. Depuis le collège on s’amusait à écrire des petites choses. De fil en aiguille, j’ai compris que je pouvais mettre à la disposition des autres ce que j’ai écrit. Je me posais des questions, pourquoi laisser toutes ces potentialités disparaitre ? C’est comme un coup d’épée dans l’eau. Il y a bien longtemps que j’ai commencé à écrire. J’ai d’autres œuvres dans les maisons d’édition. Dieu faisant, elles pourront paraître pour le bonheur des lecteurs.

De quoi est-il question dans votre dernière œuvre « Ça passe ou ça casse » ?

Cette œuvre inspire beaucoup de choses. Même quand vous cachez l’image de la couverture, le titre est compréhensible. Il est évocateur. Et quand vous laissez le titre pour l’image, c’est pareil.  Ce sont les choses de la vie. Bosser dur pour prendre des décisions qu’il faut au moment donné. Pour résoudre les problèmes. Si vous n’avez pas pris les bonnes décisions, ça ne passe pas. Donc ça casse. L’œuvre nous enseigne à poser des actes positifs pour avancer dans la vie. C’est une belle petite réelle histoire triste qui est évoquée dans le roman. Les infidélités notoires entre l’homme et la femme. Très souvent, le retour de la médaille est négatif. Le livre propose des ingrédients pour éviter d’arriver au pire.

 

Pourquoi caricaturez-vous l’œuvre avec l’image d’une femme tenant une arme, un objet fatal ?

Mes proches m’ont toujours taxé de féministe. Mes trois premières œuvres sont illustrées par des femmes. Je suis né d’une femme, d’une mère. C’est normal que je rende hommage à ma génitrice. C’est la moindre des choses. Mais une femme qui a des larmes, tenant un pistolet symbolise un coup dur. C’est un double coup fourré. On se pose la question qu’est ce qui n’a pas marché pour qu’elle puisse se comporter ainsi. On peut répondre qu’elle a un gros souci. Tenir un revolver peut insinuer un cas de légitime défense pour porter un coup fatal à quelqu’un. On peut penser à une femme qui a d’énormes problèmes qui n’en peut plus. Au bout du compte, elle se suicide, où elle met fin à la vie de celui qui lui a créé tous ces problèmes. Ce sont les deux solutions. Mais je pense qu’il faut parcourir l’œuvre pour voir que la solution n’est pas seulement le coup de feu qui part. Au final, il y a un dénouement pour garder sa dignité, ce qui n’a pas marché.

L’on remarque un engouement des élèves lors de vos activités. Comment expliquez cette mobilisation autour de vous ?

On n’est jamais prophète chez soi. Il y a 17 ans que je travaille au lycée des jeunes filles de Yopougon. Je côtoie les élèves. Je ne suis pas professeur de français, mais avec l’écriture, je suis avec les enfants dans les classes.  A des heures de récréation, je passe les voir pour leur apprendre de petites histoires que j’ai écrites à la veille. Elles sont habituées. Quand elles ont appris que j’avais une dédicace, elles ont trouvé normale de venir me soutenir. Elles sont venues voir l’écrivain et non l’inspecteur d’éducation. Elles venaient à la rencontre de l’écrivain. J’ai pour vocation de susciter le goût de la lecture chez l’enfant. Le goût de la lecture est l’un de mes objectifs. C’est aussi la vision du président de l’Aeci (Ndlr : Association des écrivains de Côte d’Ivoire), Macaire Etty. Nous avons constaté que le blason qui couvrait le livre est devenu sombre avec les nouvelles technologies. Je ne dis pas que les Tics sont mauvaises. Mais on constate que les Ivoiriens lisent de moins en moins.

Peut-on dire que les supports numériques font écran aux livres physiques ?

On peut lire le support numérique mais il n’a pas la même valeur qu’avoir le document physique en main. Le document physique est un bien que vous tenez.  On peut le garder dans une bibliothèque à la maison. Vos enfants peuvent hériter de cela plus tard. Il n’y a jamais de vieux livres. Le livre est universel. La lecture est toute une vie. Le livre est à l’esprit ce que l’oxygène est aux poumons. Le livre doit faire partie de la vie des élèves.  Si les élèves s’y mettent, vous allez voir que leur niveau va prendre un envol. 

Pourquoi tant d’honneur à la femme dans votre parcours littéraire ?

Ce que ma mère a fait est grandiose. Mettre un enfant au monde est divin. Il faut rendre cet honneur immense à la femme. Il faut célébrer les mères tous les jours. J’a le même respect pour toutes les mères.

Existe-t-il véritablement des plateformes pour la promotion du livre en milieu scolaire ?

A travers une certaine forme de communication, le ministère de l’éducation nationale doit montrer aux enfants que le livre a une place importante dans la vie. Il faut aussi qu’il y ait l’ouverture des bibliothèques dans chaque établissement. Il faut les équiper. Il faut des animateurs pour les rendre vivants. Nous souhaitons que l’Aeci soit doté d’un digne siège. C’est une institution. Donc une affaire d’Etat.

Entretien réalisé par

Aimé Dinguy’s N.