Côte d‘Ivoire / Lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants : les premières dames ivoirienne et ghanéenne s’engagent
Nous,
Première Dame de la République de Côte d’Ivoire et Première Dame
de la République du Ghana,
1 Rappelant les liens historiques d’amitié et de fraternité qui existent entre nos deux peuples;
2 Considérant le traité d’amitié et de coopération signé entre nos deux Etats le 08 Mai1970;
3 Profondément préoccupées parl’ampleur du phénomène de la traite transfrontalière des enfants à des fins d’exploitation de leur travail en Afrique de l’Ouest, notamment dans les secteurs de l’agriculture, des mines, du commerce, de la pêche, de l’artisanat, du travail domestique et de la mendicité;
4Dénonçantavec fermeté le fait que ceux qui se livrent à la traite des enfants, profitentde la vulnérabilité sociale et économique des familles et des enfants dans le but de les exploiter en ayant recours à la force, à l’enlèvement, à la fraude ou à la tromperie;
5Affirmant sans réserveque la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants constituentdes activités criminelles et des atteintes intolérables aux droits des enfants, mettant en péril leur plein épanouissement et leur survie;
6 Réaffirmantleurattachement aux instruments juridiquesrégionauxet internationauxpertinents, notamment:
- la DéclarationUniverselle des Droits de l’Homme de 1948;
- la Convention n° 29 de l’OrganisationInternationale du Travail (OIT) sur le travail forcé de 1930 et son protocoleadditionnel de 2014;
- la Convention n° 138 de l’OrganisationInternationale du Travail, (OIT) relative à l’âge minimum d’admission à l’emploi de 1973;
- la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfant de 1989;
- la Convention n° 182 de l’OrganisationInternationale du Travail (OIT) concernantl’interdiction des piresformes de travail des enfants et l’actionimmédiateenvue de leurélimination de 1999;
- la Convention des Nations Uniescontre la criminalitétransnationaleorganisée et son Protocoleadditionnelvisant à prévenir, réprimer et punir la traite des personnes, enparticulier des femmes et des enfants de 2000 (Protocole de Palerme);
- le Protocoleadditionnel se rapportant à la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfantconcernant la vente d’enfant, la prostitution des enfants, la pornographiemettanten scène des enfants de 2000;
- le Protocoleadditionnel se rapportant à la Convention des Nations Unies relative aux Droits de l’Enfantconcernantl’implicationd’enfantsdans les conflitsarmés de 2000;
- la CharteAfricaine des Droits et du Bien-être de l’Enfant de 1990;
- l’Accordmultilatéral de coopérationenmatière de luttecontre la traite des enfantsenAfrique de l’Ouestsigné par les représentants des gouvernements de 10 pays d’Afrique de l’Ouest le 27 juillet 2005;
- l’Accord de coopérationrégionale de luttecontre la traite des personnes, enparticulier des femmes et des enfantsenAfrique de l’Ouest et du Centre, signé à Abuja en 2006;
7Rappelant la Déclaration A/DCL2/12/01 des Chefs d’Etat et de Gouvernement des Etatsmembres de la CommunautéEconomique des Etatsd’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) sur la luttecontre la traite des personnesadoptéeensa 25èmeconférenceordinaire les 20 et 21 décembre 2001 à Dakar;
8Rappelant l’objectif ducadre d'action du Protocole Harkin et Engel visant à réduire à l’échéance 2020 de 70%, les pires formes de travail des enfants dans les secteurs du cacao en Côte d'Ivoire et au Ghana;
9Considérant la cible 8.7 des Objectifs de Développement Durables (ODD) 2015-2030 qui appelle à prendre des mesures immédiates et efficaces pour supprimer le travail forcé, mettre fin à l’esclavage moderne et à la traite des êtres humains, interdire et éliminer le travail des enfants sous toutes ses formes, y compris le recrutement et l’utilisation d’enfants soldats;
10Reconnaissantles efforts de la communauté Internationale dans l’appui des initiatives de nos deux pays en matière de lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants ;
11 Considérant notre volonté commune, manifestée lors de la visite officielle du Président de la République du Ghana, SEM John Dramani MAHAMA et son épouse, Madame Nana LordinaDramani MAHAMA, en Côte d’Ivoire les 1er et 2 juin 2016, de nous rencontrer les 12 et 13 septembre 2016 à Abidjan, en vue d’une concertation sur la stratégie commune à mettre en œuvre pour soutenir les efforts de nos gouvernements dans la lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants dans nos deux pays.
Déclarons solennellement :
- notre solidarité et notre ferme volonté à soutenir les efforts déployés par nos deux Etats pour l’élimination de la traite transfrontalière et des pires formes de travail des enfants;
- notre engagement à conduire des plaidoyers auprès des Premières Dames de la sous-région ouest africaine, afin d’obtenir leur implication dans les actions de lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants;
- notre soutien à toutes les actions susceptibles de contribuer à l’éradication du phénomène de la traite transfrontalière et des pires formes de travail des enfants dans nos deux pays notamment en matière de prévention, de protection, de répression et de suivi-évaluation.
Au titre de la Prévention, encourageonsles Parties prenantes à :
a) renforcer le cadre législatif et réglementaire relatif à la lutte contre latraite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants;
b) renforcer leur coopération en matière de lutte contre la traite et les pires formes de travail des enfants à travers la signature urgente d’un Accord bilatéral;
c) poursuivre et intensifier leurs efforts dans la lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants dans tous les secteurs d’activités notamment l’agriculture, les mines, le commerce, la pêche, l’artisanat, le travail domestique et la mendicité;
d) renforcer les actions de sensibilisation et de communication dans nos pays respectifs en vue de susciter une prise de conscience nationale et sous-régionale sur les dangers de la traite transfrontalière et des pires formes de travail des enfants.
Au titre de la Protection,encourageons les Parties prenantes à :
a) poursuivre leurs efforts en vue de l'accès des enfants à une éducation de base gratuite et de qualité y compris la formation professionnelle;
b) renforcer la qualité des services de prise en charge des enfants victimes de traite transfrontalière et de pires formes de travail des enfants;
c) renforcer les mesures de protection relatives à la sécurité et à la santé au travail;
d) renforcer les moyens de subsistance des ménages vulnérables;
e) renforcer l’accès des femmes aux activités génératrices de revenus en vue de leur autonomisation.
Au titre de la Répression, encourageons les Parties prenantes à :
a) renforcer les actions de coopération de police et de gendarmerie entre les deux Etats notamment des opérations de police conjointes ;
b) promouvoir la coopération judiciaire.
Au titre de la Coopération, du Partenariat et du Suivi-Evaluation,encourageons les Parties Prenantes à :
a) concevoir et mettre en œuvre un système de suivi et d’observation du travail des enfants dans les deux Etats;
b) mettre en place un comité permanent de suivi des actions de lutte contre la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants dans les deux pays;
c) définir des indicateurs communs de mesures du travail des enfants pour les futures enquêtes;
d) établir des listes harmonisées des travaux dangereux interdits aux enfants et des travaux légers autorisés aux enfants;
e) partager les bonnes pratiques en matière de prise en charge et de suivi du travail des enfants;
f) mettre en place ou renforcer les mécanismes nationaux et bilatéraux de prise en charge des enfants victimes de la traite transfrontalière et des pires formes de travail des enfants;
g) mutualiser les efforts pour le renforcement des capacités des acteurs;
Invitonsles partenaires techniques et financiers à intensifier leurs efforts dans la mise en œuvre des actions visant à éliminer la traite transfrontalière et les pires formes de travail des enfants ;
Appelonstoutes les parties prenantes notamment les familles, la société civile, les partenaires sociaux, les élus à une vigilance accrue car c’est ensemble que nous relèverons le défi de l’élimination de la traite transfrontalière et des pires formes de travail des enfants.
En foi de quoi, nous, Première Dame de la République de Côte d’Ivoire et Première Dame de la République du Ghana, avons signé la présente Déclaration.
Fait à Abidjan, le 13 septembre 2016
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