Côte d’Ivoire / Conflits fonciers à Grand-Bassam : 2 faux témoins enfoncent le Roi de Moossou
Le procès du ‘’faux et usages de faux’’ intenté par le chef du village de Modeste contre Nanan Kanga Assoumou Pierre, Roi des Abourés Ehê de Moossou et ses notables, connaîtra son terme mercredi 22 juin 2016 selon le Juge qui en a ainsi décidé, mercredi dernier 08 juin.
A l’audience de ce jour prévue pour vider le délibéré, les Avocats du plaignant, Nanan Konney Ahoua Simon, le chef de Modeste, se sont appuyés sur des éléments du mémoire produit par les prévenus pour démontrer la pertinence du procès, et démonter les arguments des prévenus. Alors que Jean-Baptiste Bognini et Watta Bogui, les deux co-prévenus du Roi de Moossou (convoqué mais absent depuis le début du procès) ont bel et bien écrit dans ce mémoire que le plaignant est signataire d’une convention de reconnaissance de son assujettissement au royaume, prouvé par le procès verbal qui a sanctionné une rencontre en 2002, à la cour royale de Moossou, quelle n’a été la surprise du Tribunal d’entendre qu’il s’agissait plutôt d’un homonyme, cousin du chef de Modeste qui résiderait au Ghana. Aussi, le Juge attendait-il l’arrivée de ce dernier, comme promis par les prévenus au cours d’une audience antérieure. Flanqué d’un autre, le témoin se faisant appeler ‘’Konney Ahoua Simon’’ a eu toutes les peines pour démontrer sa filiation. Tout comme le deuxième témoin, ‘’Boua Kouao’’. Appelé à nouveau à la barre, Nanan Konney Ahoua Simon, le vrai, a reconnu ce témoin comme étant un de ses cousins, fils de sa tante et de Kouamé Koffi, son défunt père. Né après des jumeaux, son vrai nom à l’état civil a été (avant qu’il ne devienne Konney Ahoua Simon pour les besoins de la cause) Koffi Alima pendant plusieurs années, ainsi que le veut la tradition N’Zima, leur communauté, reconnu du reste comme tel par le jeune Kouamé Sylvain, fils de feu Koffi Kouamé, le défunt frère aîné du faussaire. Par ailleurs, le nom de ce dernier ne figurant pas sur l’acte de notoriété produit par le plaignant, établi en 2013, et qui donne la liste exhaustive de ses frères et sœurs, comment pouvait-il raisonnablement représenter la famille Konney à une si importante rencontre à la cour royale de Moossou. Qui plus est, il l’a fait de son propre chef, sans mandat du chef de Modeste, détenteur d’un arrêté de nomination en qualité de chef de son village depuis l’an 2000. En plus, les noms des deux prétendus témoins ayant indûment agi au nom de Modeste sont en manuscrit sur la liste de présence sanctionnant la réunion de 2002, contrairement à ceux de tous les autres participants, dactylographiés. Autant d’éléments que les Avocats du plaignant ont relevés, sous le regard ébahi de leurs confrères de la défense.
Le procès en cours fait suite à plusieurs conflits fonciers, avec mort d’hommes dans le village de Modeste et la destruction de biens meubles et immeubles de milliers de propriétaires. Se prévalant de ce procès verbal de réunion tenue à son domicile en 2002 et la liste de présence qui l’accompagne, Nanan Kanga Assoumou Pierre a signé des milliers d’attestations villageoises pour des acquéreurs de terrains, parfois des hectares. Le nom du faux ‘’Konney Ahoua Simon’’ alias Koffi Alima figurant sur cette liste, les co-accusés n’avaient plus aucun effort à fournir pour convaincre les demandeurs de terrains à Modeste que le vrai Konney Ahoua Simon avait fait allégeance au royaume de Moossou. Et le tour était joué. C’est ainsi que plusieurs acquéreurs, projets immobiliers sous l’aisselle pour les ‘’gros bonnets’’, ont fait détruire des maisons au bulldozer, avec brutalité et humiliation des populations qui ont tout perdu depuis plus de dix ans.
AK