Côte d’Ivoire / Eric Ané, commissaire général du Festagni : « Nous avons su créer une dynamique culturelle dans le pays Agni »
Le commissaire général du Festival des Arts et de la Culture Agni (Festagni), Eric Ané est à pied d’œuvre pour la cinquième édition de ce festival qui se tiendra du 15 au 18 novembre 2017. En prélude à cette 5ème édition, il situe les enjeux de cette édition anniversaire et fais le point des préparatifs.
Quel bilan succinct faites-vous des 4 premières éditions ?
Quand nous lancions le projet du Festival des Arts et de la Culture Agni (Festagni) en novembre 2013, nous visions 2 objectifs, promouvoir et valoriser le riche patrimoine culturel du peuple Akan en général et du peuple Agni en particulier et en 2ème objectif majeur, souder le peuple Agni au moyen de sa culture. C’est justement pour cela que nous avons opté pour la voix la plus difficile, c’est-à-dire un festival itinérant mais qui se veut également thématique. 5 ans après, nous pouvons affirmer que le bilan est largement positif. Nous avons pu et su créer une dynamique culturelle au sein du peuple Agni. En sillonnant les régions du Moronou (2013), l’Indénié-Djuablin (2014), le Sud-Comoé (2015), l’Agnéby-Tiassa (2016), nous avons atteint nos deux objectifs. Et plus au-delà, regardez comment aujourd’hui les festivals sont prisés et recherchés dans toutes les régions de la Côte d’Ivoire. La culture de plus en plus intéresse nos décideurs et nos populations.
Mais en termes de déception durant tout ce parcours, qu’avez-vous à signaler ?
Je me fixe sur l’objectif poursuivi et je minimise au minimum tout ce qui peut contrarier la mise en œuvre de ce projet culturel d’envergure. Mon vœu est que les premières autorités à la tête du ministère de la Culture et de la Francophonie s’engagent davantage à soutenir concrètement les opérateurs culturels à travers des politiques claires et lisibles.
Autour de quel thème et où se déroulera cette édition ?
Cette 5ème édition qui marque le 1er anniversaire du Festagni sera une édition de la consolidation, nous avons donc choisi la prestigieuse région de l’Indénié-Djuablin. Et pour cette édition exceptionnelle, le département de Kounfao qui regroupe les Agni Bona et les Agni Bini est l’invité spécial. Le thème de cette édition est « La place de la culture dans la marche vers l’émergence ».
Pourquoi la région de l’Indénié-Djuablin pour l’édition anniversaire et le choix de Kounfao pour le lancement ?
Il n’y a pas mieux que cette région qui abrite deux rois au grand prestige et au grand rayonnement reconnus de tous. Il s’agit bien de Nanan Boa Kouassi III et de Nana Agnini Bilé. Pour parler de « La marche de la Culture vers l’émergence », on n’aurait pas eu meilleurs interlocuteurs que ces rois. En choisissant l’Indénié-Djuablin c’est aussi un message de reconnaissance que nous voulons envoyé à nos autorités qui ont permis que le réseau routier reliant Abidjan-Abengourou et Abengourou-Agnibilékro ne soit plus un calvaire. Nous allons à cette 5ème édition pour renforcer le tourisme intérieur et montrer les attraits touristiques de cette région. En choisissant de faire le lancement de cette édition anniversaire à Kounfao, nous voulons associer un sous-groupe Agni, qui se trouve à 40 kilomètres d’Agnibilékro et qui sont effectivement des Agni et non des Brong. Le peuple Agni Bona et Binibarabo a besoin d’affirmer son identité propre.
Que devons-nous comprendre par le choix de ce thème?
La culture est l’âme de tout peuple et durant ces 5 ans, en sillonnant le pays, nous avons compris que la culture est aussi un pilier du développement durable, un des invariables du développement. Au moment où notre pays vise l’émergence et l’avènement d’un ivoirien nouveau par ses responsables politiques, nous estimons que nous devons renforcer nos convictions parce que la culture peut être un moteur de notre élévation pour atteindre le niveau des grandes démocraties. Prenons l’exemple des dragons d’Asie qui ont pu tirer les leçons de leur richesse culturelle pour se forger un destin national et international. Peut-on émerger sans la culture ?
Quel sera le contenu de cette édition anniversaire ?
Nous commençons déjà par le volet scientifique du festival par une conférence publique sur le thème « La marche de la Culture vers l’émergence », le mercredi 18 octobre 2017 à l’hôtel Azalaï. Ensuite nous aurons une table ronde sur la « Place des Komians dans l’organisation sociétale Agni ». Puis, nous irons pour la découverte des richesses touristiques et culturelles des Agni-Djuablin, des Agni-Bini et des Agni-Bona.
Quelle sera l’innovation majeure de cette édition ?
La grande innovation de cette édition, c’est l’ouverture que nous faisons à un autre département de s’associer comme invité d’honneur. Nous pouvons également parler du diner de réseautage du festival, qui sera une plate-forme conviviale qui nous permettra de mettre ensemble les cadres rencontrés lors de nos passages dans les différentes localités. Et cela dans l’objectif de raffermir nos liens.
Quels sont vos attentes pour cette édition ?
Que ce premier anniversaire du Festagni donne lieu à une grande mobilisation du peuple Agni et à un raffermissement des liens de fraternité et de solidarité. Plus qu’une fête, le Festagni est un symbole de notre unité.
A quelques semaines de ce grand rendez-vous culturel du peuple Agni, quel est le point des préparatifs ?
Nous avançons bien dans nos préparatifs. Nous avons terminé les visites de terrains et nous avançons bien du côté de nos autorités administratives et coutumières. Et comme vous le savez, le festival s’ouvre toujours par une conférence publique et tout est en œuvre pour que cela soit ce mercredi 18 octobre 2017.
Sercom