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Légende : Les médecins de la croix rouge tentent de réanimer l’artiste mais en vain…

 

La deuxième grande scène du Festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) qui se tenait dans la nuit du samedi au dimanche dernier  à Abidjan a été brusquement  interrompue aux environs 5h 30, lors du passage de la star,  Shungu Wembadio Pene Kikumba plus connu sous le pseudonyme de papa Wemba. L’artiste a été victime d’un malaise qui l’a affaissé en pleine prestation. Avant de finalement l’emporter au petit matin mettant ainsi fin à la 9ème édition du Femua par une page noire.

Anoumabo, village situé en plein cœur de la commune de  Marcory et fief du groupe Magic System  où se tient depuis 2008 dans le mois d’avril,  le festival des musiques urbaines d’Anoumabo (Femua) a vécu une scène dramatique dans la nuit du 23 au 24 avril dernier. En effet, « le Roi de la sape », Papa Wemba et son orchestre très attendus à ce festival initié par le groupe Magic System faisait vibrer les mélomanes qui attendaient patiemment une belle fin de soirée avec leur idole venu de Kinshasa lorsque le drame est survenu. NST Cophies, (Côte d‘Ivoire), Kerry James (France), Charlotte Dipanda (Cameroun), John Kiffiz (Côte d’Ivoire) ont précédé l’artiste congolais sur la scène. Cette situation à Anoumabo a naturellement jeté l’émoi au sein du public surtout au niveau des membres de son orchestre très affectés. L’un des maîtres de cérémonie, annonçant la fin du spectacle, après cet incident a rassuré le public sur l’état de santé du fondateur de «Viva la Musica» qui serait hors de danger. Papa Wemba, après ce show  à Abidjan devrait se produire ce soir (Ndlr : hier)  en compagnie de plusieurs autres artistes à Korhogo , ville située à ( 633 km au nord d’Abidjan) pour la clôture de cette 9ème édition du Femua) placée sous le thème : « Jeunesse et développement » avec le parrainage de Henri Konan, président du Pdci-Rda .

Ce qui s’est réellement passé après sa chute  

Dernier artiste à monter sur scène aux environs de 5h 30 pour boucler la 2ème grande scène du Femua 9, Papa Wemba, artiste congolais de 66 ans s’est écroulé après avoir livré seulement que 4 titres de son riche répertoire. Après sa chute sur la scène, très tôt, la croix rouge internationale et  le service médical du Femua sont venus à son secours. Voyant la gravité de son état, il est rapidement conduit à la clinique Hôtel Dieu de Marcory. Là-bas il a été réanimé pendant quelques minutes avant de le reconduire dans une grande polyclinique d’Abidjan où il a rendu son dernier souffle.

Sa dernière parole avant de rendre l’âme

Selon une source proche du commissariat général du Femua, avant que l’artiste ne s’écroule, il a demandé à la cabine technique de monter le son de la chanson qu’il jouait. Et c’est 15 minutes après qu’il a eu le malaise qui l’a affaissé sur la scène du Femua. Poursuivant, notre informateur nous a dit que l’artiste voulait à tout prix laisser un message avant sa mort. Mais il balbutiait au point qu’on n’arrive pas à décoder ce message qu’il a commencé en Lingala par ‘’ Eza….’’. Malheureusement personne n’a pu retenir quelque chose de concret  du message de Papa Wemba avant de passer de vie à trépas.

 

On arrête le Femua pour lui rendre un vibrant hommage

Hier, à 10 heures, l’hôtel Aragon, situé à quelques mètres du site du Femua a servi de cadre, à la conférence de presse,  co-animé par le ministre Maurice Bandaman et Traoré Salif dit A’Salfo, commissisaire général du Femua. Lors de cette rencontre avec la presse, Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie a indiqué avoir informé le ministre de l’Intérieur et de la Sécurité du décès de Papa Wemba par A’salfo. A son tour, il a informé le Premier ministre Daniel Kablan Duncan qui lui aussi a informé le président de la République Alassane Ouattara. Qui a informé l’ambassadeur de la République démocratique du Congo en Côte d’Ivoire. Et ce dernier s’est chargé d’informer  le président congolais. Pour sa part, A’Salfo a présenté ses condoléances à la grande famille des arts et de la culture avant d’annoncer l’arrêt du Femua 9 pour un vibrant hommage à l’artiste disparu.

 

Qui est Papa Wemba ?

Dans les années 1960-1970, avec son groupe Zaïko Langa Langa puis en solo, il avait fait rayonner la rumba congolaise à travers le monde. Il a formé des générations de musiciens dont certains poursuivent de grandes carrières, comme Koffi Olomidé. Parmi ses plus grands succès figurent des morceaux comme \"Yolele\", \"Sai Sai\" et \"Maria Valencia\". Il était également l\'une des figures emblématiques de la Sape, la Société des ambianceurs et personnes élégantes. Mode vestimentaire, mais aussi art de vivre, les sapeurs ont fait des émules de Kinshasa à Paris et inspire aujourd\'hui de nombreuses pop stars africaines et américaines. Ce musicien avait aussi été l\'acteur principal du film belgo-zaïrois \"La vie est belle\" de Ngangura Dieudonné Mweze et Benoît Lamy en 1987. Il avait composé une bonne partie de la musique originale de ce film. Papa Wemba apparaît également en 1997 dans \"Combat de fauves\" de Benoît Lamy. Il avait eu en 2003 (Bien: 2003) des démêlées avec les justices belge et française. Il avait été  arrêté à Paris dans une affaire de trafic de visas à la suite d\'un mandat d\'arrêt international lancé par le juge d\'instruction belge Jean Coumans. Les justices française et belge le poursuivaient pour aide au séjour irrégulier d\'étrangers sous couvert de ses activités musicales. Il était soupçonné d\'avoir favorisé l\'immigration clandestine en France de quelque 150 ressortissants de la République démocratique du Congo (RDC), moyennant des sommes avoisinant 3.500 euros par personne. Ce qui lui avait valu d\'être condamné en février 2012 par le tribunal correctionnel de Bruxelles à quinze mois de prison avec sursis et à une amende de 22.000 euros pour trafic d\'êtres humains. Papa Wemba avait aussi été condamné en 2004 par le tribunal de Bobigny (nord de Paris) à une peine de 30 mois de prison dont 26 avec sursis, ainsi qu\'à 10.000 euros d\'amende, pour aide au séjour irrégulier d\'étrangers sous couvert de ses activités musicales.

R. Konan