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Depuis quelques mois, plusieurs maisons de gestion collective des droits d’auteur défilent à Abidjan pour s’inspirer du modèle ivoirien. Le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) dirigé par Irène Vieira suite à la réussite du processus de restructuration, est cité par l’organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) comme l’une des meilleures maisons de gestion collective des droits d’auteur.

 

Presqu’en faillite suite aux palabres intestinaux qu’il a traversées durant les deux précédentes décennies, le Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida) a eu la vie sauve grâce au processus de restructuration démarré au lendemain de la crise postélectorale dans le pays. Mené par Leonard Grogruhet (il était à la tête du comité de restructuration), ce processus combattu par certains artistes a donné les fruits escomptés. La preuve, c’est que quelques années après, ce processus initié par Maurice Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie, le Burida a retrouvé son lustre d’antan et engrange des milliards de francs CFA qui sont repartis aux ayants-droit. Il est même cité en exemple par l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) comme l’une des meilleures maisons de gestion collective de droit d’auteur dans la sous-région voire en Afrique. Récemment, l’Ompi a fait une mission en Côte d’Ivoire avec des directeurs de maison de gestion collective de droit d’auteur de Haïti et de plusieurs autres pays pour copier l’exemple ivoirien. Vendredi dernier, une autre délégation béninoise composée de N’koué Ange, ministre de la Culture et du Tourisme du Bénin et de Davo C. Zéphirin, directeur du Bureau béninois du droit d’auteur et des droits voisins (Bubedra) ont séjourné à Abidjan pour s’inspirer de la bonne gestion collective des droits d’auteur que fait le Burida. En effet, Irène Vieira, directrice générale du Burida a eu une séance de travail avec la délégation béninoise au siège de la structure qu’elle dirige à Cocody-II Plateaux. A cette occasion, elle a présenté l’organigramme du Burida et sa gouvernance.

 

De la restructuration à la renaissance du Burida

 

Lors de cette séance de travail, la première responsable du Burida a expliqué à ses invités comment la restructuration a contribué à la renaissance d’un Burida plus fort et plus crédible aux yeux du monde entier. A l’en croire, dans les textes du Burida, le ministre nomme 3 artistes de notoriété qui intègrent le Conseil d’Administration(C.A). Avec les experts nommés également par le ministre, ils renforcent la qualité des travaux du conseil ainsi qu’avec 10 autres conseillers élus au sein différents collèges d’artistes. « Pour éviter que les membres du conseil passé ne soient dans le  nouveau conseil, vu leur passé peu reluisant, il a été inscrit dans les textes que pendant 10 ans, ceux-ci ne peuvent pas être candidats. Ce qui fait qu’il y a un conseil d’administration bien constitué depuis le 15 octobre 2015 », explique-t-elle. Poursuivant, elle a indiqué comment se fait la désignation du directeur général et la gouvernance du Burida. « Le directeur général  est nommé tout seul par le ministre. Dans le texte de la gouvernance, pour la stabilité du Burida, le ministre est libre de proposer un arrêté. Pour dégager le directeur général, c’est l’ensemble des acteurs (le ministre et le conseil d’administration). Le D.G n’est pas sous la coupole du ministre ni du conseil d’administration. Le Burida a actuellement 129 membres du personnel  et 6945 sociétaires avec 9043 œuvres. Nous avons 5 bureaux urbains, 5 antennes à l’intérieur et 5 coins de représentation. Nous n’avons aucune subvention de notre ministère de tutelle », fait-elle savoir.

 

Irène Vieira invitée à Cotonou pour partager son  expérience

 

Après la séance de travail au siège du Burida, Maurice Kouakou Bandaman, ministre de la Culture et de la Francophonie a accordé une audience à son homologue béninois, à son cabinet au 22ème étage de la Tour E, au Plateau. Au sortir de cette audience, N’koué Ange a indiqué qu’il  est  arrivé  en Côte d’Ivoire en élève pour apprendre un peu de l’expérience de la Côte d’Ivoire en matière de gestion collective de droit d’auteur. « Nous sommes arrivés à Abidjan pour mieux comprendre les outils et systèmes pour la bonne gestion des droits d’auteur.  Pour le Bénin,  il faut trouver des sources de financements pour aider les artistes. Dans le domaine de la gestion collective et de droit d’auteur, la séance s’est très bien passée avec la directrice du Burida. Nous avons été de très bons élèves. Je profite de cette occasion pour remercier le ministre de la culture et de la Côte d’Ivoire pour l’hospitalité et j’espère que la directrice du Burida sera invitée très prochainement au Bénin pour partager son expérience avec les acteurs culturels béninois. Sur le plan institutionnel, la Côte d’Ivoire est très avancée par rapport au Bénin et sur le plan de la gestion technique, elle a une très grande longueur d’avance sur nous. Sur les deux dimensions, nous pensons que ce sont des cas d’école qu’on va appliquer chez nous pour améliorer les conditions de vie de nos artistes. En matière de coopération culturelle, nous pensons que c’est un départ car nous n’avons pas encore exploré toutes les pistes. Déjà que la directrice générale du Burida est autorisée à partir au Benin, ce sont des bonnes bases. Sur le plan du livre, il y a un salon qui se déroulera en France où la Côte d’Ivoire porte le projet auquel nous nous associons. Ensuite, nous avons aussi dans le domaine du cinéma, des partages à faire et des projets à porter ensemble donc la coopération Sud-Sud. Cela ne fait que commencer », a-t-il souligné. Quant à Maurice Bandaman, il s’est dit satisfait de la visite de son homologue béninois à Abidjan. « Au cours de cette visite, nous avons pu partager des expériences. La gestion des droits d’auteur du Burida fait école aujourd’hui dans la sous-région. La preuve, c’est que le Bénin est venu s’inspirer de notre expérience. Nous sommes fiers et c’est bien la preuve que le travail qui est fait au Burida est reconnu. Il y a pas longtemps, l’Organisation mondiale de la propriété intellectuelle (Ompi) a mené une mission ici avec des directeurs des maisons de gestion des droits d’auteur d’Afrique pour s’inspirer de l’expérience ivoirienne », s’en félicite-t-il, non sans ajouter que l’expérience part de ce que notre maison était en faillite. « Avec le comité de restructuration que nous avons mis en place,  Le Burida est aujourd’hui sur les rails. Et ce, grâce à  la contribution des artistes eux-mêmes. Car au départ, certains étaient sceptiques mais à la fin, ils ont bien compris que ce travail est fait dans leur propre intérêt. Nous avons abordé la question du livre et nous comptons faire des choses en commun. Ce qu’on gagne dans cette coopération sud-sud, c’est que nous partageons le même espace géographique (Uemoa, Cedeao). Nous avons au niveau de ces institutions une politique culturelle commune à mettre en œuvre. Bientôt je serai à Cotonou pour mettre en route cette coopération pour le grand bonheur des artistes de nos deux pays », dit-il. Le travail titanesque qu’abat nuit et jour, Irène Vieira pour repositionner le Burida sur l’échiquier international, est bien suivi dans le monde des arts et de la culture.

R. Konan