Côte d’Ivoire / Madness Bogoss, artiste-slameur : « Mes sons marquent les esprits et touchent les âmes sensibles »
Silué Mamadou alias Madness Bogoss s’est prêté à nos questions relatives à sa carrière musicale, son prochain album en préparation et sa vision pour le rap abidjanais. Dans cet entretien à bâtons rompus, il invite ceux qui ont un peu d’argent à soutenir les moins nantis afin qu’ils émergent.
Pourquoi avez-vous décidé de faire la musique ?
J’ai été piqué par le virus de la musique depuis mon enfance. Quand j’ai commencé à grandir, j’ai composé et gribouillé de petits textes qui ont été appréciés par mes camarades. Ils m’ont dit que j’écris et compose bien. Cela m’a donné le courage de continuer. Et voilà ce que ça donne maintenant.
Quel genre musical faites-vous ?
Je fais le slam à l’ivoirienne que j’ai perfectionné à ma manière. Il faut reconnaître qu’au départ je faisais du rap underground avec des textes purs et durs. Un moment donné, je me suis rendu compte que le rap a pris un coup avec le départ des ténors du moment tels que Allmighty et Steezo. Le rap est resté pendant longtemps à l’État de latence. Je me suis dit qu’il ne faut pas se cantonner dans ce que les grands frères avaient fait. Avant le rap, c’était les vers qui amusaient beaucoup les amoureux de la poésie et les belles lettres. Aujourd’hui, il faut mettre du sérieux en mettant l’accent sur les textes. Quand j’ai senti qu’il n’y avait plus de leader au niveau du rap, j’ai décidé d’adapter le rap que je faisais au slam. Car le slam touche plus les âmes sensibles.
Quels sont les thèmes que vous abordez dans vos textes ?
Généralement, je parle de tout. Je parle du social. C’est-à-dire tout ce qu’on voit et nous vivons au quotidien. Je parle de Dieu dans certaines de mes chansons, de l’injustice, de la souffrance ….
C’est qui votre idole au niveau de la musique ?
J’écoute toute sorte de musique, que ce soit le coupé-décalé, le jazz, le zouglou, le reggae… Personnellement, celui que j’ai beaucoup apprécié, Grand Corps Malade et Kery James par la teneur de leurs textes. Ce sont leurs textes poignants qui m’ont beaucoup inspiré.
Ne pensez-vous pas que les thèmes que vous abordez ont déjà été exploités par vos devantiers ?
Je ne pense pas. Vous savez qu’à chaque génération sa lutte. Ce que les chanteurs zouglou ont chanté, il y a 10 ans, peut arriver encore mais pas sous la même forme. Des fois, l’inspiration n’est pas pareille. On dit souvent que chaque personne est unique en son genre. Selon moi, chaque texte est unique. Même vous pouvez avoir une même idée mais individuellement vous ne pouvez pas la transmettre de la même manière. Dans mon domaine, je ne dis que je suis le meilleur mais je suis unique en mon genre.
Comment s’est fait la rencontre avec Onction production ?
J’ai fait un premier album de slam pur et dur dénommé ‘’ Celebrility’’ qui a été apprécié par les Ivoiriens. Malheureusement ce chef-d’œuvre n’a pas eu la promotion escomptée pour atteindre tous les foyers. La promotion n’est pas facile car elle demande beaucoup de moyen. Il y a plein de rappeurs qui ont de bons albums mais ils n’ont pas d’argent pour promouvoir leurs œuvres. Le responsable d’Onction production est quelqu’un de bien. Au-delà d’un arrangeur, il est devenu un frère. Quand il y a un petit souci, on s’appelle et on discute pour améliorer le travail. Il m’a guidé et orienté pour parvenir à cette œuvre qui sera disponible dans quelques jours dans les bacs à casettes. Il m’a permis d’adapter mon slam au rap abidjanais. Je l’ai connu par le bais d’un ami arrangeur qui avait des insuffisances pour parfaire mon travail. J’ai été épaté par son professionnalisme, sa rigueur pour le travail. C’est un bosseur et j’ai besoin de ce genre de personne pour aller de l’avant.
A quand la sortie officielle de ton prochain opus ?
Tout est fin prêt. Ça va sortir très bientôt. Nous sommes en train de faire la promotion des titres phares avant la sortie pour marquer les esprits des férus de la musique urbaine. J’invite les Ivoiriens à écouter cet album qui leur plaira à coup sûr. Car, c’est du solide voire du béton. Je profite de votre canal pour dire aux Ivoiriens que le rap n’est pas mort. On n’a besoin que les gens nous soutiennent. Aujourd’hui, faire passer un clip à la télévision, n’est pas du tout facile. On n’a l’impression que c’est devenu un bois sacré. Ceux qui sont connus ont accès à toutes ces faveurs-là. Souvent, nous qui sommes dans l’underground se sentent lésés. On a du potentiel mais on n’arrive pas à émerger parce qu’on n’a pas de moyens.
Entretien réalisé par R. K.