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La Mutuelle des élèves et étudiants Ano (MEE-ANO), a organisé une conférence publique récemment à l’Institut national des sciences des arts et de la culture (INSAC) à Cocody pour permettre à ses membres de connaître l’histoire de leur peuple et exiger la reconnaissance de l’Ano comme une ethnie à part entière.

Faire connaître aux élèves et étudiants de la MEE-ANO ‘’l’origine du peuple Ano’’, tel était l’objectif de la conférence organisée par les responsables de la Mutuelle des élèves et étudiants Ano. « Pendant longtemps, on a voulu nous faire croire que les Anofwè ne sont pas un peuple à part entière. Pour certains, nous sommes des Baoulé ‘’façon-façon’’. Pour d’autres, nous sommes des Agni musulmans. Nous disons : les Ano sont les Ano et nous avons une histoire et donc nous venons forcement de quelque part, avec une histoire et une société bien organisées et structurées », a insisté Kouamé Henri Lopez, président de la section Abidjan de la MEE-ANO. C’est justement pour connaître cette histoire que la Mutuelle des élèves et étudiants Ano, a fait appel au Dr Siriki Ouattara, Historien africaniste.

L’enseignant à la retraite apprendra que le groupe Ano n’est une fraction de quelque ethnie que ce soit. Il a bel et bien existé et existe encore de nos jours en tant que communauté ethnique à part entière que l’on ne doit confondre avec aucune autre même de son aire culturelle, que ce soit du point de vue de son origine, de son histoire ou de celui de sa culture. Cette communauté Anofwè naquit de la rencontre, de la cohabitation dans un même cadre géographique (le territoire de l’actuel Ano) de plusieurs groupes et groupuscules de populations d’origine, de culture et de croyances religieuses différentes, à l’issue des grands mouvements de migrations, qui avaient secoué la bande guinéenne et brassé la quasi-totalité de ses peuples.

 

Mais, malgré cette diversité d’origines, ces vagues d’immigrants ont pu se fondre pour constituer finalement une véritable « nation », la « nation Ano », explique l’historien. « Le peuple Ano a perdu beaucoup de sa visibilité depuis l’intrusion coloniale. A tel point que nombreux sont ceux qui le considèrent comme un sous-groupe Baoulé ou Agni, et l’appellent souvent les « Baoulé musulmans » ou « les Agni façon-façon », s’indigne-t-il. Malgré tout cela, dit-il confiant, aujourd’hui encore, l’Anofwè éprouve un véritable sentiment d’unité et d’appartenance à une unique « Nation » Ano.

La force de ce sentiment conduit, jusqu’à la revendication, par sa communauté toute entière, d’une origine commune. « Même les Anufo du Togo, malgré leur éloignement de la patrie d’origine et le nouvel ethnonyme qu’on leur attribue maintenant, sont restés très attachés, eux aussi, à leur appartenance à cette communauté ethnique « Anofwè », apprend Dr Siriki Ouattara. Plus précisément, le peuple Ano ou trivialement appelé ‘’Andoh’’ est situé dans la localité de Prikro, au centre-est de la Côte d’Ivoire.

J.O.