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Dans cette interview, Yao Rachelle Ange, Secrétaire générale de la Fondation de l’Institut de cardiologie d’Abidjan,  met en garde les populations contre les risques liés aux maladies cardiovasculaires.  

 

Pourquoi  avez-vous initié une campagne de prévention des maladies du cœur ?

Nous avons initié cette campagne de prévention de l’hypertension et du diabète parce que de plus en plus, nous avons noté que le taux de prévalence  au niveau de ces cardiopathies,  est élevé. Nous menons une campagne pour aider la population à prendre conscience de ces fléaux.

 

La campagne va durer combien de temps ?

La campagne est prévue du 6 au 29 septembre. Le 29 septembre, c’est le jour de la commémoration officielle de la Journée mondiale du cœur en Côte d’Ivoire et dans le monde.

 

Aujourd’hui on constate un taux élevé de ces maladies cardiaques au sein des entreprises, et  c’est aussi un motif de consultation au niveau de l’Institut de cardiologie. Qu’est ce qui justifie cette réalité ?

C’est parce que les travailleurs sont des personnes sédentaires. Ils sont soumis à un stress permanent,  se nourrissent mal, parce que la plupart ne se donnent pas de temps pour manger correctement. Sans oublier la fatigue, le tabagisme. Des gens qui sont sous stress prennent une cigarette de temps à autres alors que nous savons que le tabagisme est très mauvais pour la santé. Tout cela concourt vraiment à accroître l’hypertension artérielle.

 

Quelle est la prévalence de ces maladies au niveau des entreprises ?

Pour les entreprises que nous venons de parcourir,  la prévalence est de l’ordre de 15 à 20%.

 

Selon vous, 70%  des cas au niveau des consultations relève des employés des entreprises. Pourquoi ?

70%, ce sont les chiffres que nous avons en fonction des études qui ont été menées. Mais pour cette année, nous sommes en train d’élaborer de nouvelles  statistiques en la matière. Pour l’instant, nous avons prévu de sillonner  environs cinq entreprises. Et pour l’instant, les chiffres sont de l’ordre  de 20 à 25%.

 

Pourquoi voulez-vous engager et  impliquer les entreprises dans la prévention de ces maladies ?

Nous avons joué un peu sur la responsabilité sociétale des entreprises parce qu’elles doivent aider les populations.  Car ce sont-elles qui sont les principaux pourvoyeurs d’emplois. Les entreprises doivent aider les  populations à mieux se prendre en charge, surtout au niveau de leurs personnels, parce que nous savons que 30% à 40% de la population est travailleuse. Donc c’est tout à fait normal que nous commencions par les entreprises.

 

Cette prévalence  n’est-elle pas un peu liée aux mauvais traitements où aux mauvaises conditions de travail ?

On ne peut pas mettre cela sur le compte  des mauvaises conditions de travail. Pas vraiment. C’est plutôt le stress. Le stress, parce que quand on a des objectifs à atteindre, et qu’on est pris par le délai, c’est tout à fait normal qu’on soit stressé. Et pour la plupart du temps, 8 h, quelquefois 9h d’affilées au travail, c’est beaucoup de stress.

 

Qu’en  est-il  de la prise en charge ?

Au niveau  de la prise en charge, la Fondation aide à prendre conscience. Nous aidons dans un premier temps en donnant  des médicaments de première nécessité. Nous ne pouvons pas vraiment prendre en charge ces malades, mais nous les orientons vers des instituts de soin adaptés, notamment les instituts cardiologiques d’Abidjan.

 

Y a-t-il un suivi des malades après le dépistage ?

 La santé est d’abord une question personnelle. On diagnostique un mal et chacun a sa contribution à jouer.  Et donc une fois que le diagnostic est posé, il appartient au malade de pourvoir suivre son état de santé. Nous l’aidons à prendre conscience de son statut, de son  état.

 

Quand on parle de maladie du cœur, quelles sont les différentes affections concernées ?

Ce sont des termes techniques et je ne suis pas vraiment indiquée pour parler de ces affections. Mes actions se limitent à la sensibilisation et à la prévention. Initialement, ce volet sensibilisation était du ressort de l’Institut de cardiologie.

 

A  quand remonte  la première édition de cette campagne?

2017.

 

Y a-t-il une mobilisation autour de l’évènement ?

Oui, il y a de la  mobilisation. Parce que les dirigeants des sociétés ont réalisé que  c’était un problème aujourd’hui. La première cause de la mort subite, ce sont les AVC. De plus en plus de jeunes personnes meurent de crise cardiaque. Aujourd’hui, c’est une situation réelle. Et les chefs d’entreprises en ont de plus en plus conscience. Ils nous sollicitent pour venir faire des dépistages auprès de leurs personnels.

 

Qu’en est-il de l’hypertension artérielle?

C’est un dépistage couplé de l’hypertension artérielle et du diabète. Quand on parle de l’hypertension artérielle, le  diabète n’est pas loin. Et quand on parle de diabète l’hypertension artérielle n’est pas loin. Lorsqu’on traite l’un, l’autre refait surface.

 

Ces deux maladies ont-elles une incidence sur le fonctionnement du cœur ?

Tout à fait.

 

Quel message lancez-vous aux populations,  aux travailleurs pour vous accompagner dans cette mission enfin de maintenir une bonne santé ?   

Être en bonne santé, c’est primordial. Celui qui est  en bonne santé peut avoir un bon rendement. Donc c’est tout à fait normal de prendre soin de soi enfin d’être productif. J’invite les chefs d’entreprises, les dirigeants qui n’ont pas encore sollicité le concours de la Fondation  à le faire pour pouvoir mieux encadrer leurs personnels.

Avec A.K.