avocat.jpg

Lath Meless Cébastien se réclamant propriétaire du Yaye festival de Dabou et la génération Obodjlou Afokr se battent pour la paternité de « Yaye festival » dont la deuxième édition est prévue du 30 juillet au 04 août 2018. Cette bataille risque de créer des troubles si rien n’est fait avant la fin du mois. Décryptage

La bataille autour de la paternité du festival des arts et cultures de Lôdjoukrou dénommé’’yaye festival’’ est en passe d’évoluer vers un conflit ouvert. Les négociations entreprises par Lekre Lorgn Badra, président de la haute autorité coutumière de Lodjoukrou pour calmer les esprits et  surtout pour fusionner les deux groupes en conflit pour organiser la deuxième édition du « Yaye festival », a accouché d’une souris. Une bataille est engagée. L’affaire est devant le tribunal de Dabou. Le vendredi prochain, les deux groupes seront entendus. Me Gohi Bi Irhiet Raoul, avocat de Lath Meless Sébastien, se réclamant propriétaire de l’enseigne commerciale du « Yaye festival », a expliqué, lundi dernier, à Cocody, les risques que l’entêtement de la génération Obodjlou Afokr à organiser le festival fait courir aux populations. Après avoir fait la genèse du conflit, il a relevé que deux situations se posent. « Il y a l’aspect sociologique qui met la génération Obodjlou Afokr en conflit avec leurs aînés (la haute autorité coutumière de Dabou) à cause de leur entêtement à organiser le yaye. Une bonne partie des jeunes soutient l’Ong ’’Socraff Ngbafre de Dabou’’, structure organisatrice du « Yaye festival » et présidée par Lath Cébastien associée aux membres de la haute autorité coutumière de Dabou. Les garants de la tradition (les Ebe-Ebu Basl) ont décidé de faire barrage à la génération Obodjlou Afokr dirigée par Essis Emmanuel, secrétaire d’Etat chargé de l’Investissement et la promotion de l’entreprenariat, si elle tentait d’organiser  le « Yaye festival » qui est la propriété de l’Ong Snd. Du coup, les deux camps sont au bord de l’affrontement. Les membres de la haute autorité coutumière ont interpellé le chef de l’Etat, le Premier ministre, les autorités administratives et juridiques de la ville. Parce qu’il s’agit de déterminer, entre l’Ong ’’Socraff Ngbafre de Dabou et la génération Obodjlou Afokr, qui juridiquement a le droit d’organiser le festival. Les œuvres de l’esprit sont des propriétés intellectuelles qui ont un mécanisme permettant d’être propriétaire ou initiateur. C’est dans ce sens que l’Ong Snd a posé des actes forts pour protéger et sauvegarder l’enseigne commerciale du « Yaye festival » de Dabou », a-t-il relevé. Il a ajouté qu’elle a obtenu une immatriculation par le ministère de la Culture en date du 24 avril 2018. « L’Ong a déposé le 18 avril 2018 son œuvre au Bureau ivoirien du droit d’auteur (Burida). Elle est allée plus loin. L’enseigne commerciale du yaye a été déposée à l’organisation africaine de la propriété intellectuelle (Oapi) basée au Cameroun sur le n°134857. La reconnaissance de l’Oapi et du Burida garantit la propriété exclusive de l’évènement à la Snd. Le débat ne doit pas se poser sur la propriété exclusive du « Yaye festival » entre la Snd et la génération Obodjlou Afokr. Cette génération n’a aucun titre pour revendiquer la propriété du festival », a-t-il tranché, non sans noter que son client a saisi le tribunal de Dabou. Qui en son audience du vendredi 20 juillet 2018 devrait dire exactement qui est le propriétaire du « Yaye festival ».

Suspendre le « Yaye festival » 2018 jusqu’à nouvel ordre

Lekre Lorgn Badra, président de la haute autorité coutumière de Lodjoukrou, a ordonné la suspension du « Yaye festival » 2018 jusqu’à nouvel ordre afin de laisser la justice faire son travail. « Pour éviter que les Obodjlou Afokr et les jeunes de l’Ong Snd ne s’affrontent, on a écrit à Essis Emmanuel pour lui dire d’arrêter ou de suspendre le « Yaye festival » 2018 jusqu’à nouvel ordre. Pour que nous voyions clair dans l’affaire.vLath Meless Cébastien a créé avec sa structure ‘’Socraff Ngbafre de Dabou’’ un festival dénommé Yaye de Dabou pour réunir le peuple adjoukrou et faire découvrir sa culture. Il dispose de tous les documents afférents pour prouver qu’il est l’initiateur du « Yaye festival ». Il est allé rencontrer la mairie de Dabou qui est une institution locale auprès de qui tout demandeur d’aide et de salle peut s’adresser. Là-bas, le chef de cabinet, Nomel Yannick avec qui il a eu l’entretien a transmis le dossier au maire. Et le maire l’a transmis à son tour à l’association Obodjlou Afokr. Il a été nommé commissaire général du festival et plus tard, il a été écarté par la génération Obodjlou Afokr qui veut s’accaparer de son projet », a-t-il expliqué. Poursuivant, il a indiqué que cette génération dit avoir chassé Lath Meless Cébastien à cause de son attitude. « On leur a dit qu’il ne fallait pas parce que c’est son projet. En somme, la génération Obodjlou Afokr ne voulait pas dissocier leur compte de celui du festival. Ce fait a été dénoncé par l’initiateur du festival et c’est ce qui lui a valu sa mise à l’écart. On a demandé à la génération Obodjlou Afokr de le rétablir dans ses droits, puisqu’on était à quelques jours de la première édition du « Yaye festival ». Et ce, dans l’intérêt supérieur du peuple adjoukrou. Cette génération a payé l’amende aux anciens (Les Ebe-Ebou Basl). Ils nous ont remerciés et promis de le réintégrer à son poste de commissaire du « Yaye festival ». Nonobstant cela, ils ont piétiné les recommandations de la haute autorité coutumière et veulent faire un forcing pour organiser le yaye 2018. Mécontent, Lath Meless Cébastien a dénoncé cela par le truchement d’une conférence de presse. Il a ensuite saisi un avocat. A partir de là, nous avons su que le yaye appartient effectivement à Lath Meless Cébastien », a-t-il conclut. En conférence de presse, le 11 juillet dernier, Nomel Yannick, secrétaire général du « Yaye festival », par ailleurs proche de la génération Obodjlou Afok, a souligné qu’un festival patrimonial ne peut pas appartenir à un individu. Aussi, a-t-il ajouté qu’attache a été prise avec l’Oapi. « On a payé à l’Oapi la somme de 145 mille francs Cfa pour faire une recherche d’antériorité, afin de savoir s’il y a quelqu’un qui détient la propriété d’un festival dénommé Yaye à Dabou. La réponse est sans équivoque ». Pour ce faire, Lath Meless sera traduit en justice pour dénonciation calomnieuse et de faux et usage de faux. Il faut noter que la génération Obodjlou Afokr n’a pas le pouvoir parce qu’en pays adjoukrou, ce sont les patriaches (les Ebe-Ebu) qui sont les détenteurs du pouvoir. Alors que ceux-ci soutiennent Lath Meless Cébastien.

R.K.