Côte d’Ivoire / « Toutes les grosses sociétés de sécurité en Côte d’Ivoire ont un problème de formation » selon Koudou Gbaté Ismaël, responsable de Scimap sécurité
La question de sécurité préoccupe au plus haut niveau, les populations ivoiriennes. Face au débordement de la police nationale, il y a les sociétés de sécurit qui n’arrivent pas toujours à jouer leur rôle. Le problème des agents de sécurité est largement évoqué dans cet entretien avec le responsable de Scimap sécurité, Ismaël Koudou Gbaté
Que doit-on entendre par Scimap sécurité ?
Notre société fait partie d’un groupe, Scimap holding composé de 7 filiales. Le groupe existe depuis plus de 10 ans mais la société Scimap sécurité a été créée par l’administrateur qui a vu les besoins en matière de sécurité des populations. Il veut créer une sécurité autrement.
Qu’est-ce que vous entendez par sécurité autrement ?
C’est l’attitude d’abord en matière de sécurité, mon équipe et moi avons voulu faire les choses différemment. Il y a beaucoup de société de sécurités en Côte d’Ivoire mais on a voulu puiser dans leurs défaillances, leurs insuffisances.
Quels sont ces défauts ?
Il y a la prestation de service, le manque de formation des agents. Un agent de sécurité est l’auxiliaire de la police. C’est un élément qui doit ressembler à un agent de police. Il doit avoir la formation d’un militaire parce que c’est l’armée qui forme les policiers. Il doit avoir l’éthique militaire.
Comment faire la différence entre un agent de sécurité et un policier ?
C’est d’abord au niveau de la mission. Nous sommes des privés, nous faisons la sécurité des privés. Nous assurons la sécurité des biens et des personnes, nous n’allons pas au-delà. L’agent de sécurité est l’indicateur de la police, ce qui fait que nous sommes des auxiliaires de la police. Qui devait s’appuyer sur les agents de sécurité. Ce sont eux qui cernent la zone qu’ils occupent, ils voient tout.
On peut donc vous solliciter pour poursuivre les bandits ?
Non. Si un privé nous sollicite, on fait la garde rapprochée, on protège les entrepôts, on surveille les biens par exemple les villas en permanence. Les entrées et sorties. On fait aussi de la filature et nous donnons les informations à qui de droit. Si cela dépasse notre compétence, alors la police intervient.
Dans votre milieu, on rencontre aussi pas mal de brebis galeuses. Comment faites-vous pour les combattre ?
Le patronat fait un très grand boulot en ce sens. Il y a environ 400 sociétés de sécurité, c’est énorme. Quand vous allez en ville, vous voyez des agents de sécurité mal habillés, ce n’est pas joli à voir. Je veux donner une autre allure aux agents de sécurité. Il doit être content quand il va travailler, il doit être habillé en tenue de sécurité.
Il nous revient que vous ne les payez pas bien ?
Quand nous sommes arrivés, on a voulu faire les choses autrement. On a voulu former d’abord, une formation classique dans l’armée, la formation commune de base (FCB). On l’a appliquée dans notre structure à la différence des autres. Toutes les grosses sociétés de sécurité que vous voyez, ont un problème de formation. Une société peut se retrouver avec des multitudes de contrats parce qu’elles ont des gens haut placés. Pour les exécuter, il faut des hommes mais où les trouver ? Elles n’ont pas les hommes formés pour ça. Or, il faut satisfaire les clients. C’est pourquoi vous trouvez des agents de sécurité qui disent : « je suis payé à 40 mille, je vais faire un travail de 40 mille ». Vous prenez les gens, vous ne les formez pas… L’Etat doit assainir le milieu. Il faut que chaque société de sécurité ait un centre de formation. Ou alors, les éléments qui sont sur le terrain, doivent être certifiés par une structure reconnue. Aux Etats-Unis comme en Europe, il y a des centres de formation d’agents de sécurité, de gardes du corps etc. Un agent de sécurité doit rassurer le client, la population. Il doit être propre et faire envie.
Est-ce qu’en ce qui concerne Scimap sécurité, vous êtes satisfait du travail de vos agents ?
Oui. Je vais vous le dire, ce sont mes agents qui m’ont permis d’avoir de bons contrats. Mais encore une fois de plus, l’Etat doit assainir le milieu, en créant des centres de formation. Si, avant d’être recruté, un agent vient avec un diplôme d’un centre de formation, vous verrez que même la police va rester tranquille.
Interview réalisée par A.K.