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Très en révolté après l’élimination de l’Asec mimosas en ligue des champions d’Afrique, Charges Dago, ancien attaquant du Stade, de l’Africa et des Eléphants, crache ses vérités aux Jaune et noir et à la Fif.

 

Quelle analyse faites-vous après l’élimination de l’Asec mimosas en 16èmes de finale de la ligue des champions ?

Je pense très sincèrement que l’élimination de l’Asec est une insulte faite au football ivoirien. C’est la faute aussi à l’encadrement technique du club, aux dirigeants et à la Fif (Ndlr : La Fédération ivoirienne de football). J’ai assisté à la rencontre contre le Zesco united, dimanche, j’ai eu très mal. C’est inadmissible d’aller gagner 1-0 en déplacement en Zambie et venir se faire éliminer à domicile. J’avoue que c’est écœurant. L’entraîneur Amani Yao a montré ses carences tactiques dans ce match, ses limites dans la gestion du match. Parce qu’après le but sur un penalty généreux à mon avis, je n’ai plus reconnu les joueurs de l’Asec sur le terrain.

 

Expliquez-vous ?

Ecoutez, ils ont montré toutes leurs limites face à de très bons joueurs zambiens, bien disciplinés tactiquement et surtout très bons physiques dans les différents duels. En face, c’est tout le contraire. Les joueurs de l’Asec ont joué tétanisés. Ils étaient à court physiquement et techniquement, c’était nul le jeu produit. J’évoque l’aspect physique des joueurs de l’Asec, parce qu’Alphonse Kouassi Kouamé qui est rentré en seconde mi-temps n’a même pas pu passer plus de 10 minutes sur la pelouse. Il est ressorti aussitôt sur blessure. C’est grave ça. C’est un problème physique du joueur. Et puis, il faut qu’on se le dise, il y a des joueurs qui ne méritent même pas d’évoluer à l’Asec. Il n’y avait pas aussi d’automatisme entre les joueurs. L’Asec, c’est clair, perd beaucoup de millions de francs Cfa à cause de cette élimination aux portes de la phase de poules de la ligue des champions. Pour l’Asec, je ne suis pas très surpris. Parce qu’après le match contre les Béninois ici au stade Félix Houphouët-Boigny, au tour préliminaire, j’avais prévenu, tirer la sonnette d’alarme. Au Bénin où on ne joue même pas au ballon, l’Asec a eu toutes les difficultés du monde pour battre son adversaire, 3 buts à 2. L’Asec a même failli se faire rejoindre à 3-3 dans le temps additionnel, si l’attaquant béninois n’avait pas tergiversé dans la surface de réparation. Cette difficile victoire de 3-2 au tour préliminaire, était un signe à mon avis. Sauf que l’encadrement technique dirigé par Amani Yao n’a pas réussi à corriger, face à Zesco united, les erreurs tactiques et défensives qu’on a vues contre les Buffles Fc du Bénin. L’Africa également s’est fait éliminer par un club de Mauritanie, 0-1 au retour, à cause d’un but contre son camp.  Il y a eu 1-1 à l’aller à Abidjan. Je dis sincèrement que le football ivoirien est en train de dégringoler, et le problème est sérieux. Tanda aussi n’a pas existé en coupe Caf. Le Wac d’Adjamé a eu pour sa part le mérite de battre le Wac du Maroc, tenant du titre, 2-0 au retour. Mais ce que je retiens et que je dénonce énergiquement, c’est la gestion des matchs de ces différents clubs ivoiriens. L’Asec gagne 1-0 à l’étranger et vient se faire éliminer. Le Wac, au match aller, fait 2-2 à la mi-temps et encaisse 5 buts en seconde mi-temps. C’’est dire qu’il y a un véritablement problème de gestion des matchs. Espérons simplement que l’Asec et le Wac se qualifient en phase de poules de la coupe Caf. Sinon la conséquence immédiate, c’est que la Côte d’Ivoire va perdre ses quatre places africaines, deux en ligue des champions et deux en coupe Caf.

 

Pourquoi accusez-vous la Fif pour l’élimination de l’Asec ?

La Ligue professionnelle a effectivement sa responsabilité dans l’élimination de l’Asec, parce qu’elle a une très mauvaise programmation des matchs du championnat. Je le dis, il n’est même pas normal que l’Asec ait trois matchs en retard. C’est trop pour un club qui joue une coupe africaine. La Fif a accepté que l’Asec refuse de jouer ses matchs de championnat avant de disputer ses matchs de coupe d’Afrique. C’est un laxisme de la part de la Ligue professionnelle, c’est trop léger. On doit obliger l’Asec à jouer, surtout pour son bien. Mais j’apprends que c’est avec les centres de formations que l’Asec a disputé des matchs amicaux. Je suis surpris parce qu’un match officiel de championnat est mieux qu’un match amical, avec un centre de formation que l’Asec a préparé son match contre Zesco united. La preuve, les joueurs de l’Asec ont manqué de rythme parce que les dirigeants ont refusé que les joueurs disputent des matchs de championnat. C’est dans le football ivoirien qu’on voit cela. En Europe, ce n’est pas possible qu’un club cumule trois matchs en retard. Les matchs de championnat permettent d’être mieux en jambes physiquement. C’est aussi en Côte d’Ivoire que le mercato ivoirien fait plus d’un mois. Mais un mercato, ce n’est pas plus de deux semaines. Et puis, on sait tous qu’après le Chan (Ndlr : Championnat d’Afrique des nations) au Maroc, immédiatement, on démarrait les matchs de coupe d’Afrique interclubs.

 

Que proposez-vous donc comme solutions à l’avenir ?

Je souhaite que la Ligue professionnelle fasse connaître en début de saison le programme complet des matchs, avec les dates précises mais tout en tenant compte du calendrier de la Caf des matchs de nos clubs et de notre sélection. Il doit avoir également une bonne planification des matchs de tous nos clubs engagés en compétitions africaines. Que la Fif respecte également à la lettre son calendrier établi en début de saison. Je me demande bien ce que fait la Dtn (Direction technique nationale) de Koné Tiégbè à Bingerville ? Il faut bien que les entraineurs ivoiriens se recyclent, se perfectionnent également, c’est très important pour eux-mêmes. Ils n’ont pas besoin que leur club les envoie le faire. Amani Yao par exemple, c’est son métier, n’a pas besoin d’attendre que l’Asec l’envoie se recycler. Lui-même peut le faire. Franchement, il faut qu’en Côte d’Ivoire, on travaille, qu’on se réveille.

 

Entretien réalisé par

A.H.