En visite au Ghana / Bédié réaffirme les liens de parenté et demande pardon pour un vieux crime de 400 ans commis par un Baoulé
Le dimanche 8 avril 2018 a été choisi par le roi des Ashanti, Otumfo Osei Tutu II, pour rendre un hommage public à son hôte de marque, le Président Henri Konan Bédié. Cette célébration grandiose a revêtu un caractère spécial.
D’ailleurs, on lira avec intérêt le discours délivré, à cette occasion, par le Président Henri Konan Bédié qui évoque la symbolique dont cette rencontre en terre Ashanti est chargée.
Ces instants qui ont fait revivre une histoire vieille de 400 ans, relative aux peuples Ashanti et Baoulé, ramenaient à des liens ancestraux que ni le temps, ni la distance n’avaient réussi à estomper.
« Ces liens remontent, en effet, à plus de 400 ans quand différents groupes Akan dont les Baoulé, quittèrent cette terre de leurs aïeuls pour s’installer plus à l’Ouest. Avec à notre tête, nos deux premières Reines légendaires, ABRAA POKOU et AKOUA BONI, nous avons fondé un nouveau Royaume. Depuis, en dépit du temps et des frontières, les liens à travers les échanges de toutes natures, les visites familiales et professionnelles ont perpétué nos rapports sans jamais les renier », assure le président Bédié.
Ainsi, dans l’allégresse populaire, ont été célébrés l’ancien et le nouveau qui à travers les siècles, marquent la permanence de la civilisation Akan. Le pardon public de Henri Konan Bédié exprimé au nom du peuple Baoulé, à la suite d’événements tragiques ayant conduit la Reine Abla Pokou à s’exiler à l’ouest du continent, n’exprime rien d’autre que l’intangibilité de ces traditions Akan pour affirmer la prééminence du pardon et de la réconciliation dans les rapports entre les êtres. Car, ces actes tragiques, bien que perpétrés dans les temps anciens, n’autorisaient pas la perpétuation des rancœurs, ni leur oubli. Parce que le pardon et la réconciliation transcendent la vie des nations et des peuples.
« Mais les liens dont témoigne notre présence parmi vous sont surtout ceux qui unissent depuis des siècles, deux peuples à la même identité ethnique, sociale et culturelle. Nous sommes parents : ‘’ETI ANIAMAN, ETI KUN. E FIN BOUI KOUNGBA NOU’’, témoigne le visiteur.
Le peuple Baoulé ne pouvait s’affranchir de la nécessité de renouer avec ses origines encore vivaces à travers ses valeurs et ses traditions en oubliant son passé.
« Notre visite arrive donc, à point nommé, pour réaffirmer notre appartenance culturelle et sociale pour bâtir l’avenir. Elle permet également de demander pardon au peuple ashanti pour le fait malheureux qui s’est passé, il y a 400 ans, quand l’un des nôtres de la famille Dako a tué un roi. Je demande solennellement pardon, au nom de tous les Baoulé », a plaidé le président Bédié.
L’émotion générale ressentie à l’évocation publique d’une histoire que l’on croyait enfouie à jamais, la magnificence du roi des Ashanti, ne manquaient pas de grandeur dans une Afrique que l’on croyait oublieuse d’elle-même.
A.K.