Fespaco 2017 / Les femmes marquent leur participation de façon remarquable
La 25ème édition du Festival panafricain du cinéma et de la télévision de Ouagadougou (Fespaco) s’est tenue dans capitale burkinabè, du 25 Févier au 4 Mars 2017. Des professionnels intervenant dans la chaine de production des films en compétitions aux différents lauréats, en passant par les membres du jury et les participants aux Colloque international, des femmes ont été présentes pour défendre valablement la voix de la gent féminine dans la tenue de ce grand rendez-vous de renommée international du 7ème art africain.
En effet, au moment où le président burkinabé Roch Marc Christian Kaboré et son homologue ivoirien Alassane Ouattara -dont le pays était l’invité d’honneur de cette édition 2017-, procédaient ce 4 mars, à quatre jours de la journée mondiale de la femme, au clap de clôture de la biennale, les femmes du monde cinématographique et audiovisuel, dans leur ensemble semblaient satisfaites de leur participation. Et ce, à un moment où l’on parle de plus en plus de leur place dans tous les secteurs d’activités. Le film ‘‘Frontière’’ de la réalisatrice burkinabè, Apolline Traoré, qui était en compétition dans la catégorie Fiction Long Métrage pour l'Etalon d'Or de Yennenga, est l’une des productions qui a valablement défendu la place de la femme à ce grand rendez-vous cinématographique.
Bonne moisson pour Apolline Traoré
D’abord, ce film qui a la particularité de traiter des conditions de travail des femmes dans la communauté ouest-africaine, a été désigné pour ouvrir le bal des projections au Fespaco 2017. C’est la première fois que dans l’histoire de ce festival, le film d’une réalisatrice ouvre le bal des projections. Pour bon nombre d’observateurs du monde cinématographique, ce choix des organisateurs de la biennale, est plus qu’un honneur aux réalisatrices de façon particulière et aux femmes de façon générale, vue la pertinence de la thématique qu’Apolline Traoré traite dans le scénario. Pour Naky Sy Savané, l’une des actrices principales de ce long métrage, c’est un signal fort que les organisateurs du Fespaco lancent pour la promotion de la place de la femme dans l’industrie cinématographique. «Le Fespaco a compris que les femmes africaines travaillent dur pour le développement du cinéma sur le continent. C’est donc un Fespaco pour les femmes. Car, il y a beaucoup de films qui portent sur la question de la femme. Nous n’avons pas beaucoup de réalisatrices. Cette année, le Fespaco a bien fait de programmer beaucoup de films de femmes. Les femmes sont les vecteurs de l’intégration», a déclaré avec satisfaction NaKy Sy Savané.
En sus, à l’instar de sept films sur les 20 longs métrages en course pour l’Etalon d’or de Yennenga, ‘’Frontière’’ parle de sujets importants comme la solidarité entre les femmes, met à nu toutes les tracasseries qu’elles rencontrent malheureusement sur nos routes et à nos différents corridors dans l’espace CEDEAO. La réalisatrice interpelle les dirigeants africains à mettre fin à tous ces abus, aux violations des droits de l'homme, et surtout des femmes. Bref, ce film, présente l’image de la femme courageuse, en dénonçant les problèmes et les difficultés rencontrés par les commerçantes qui traversent nos frontières. Et comme, il fallait s’y attendre, Apolline Traoré a eu une très bonne moisson avec son film ‘‘Frontière’’, en glanant trois prix et non des moindres. Notamment, le Prix Paul Robeson, le Prix Félix Houphouët-Boigny du Conseil de l’Entente et le prix CEDEAO de l’intégration pour le meilleur film ouest-africain.
Une femme présidente du jury
On note aussi que la place de la femme est très perspective par le fait que plus de 50% des films en course pour l’Etalon de Yennenga, aborde de façon principale ou partielle des sujets liés à la vie de la femme. Mieux, les principaux rôles sont campés par les femmes. On peut citer entre autres, l’Ivoirienne Naky sy Savané dans ‘‘Frontière’’, la Congolaise Véro Tshanga Beya dans ‘’Félicité’’ ; Kadhy Touré dans ‘‘L’Interprète’’. Le scénario du film ‘‘Félicité’’ du Sénégalais Alain Gomis, qui a d’ailleurs raflé l’Etalon d’or de Yennenga, en est une belle illustration. L’actrice principale dans le rôle de Félicité, est une chanteuse, droite et fière, qui comme toute femme célibataire de la ville de Kinshasa, se bat comme elle peut pour s’occuper de sa petite famille. Mais elle sera confrontée aux épreuves de Kinshasa, la ville électrisante, douce et amère.
En plusdu fait que la femme est présente dans les thèmes traités dans les films et dans les principaux rôles, on note une présence remarquable de la gent féminine dans les trois jurys du Fespaco 2017, avec une femme présidente du Jury de la compétition des films documentaires et films d’écoles africaines de cinéma. Il s’agit de la Ghanéenne Yaba Badoé. Elle est journalistes, écrivaine, scénariste, réalisatrice et productrice.
En définitive, la participation des femmes à ce 25ème Fespaco a été le moins qu’on puisse dire, très active et remarquable. Il faut noter cependant, qu’en 25 éditions, aucune femme n’a encore brandit l’Etalon d’Or de Yennenga à un clap de clôture. A quand donc le sacre de la gent féminine, sur la plus haute marche du Fespaco ?
Abou Adams Envoyé Spécial à Ouagadougou