Formé en Egypte et candidat au ballon d'or 2018 / Mohamed Salah ou la revanche du foot africain
Mohamed Salah marche sur les traces des meilleurs joueurs africains…Et l’Egyptien est un candidat sérieux cette année, pour le prestigieux titre du ballon d’or, Fifa (Fédération internationale de football association). En voici les raisons données par l’Ivoirien, Gilles Yapi-Yapo, son ancien co-équipier au Fc Bâle en Suisse.
Peu de choses vont plus vite que Mohamed Salah sur un terrain de football. 34,3 km/h c’est la vitesse à laquelle l’Egyptien est flashé un soir de 2015-16, à une époque où il portait le maillot de la Roma, un club de l’élite italienne. Tout l’inverse de la courbe de sa carrière, des plus linéaires qui soient, de sa formation en Egypte à nos jours. Du moins n’a-t-elle réellement explosé qu’à son arrivée à Liverpool à l’été 2017, date à partir de laquelle il s’est dit que bon, le moment d’enquiller but sur but dans le championnat le plus concurrentiel de la planète et d’en devenir le meilleur joueur était peut-être venu. Il faut le dire. Si Liverpool joue une place en finale de Ligue des champions contre l’ancien club de Salah, c’est beaucoup grâce à ce dernier. Chiffres à l’appui : Des chiffres grandioses, peut-être un peu trop pour un homme dont l’ambition initiale était de devenir le meilleur footballeur égyptien de l’histoire et donc de surpasser Mohamed Aboutrika, dont l’absence de carrière européenne aurait rendu illégitime toute comparaison entre les deux hommes si Salah ne s’était pas hissé au niveau des meilleurs… du monde. Car c’est de ça dont il s’agit aujourd’hui, de Salah contre Ronaldo/Messi, pas de Salah versus Aboutrika. Pour la première fois depuis la couronne mondiale de George Weah en 1995, l’Afrique va peut-être décrocher un second Ballon d’Or. Version moins optimiste, pour la première fois depuis Drogba et Eto’o, elle croit à un podium.
Yapi-Yapo, son ancien partenaire au Fc Bâle le juge
On s’est d’ailleurs surpris à s’enflammer plus que Gilles Yapi-Yapo (Fc Aarau, ex-FC Nantes) pourtant ancien coéquipier de l’artificier égyptien en 2012-2013 au FC Bâle, étonné dès « le premier jour par son impressionnante explosivité » et fan du personnage, « un coéquipier très simple, très religieux et très agréable à vivre » au sein du vestiaire. C’est peut-être un peu tôt de parler Ballon d’Or pour Mohamed. Il commence à marcher dans les pas d’Eto’o et Drogba. Dans son pays, il est sur le même piédestal que ces deux-là niveau popularité, et en Afrique dans sa globalité, il ne doit pas en être très loin comme les matchs sont suivis et retransmis un peu partout. Mais le plus dur pour lui, c’est de confirmer dans les trois ou quatre ans à venir. Quand on voit que Neymar ne l’a pas encore eu alors qu’il est meilleur, ça situe la difficulté du Ballon d’or. Mais en tant qu’Africain je suis déjà très content de ce qu’il réalise. » La dimension continentale est ici importante. Car si ses deux illustres prédécesseurs - ivoirien et camerounais - ont fait de fiers ambassadeurs du football africain en Europe, Salah a été entièrement formé dans son pays, à l’Arab Contractors et évolué deux saisons dans le championnat égyptien. Le périple local du Scouser aurait pu durer plus longtemps si l’équipe qui l’a révélé, n’avait pas bloqué l’option d’un transfert chez les pharaoniques Al-Ahly et Zamalek jugés trop forts pour mériter un tel renfort. Tout ceci peut entraîner de nouvelles vocations et surtout enlever de l’esprit des ados africains l’idée que la réussite passe par un départ prématuré pour l’Europe. Yapi-Yapo en est convaincu : C’est un point positif pour l’Afrique. La réussite de Salah prouve qu’avec les moyens du bord dont on dispose en Afrique, quelques ballons et des équipements médiocres, on peut former d’excellents joueurs. Ça envoie un message aux jeunes. On peut être formé en Afrique, y commencer sa carrière et ensuite réussir en Europe. Pas partir tout de suite et se perdre. C’était vrai pour les frères Touré, pour Gervinho, pour moi et aujourd’hui Mohamed. »
Un prix Nobel pour Salah
Reste enfin la portée symbolique, presque politique d’un parcours à la Salah, surtout si celui-ci venait à être ponctué par un Ballon d’or. Car George Weah n’est pas le seul et dernier Africain lauréat de la plus grande distinction individuelle. « L’équivalent du prix Nobel du football, donc forcément un immense gage de fierté pour un joueur et un peuple » selon Yapi-Yapo. c’est aussi le seul et dernier à en avoir squatté le podium. Depuis, plus rien », a conclu l’ancien académicien.
A.H.
Avec 20minutes