Joss Kezo, artiste reggae : « Quand un artiste a un parti pris, il divise le peuple »
L’artiste reggae, Joss Kezo, chevalier de l’ordre du mérite ivoirien, se prépare à égayer les mélomanes avec un 7è album dédié à la mémoire son frère cadet. Avant la sortie de son nouveau bébé, le concepteur du Reggae, Ragga et zouk (Soca reggae) appelle les artistes à un engagement pour la paix.
Longtemps absent sur scène, à quand le retour de l’artiste ?
Je prépare activement mon nouvel album de sept titres qui viendra combler le vide musicalement. Je trouve qu’il est temps que je revienne sur la scène pour satisfaire mes fans. Cette année, je célèbre la commémoration de la disparition brutale de mon frère. Je remercie la Fesci (Ndlr : Fédération estudiantine et scolaire de Côte d’Ivoire) et l’Unafesci qui l’ont tant soutenu. L’opus présente un titre en hommage à mon frère et un remerciement aussi à la communauté estudiantine. Ce titre est dénommé Peace and lova. On a pris le temps, j’organise des séances d’écoute avec mon équipe. S’il y a des réglages, on les fait. Ce qui m’a amené à prendre tout ce temps, c’est l’anniversaire du décès de mon frère.
Peut-on s’attendre à des innovations sonores ?
Il est très important de rester dans sa ligne. Je ne veux pas que l’on fasse de la musique parce qu’il faut faire de la musique. Il faut conscientiser les mélomanes. Il y a tellement de sujets qu’on peut développer, par exemple la cherté de la vie, les pandémies. Je prends le temps pour bien travailler mes albums.
Très engagé pour la paix, avez-vous un message à l’endroit de la classe politique et des populations ?
Les artistes ne doivent pas avoir de parti pris. Le parti politique des artistes de Côte d’Ivoire devrait être le peuple. C’est dommage que d’autres prennent parti parce qu’il souhaite qu’on les aide. Je ne trouve pas cela mauvais. Quand un artiste a un parti pris, il divise le public. L’artiste doit jouer le rôle de rassembleur.
Votre présence scénique auprès de l’ex-première dame Henriette Bédié, vous a-t-il porté préjudice ?
Non. Madame Bédié était en son temps une femme de président de la République. Cela ne veut pas dire que je suis de son parti politique. Le Président Gbagbo m’a aussi dit qu’il aime ma musique. Mme Bédié a aimé ma musique. Quand elle m’invitait, je prenais mes cachets à la fin du spectacle. Je perçois mal certains « conscientiseurs » qui divisent le public. Un artiste, c’est celui qui rassemble son public autour de lui et prône la paix et la tolérance.
Ambassadeur auprès du ministère de la Santé pour lutter contre la polio, avez entrepris des actions dans ce sens ?
En tant qu’une personne handicapée, je suis sollicité pour apporter ma modeste contribution. Dieu merci, auprès du ministère, on a une droite ligne. Je voudrais remercier le nouveau ministre Pierre Demba de la santé. La sensibilisation et la vaccination des enfants, des populations, c’est le volet que nous menons auprès du ministère de la Santé. Cela fait près de 22 ans aujourd’hui qu’on est auprès du ministère. Nous avons fait plusieurs dons de fauteuils, de kits scolaires. Nous avons à nos côtés des partenaires qui nous aident. Il s’agit entre autres du ministère de la Protection sociale. Pour dire que je collabore avec deux ministères. Lors des rentrées scolaires, on essaie de rassembler des fauteuils roulants, des sacs d’école, les béquilles que nous allons octroyer aux enfants handicapés. On essaie de faire notre petit bonhomme de chemin. Nous faisons des heureux… (Rires) Et c’est beau.
Vous étiez un fanatique de certaines icônes du Reggae notamment Bob Marley, Alpha Blondy. Etes-vous réellement en contact avec Alpha ?
J’interprétais beaucoup les chansons d’Alpha Blondy au Lycée de Man. Il y a un artiste que j’interprétais beaucoup en son temps avant même le collège, c’était Bailly Spinto. Mais j’ai commencé à aimer le Reggae quand j’ai découvert Bob Marley. J’ai dit qu’il fait de la bonne musique. Bob Marley est quelque part loin dans un pays et il n’est plus de ce monde. Quand Alpha est arrivé, on a commencé à l’apprécier. Lui et moi, on devait se voir. Mais il était trop pris.
Envisagez-vous un featuring avec lui ?
Oui… (Rires). Nos deux voix se ressemblent tellement. Ce qui risque de créer une confusion. Mais, la différence est que moi je monte beaucoup en aiguë.
Entretien réalisé par
Amé Dinguy’s N.