Le RDR veut-il rompre avec la démocratie qui a guidé sa marche victorieuse ?
Des indiscrétions de plus en plus persistantes font état de ce que les députés (RDR) de la législation 2011-2016 auraient formulé la requête d’être reconduits systématiquement comme candidats du parti dans leurs circonscriptions respectives. La direction du parti analyserait actuellement cette doléance de nos augustes représentants à l’hémicycle.
Une telle perspective, injustifiable à bien des égards, suscite sinon l’ire, du moins une forte hantise parmi les militants.
D’abord parce que les prochaines élections législatives se tiendront dans un contexte normal, contrairement à celles de 2011. Il apparaît dès lors inadmissible que le choix des candidats se fasse selon un principe contraire à toute orthodoxie politique. Si une telle démarche a pu être comprise et acceptée pour les échéances de sortie de crise, elle serait tout à fait anachronique aujourd’hui ; surtout que ces Députés ont consommé la totalité de cette législature 2011-2016. Ils doivent par conséquent assurer et assumer une maturité, donc sortir de l’enfantilisme, et la Direction du Parti, du paternalisme étouffant
En effet, en 2011, le Président Alassane Ouattara venait d’accéder au pouvoir d’Etat et la direction du RDR avait dû peser de tout son poids dans le choix de nos candidats. Les candidatures des Maires et Présidents de Conseils Généraux avaient été reconduites systématiquement du fait que, pendant près de dix(10) ans, ceux-ci n’avaient pu donner la pleine mesure de leur capacité de gestion.
Au nom de la discipline du parti et pour privilégier la cohésion interne, un arbitrage avait été initié en faveur des élus sortants (Maires et Présidents de Conseils Généraux).
L’on se souvient du reste que cette option avait suscité une pléthore de candidatures indépendantes préjudiciables en définitive au parti, au décompte final.
En 2016, nous sommes face à d’autres enjeux, dont le plus impérieux reste la consolidation de la démocratie interne et du sentiment d’équité qui en découle.
La seconde raison qui rendrait cette décision parfaitement inacceptable, c’est l’histoire même du RDR.
Parti ayant été aux prises avec un déni de démocratie et les hérauts d’un ordre négateur, notre parti ne peut divorcer avec ses principes fondateurs en cautionnant un passage en force au bénéfice de certaines personnes, fussent-elles députés sortants.
Deux niveaux de responsabilité se dégagent dès lors en lignes de force. Primo, les députés en question doivent prendre conscience qu’ils sont l’émanation d’un idéal politique qui ne peut permettre aucune compromission avec la démocratie. D’ailleurs, ils ont été bel et bien en première ligne sur l’échiquier politique dans leurs zones respectives. La primauté de la voix de la base dans le choix des candidats devrait donc être à leur avantage, s’ils avaient été vraiment en contact avec cette base.
Le contraire signifierait qu’ils n’ont pas respecté les termes du bail qu’ils ont noué avec le terrain à la faveur des consultations de 2011. Comment refaire confiance à des gens qui trahi les principes de base donc l’idéal du RDR ? En fait, si beaucoup d’entre les Députés ont gardé le contact avec leur base en étant à leur écoute et préoccupations, bon nombre d’entre eux ont presque nargué les militants. Ils ont disparu nettement, oubliant que c’est bien le RDR qui a cautionné leur candidature. Ils sont restés loin des soucis des militants, loin de l’animation quotidienne du Parti au plan local, oubliant même de faire des tournées de remerciement aux électeurs. Certains ont du reste affirmé que leur élection est due à leur propre génie politique. Au soir de cette législature, ils ne veulent plus faire jouer leur génie politique mais cherchent la caution d’un Parti duquel ils se sont servis pour ensuite le rejeter comme une orange. Dans ce cas de figure, ils ne seraient pas les meilleurs chevaux de l’écurie RDR. Or, il est de notoriété publique que l’on ne va pas à une bataille avec des armes rouillées.
Secundo, la responsabilité de la direction du RDR est engagée sur la question. Elle ne peut dire une chose et son contraire. Ce serait une bifurcation à 180 degrés dont nous pouvons nous passer allègrement au sein de notre famille politique. Les chats à fouetter sont déjà légion, au moment où le RDR doit faire face au syndrome de tous les partis qui accèdent au pouvoir après une longue présence dans l’opposition. D’ailleurs, le contexte lié au vote référendaire ne s’y prête guère.
Le dépit des militants est trop bruyant, qui prend la forme d’un désamour ouvert avec la haute direction. Si l’on peut stigmatiser la propension d’une certaine opinion, au sein du parti, à vitupérer avec les loups, cherchant toujours matière à déprécier la gestion du Président Alassane Ouattara, il est fort à parier que nos militants s’accrochent à un ultime espoir, à la faveur des prochaines élections. Ils veulent avoir leur mot à dire dans le choix des candidats à qui ils devront accorder leur suffrage. Ils en font un principe non négociable et la condition sine qua non de leur adhésion aux consignes de vote du parti.
Souvenons-nous : ordinairement, les élections sont la revanche des humbles gens. Nos militants, forts de cette autorité, n’accepteront pas une complaisance institutionnalisée dont le but serait de perpétuer un ordre ancien. Ils accepteront encore difficilement qu’il y ait des élus protégés par la mansuétude éternelle de parrains officieux logés à la Rue Lepic.
Espérons que la voix de la raison sera entendue et que nous resterons fidèles à notre histoire vieille de plus de 20 ans en promouvant la démocratie interne. La preuve de la maturité intestine de notre Parti a été faite 2014 avec les élections des Secrétaires Départementaux et des Présidents des Structures Spécialisées (RER, RJR et RFR). C’est là, la marque distinctive des formations politiques modernes. Et le RDR aspire à en être une.
ZAMBLE BI Jacob, cadre du RDR