Lettre : « L'exclusion de Thiam de l'élection ivoirienne risque d'entraîner une nouvelle instabilité », préviennent des intellectuels
Des intellectuels internationaux tirent la sonnette d’alarme sur les dangers de l’exclusion du président du PDCI, Tidjane Thiam de l’élection présidentielle d’octobre 2025.
Votre article, « Thiam s'engage à lutter contre l'interdiction des élections en Côte d'Ivoire », du 24 avril 2025 est un exemple frappant de la fragilité actuelle de la démocratie dans le monde.
En disqualifiant l'ancien directeur du Crédit Suisse, Tidjane Thiam, de l'élection présidentielle d'octobre pour une question de nationalité, les tribunaux risquent de faire naître le soupçon que les lois sont appliquées de manière sélective pour écarter un candidat qui menace la coterie qui abuse de la fonction à des fins personnelles et dont le maintien au pouvoir serait compromis si Thiam remportait l'élection.
D'autres contestations douteuses devant les tribunaux visent à priver Tidjane Thiam de la direction de son PARTI, ce qui mettrait fin à sa participation au processus politique. Il s'agit là d'un mouvement de panique, déclenché par la menace d'un intérêt personnel.
Non seulement Thiam a été élu chef du Parti démocratique (PDCI-RDA) en décembre 2023 avec 96,5 % des voix des délégués, mais il est maintenant confortablement en tête des sondages nationaux.
La coterie intérieure nie toute ingérence dans la justice, ce qui n'est ni surprenant ni convaincant.
Aujourd'hui plus que jamais, la Communauté internationale des pays démocratiques a des raisons manifestes de s'opposer à l'autocratie naissante, où qu'elle germe.
L'exclusion de Thiam du processus démocratique au motif fallacieux qu'il a détenu la nationalité française risque d'aggraver l'instabilité dans un pays où les élections ont trop souvent été entachées de violences provoquées par ces mêmes irrégularités.
Le président Alassane Ouattara se souvient sans doute qu'il a lui-même été empêché à deux reprises de se présenter à des élections pour des questions de nationalité : il serait ironique qu'il se retrouve à présider une répétition.
Paul Collier
University of Oxford
Francis Fukuyama
Stanford University
Timothy Garton-Ash
University of Oxford and Stanford University
Dani Rodrik
Harvard University
Nicholas Stern
London School of Economics
Leonard Wantchekon
Princeton University
Cet article est extrait du site du Financial times, publié sur Financial times