Père Basile Diané : « Je n’arrive pas à me taire quand un président de la République piétine la constitution, triche et ruse avec tout un peuple »
Né le 2 janvier 1971 à Dabou, de père enseignant, Basile Kognan Diané, curé de la paroisse Saint Antoine de Padoue de Moossou fête ses 25 ans de sacerdoce, le dimanche 28 avril 2024. Le journaliste écrivain revient, dans cet entretien sur son riche parcours mais aussi ses engagements pour les faibles et la justice sociale, objet de cette célébration.
Comment êtes-vous devenue prête ?
J'ai été ordonné prêtre de Jésus-Christ le 17 avril 1999 à Moossou des mains de Mgr Paul Dacoury-Tabley, Évêque du diocèse de Grand-Bassam à l'époque. J'ai débuté comme vicaire à la paroisse Cœur Immaculé de Marie d'Impérial et juste après, j'ai constitué d'une confiance inouïe de mon Evêque qui me nomme après un an de ministère comme directeur de Radio Espoir en remplacement d'un ''gourou'' des médias, le Père Gianfranco Brignone de mémoire regrettée. Je n'avais pour seul diplôme que ma volonté et mon amour des médias ; un amour forgé depuis le moyen séminaire de Yopougon où j'étais l'un des animateurs de la célèbre association des séminaristes écrivains en Herbe (ASEH).
J'y passe douze ans de ministère que je vais alterner avec des formations en journalisme, des stages en journalisme, des voyages et séminaires d'études au Burkina Faso, en Thaïlande, en Chine, en Italie etc.
Je prends aussi des cours de gestion (je n'y comprenais vraiment pas grand-chose) dans une structure annexe à l'Université d'Abidjan, je suis aussi des cours de gestion en ressources humaines. J'ouvre concomitamment un centre d'accueil (Centre d'Accueil P. Gianfranco) lié à la radio où je fais de l'écoute, de la direction spirituelle et de l'accompagnement spirituel personnalisé.
Après 12 années d’un ministère intense dans les médias (j’étais par ailleurs aussi responsable des émissions catholiques à la RTI et directeur de la revue ‘’Rencontre’’, un mensuel de la Conférence épiscopale en Côte d’Ivoire), Mgr Raymond qui entre temps était devenu Evêque du diocèse, a jugé qu’il était bien que je fasse une autre expérience en paroisse. C’est ainsi qu’en octobre 2012, je débarque en Belgique dans le diocèse de Namur (un très beau et accueillant diocèse) pour une expérience pastorale qui va me former et me forger. Je ne fais qu’écrire depuis lors en tant que journaliste sur tout ce que j’ai vécu de bien, de beau, de fâcheux, d’incroyable et d’inénarrable. Je m’apprête même à sortir à cet effet une dernière œuvre. Une autre est prévue prochainement sûrement en fin d’année 2024 avec la grâce de Dieu.
En 2019, Mgr Raymond et son conseil me font reprendre du service dans mon diocèse d’origine (Grand-Bassam) en me nommant comme curé de Moossou et depuis septembre 2019, je suis à Moossou comme curé de paroisse à la paroisse Saint Antoine de Padoue de Moossou.
Quels sont vos meilleurs souvenirs dans toutes ces paroisses et institutions où vous êtes passés ?
Que de bons souvenirs ! Et quelle grâce inouïe de Dieu. Figurez-vous comme indiqué plus haut, que je sors du grand séminaire pratiquement recalé et renvoyé. Mgr Dacoury à l’époque qui était l’un des évêques les plus redoutés et irréductibles se demandait ce qu’il allait faire de moi. J’ai eu à la vérité une difficulté particulière d’accommodation avec un de nos formateurs et cela m’a poursuivi. Je sors du séminaire à peine comme lecteur. Naturellement au diaconat, on me recale. Et en plus, on me recale avec mon ami intime le Père Pierre Ahoulou. C’était dur à vivre et un peu rigolo aussi. Les deux grands amis sont recalés et en probation. Je suis affecté à la paroisse d’Impérial qui venait d’ouvrir avec un curé au grand cœur, le Père Justin Aka, un homme jovial et sans problème comme on aurait souhaité en avoir plein dans le sacerdoce. Il me responsabilise, me fait confiance, m’encadre, me chouchoute, il me fait adopter même par sa famille. Toute la paroisse d’Impérial est ‘’séduite ‘’ par mes modestes méthodes. Tout le monde ne parle que du nouveau vicaire qui n’est que lecteur. La santé du Père Justin étant chancelante à cette époque, il me met sous la responsabilité du Père Joseph Aka qui a été récemment nommé et sacré Evêque de Yamoussoukro. Vous comprenez alors les liens très forts qui m’unissent à celui que j’appelle "grand frère" ’Le Père Joseph faisait équipe avec nous au presbytère de Moossou et était chargé de l’aumônerie des jeunes et après même curé de Moossou. Sincèrement, les deux pères m’ont beaucoup apporté dans mon jeune ministère. C’est pourquoi depuis mon retour au pays, je suis à mon 3e vicaire. Vous pouvez vous renseigner, ils sont en phase et en communion avec moi. Aucun problème !
C’est l’occasion de saluer tous les paroissiens de cette sympathique paroisse (la paroisse du quartier Impérial de Grand-Bassam) qui m’ont adopté et avec qui j’ai gardé de grands et inoubliables souvenirs. C’est d’ailleurs de cette paroisse qu’on m’a fait acolyte, ordonné diacre et prêtre. J’étais à l’époque aumônier des enfants et vous ne pouvez pas comprendre ce grand souvenir de cette forte et immense sensation de tous ces enfants qui scandaient mon nom à mon ordination. Je ne savais pas s’ils comprenaient grand-chose mais c’était extraordinaire et touchant. J’étais leur petit papa, leur ami et confident. Ils sont nombreux ces enfants qui ont grandi maintenant et qui sont de grands responsables et qui sont encore beaucoup liés à moi.
Que retenir de votre passage à la tête de Radio Espoir ?
L’expérience à Radio Espoir a été un grand miracle comme j’en ai eu souvent dans ma vie. C’est pour cela que je magnifie le nom du Seigneur et le glorifierai à jamais. Figurez-vous que je sors à peine de formation, on vient à peine de m’ordonner prêtre et on me bombarde à la tête d’une des plus grandes structures du diocèse sans aucune expérience. Le père Franco dans sa liste de personnes capables de le remplacer, mon nom ne figurait nulle part. L’évêque ne m’a posé aucune question et m’a appelé un matin pour me donner l’information. J’étais le "chouchou" d’Impérial, personne ne voulait me laisser partir. Moi-même j’y étais trop à l’aise. Le jour de la messe d’au revoir, le curé a craqué y compris moi-même, l’émotion était trop forte. C’est depuis ce jour-là que pour la petite histoire quand je quitte une structure, je me lève un matin et je pars. J’ai juste écrit quand je quittais Radio Espoir un courrier à chaque agent, j’ai rencontré chaque agent pour lui présenter mes excuses, je suis revenu un matin pour la passation de charges et je suis parti. J’ai fait la même chose en Belgique. En fait, quand je suis dans une mission, je me donne à fond et je deviens fusionnel avec les gens de telle sorte que dire au revoir est un vrai déchirement.
Aujourd’hui sur cette paroisse dans laquelle je suis (la paroisse de Moossou), j’ai créé modestement une atmosphère de famille où on est vraiment en communion et en phase. Si vous me voyez dans les rues avec les enfants, les jeunes et la population, je suis devenu franchement l’un deux, sans tricherie, sans farce ni artifices. Tout cela fait que je redoute mon jour d’affectation mais cela arrivera. Il faut savoir partir. En tout cas, je ne triche pas là où on me met. A Radio Espoir, je me suis donné à fond. Je demande modestement à tous de se souvenir en quelques années de ce que j’ai pu laisser à la postérité à Radio Espoir. Même si aujourd’hui, franchement, j’ai mal que mon si beau projet de centre de retraite soit laissé à l’abandon, de façon générale, je suis fier qu’aujourd’hui modestement quand vous parlez de Radio Espoir, on y associe vite mon nom. J’ai laissé quand même de petites traces dans l’histoire (rires). J’avais une trop grande vision pour la radio par exemple sur la cité des agents pour laquelle j’ai pu acquérir un terrain de 2000 mètres carrés en plein Bassam. Il fallait le faire ! On ne va pas refaire l’histoire. Aujourd’hui, je suis sur une paroisse où je suis plus qu’heureux avec des paroissiens formidables, sincèrement et deux conseils qui sont en phase et en grande communion avec moi. Et tout cas, ce que nous avons réalisé de merveilleux sur cette paroisse de Moossou, l’a été pour leur sens de l’Eglise. C’est pour cela que lorsque j’ai construit le Centre d’Accueil Miracle de la paroisse, j’ai mis leur nom sur chaque chambre. Comme pour dire je ne recherche pas une gloire personnelle ; il n’y a nullement mon nom sur les chambres. A Radio Espoir, il n’y a aucune salle, aucun studio qui porte mon nom. Or Dieu sait combien de salles et de studios que j’ai ouverts. Ceci pour dire encore que moi je suis un fils de l’église et que ce qui compte, c’est le bien de l’église. J’aime mon église, je le clame et je l’assume.
Pouvez-vous nous raconter votre expérience en Belgique ?
Mon histoire en Belgique a été une histoire incroyable. Je pourrai vous en parler jusqu’à demain. Pour résumer, cela a été une histoire bouleversante et incroyable. Me voir moi tout petit au milieu de tant d’autorités belges en train de parler, de faire une homélie, de débattre et de leur enseigner un tas de choses sur des réalités de l’Afrique et de la vie ; tout cela m’a fait réfléchir. C’est pour cela que je partage dans mes écrits toutes ces expériences vécues. Je retiens le "manque de foi" de nombreux citoyens vers qui j’ai été envoyé mais leur engagement au service du social est incommensurable. Je comprends qu’ils expriment leur foi en Dieu à travers toutes les structures sociales mises en place par l’administration communale et par leur sens élevé du bien être de tout homme.
J’avoue que c’est leur amour sans faille pour l’homme et le fait de m’avoir accepté comme curé malgré la couleur de ma peau et de la différence culturelle, c’est cela qui m’a fait ouvrir dès mon arrivée sur cette paroisse sa dimension internationale. En fait, j’ai dit que je voudrais que cette paroisse soit internationale, ouverte à toutes les sensibilités socio ethniques, à toutes formes de races et de cultures que ce soit en Côte d’Ivoire, en Afrique ou du monde entier. Et quand je vois des chrétiens qui viennent de partout et que d’une seule messe anciennement sur cette paroisse tout le week-end, on passe à huit voire neuf, je crie waouh ; Dieu est merveilleux. J’ai modestement réussi quelque chose de miraculeux. Avec l’équipe presbytérale et les deux conseils.
Révérend Père, que représente cette célébration du jubilé pour vous ?
Tant et tant de choses. Une action de grâce à Dieu d’avoir voulu et permis que je sois son prêtre malgré mon caractère fougueux et mes limites. Dieu a regardé plus que toutes mes petites qualités que j’avais sûrement. Je n’ai certainement aucun mérite par rapport à d’autres de mes confrères qui n’ont pas pu célébrer 25 ans ou même ceux de ma promotion qui sont décédés. Je voudrais vraiment rendre grâce au Seigneur devant mes parents, amis et connaissances de la grâce qu’il m’a faite de rencontrer sur mon chemin, le Père Gustave Diambra de regrettée mémoire, Mgr Joseph Akichi (Paix à son âme) que je ne peux pas oublier. Pour la petite histoire, il m’a réprimandé un jour dans son bureau pour une intervention publique qu’il n’avait pas appréciée. Lui aussi était un père, comme le père Diambra. Dieu m’a fait la grâce de connaître et d’être aussi très proche de Mgr Paul Dacoury-Tabley dont franchement la probité morale, la justice et la vérité déteignent sur moi. Je peux le dire. Je vous épargne quelques détails mais si j’ai pu rester 12 ans à Radio Espoir, c’est parce qu’il savait apprécier la grande vitalité de la radio dont on ne vendait pas chère la peau après le départ du père fondateur. C’était mon premier conseiller. Il croyait en mes capacités; je bouillonnais d’idées et d’initiatives et quand il sentait que l’Eglise pouvait en tirer un grand profit, il m’accompagnait. C’est pour cela qu’il est venu bénir le centre d’accueil Père Gianfranco, après y avoir vu le bien fondé. Et bien d’autres choses. C’est pour cela que je n’ai pas hésité à sortir des livrets sur lui et un document filmé. C’est un trésor pour ma vie de prêtre et de toute l’Église universelle. Je voudrais pour ce qui concerne Mgr Ahoua dire merci à Dieu pour ses deux grandes visions à mon égard : celle de me faire partir en Belgique, ce qui a changé mon regard sur la manière de vivre mon ministère sacerdotal et celle de me faire revenir à Moossou où je me sens bien et épanoui. Franchement Dieu me bénit sur cette paroisse. Au moment de la crise de la Covid, toutes les églises étaient fermées et tout le monde lui mettait la pression pour lui demander de me dire de fermer l’église. Je le savais embarrassé et quelqu’un m’a soufflé de lui envoyer un message pour lui dire ce que je faisais et les menaces dont j’étais l’objet. Je lui ai donc envoyé un SMS et quelle ne fut ma grande surprise alors que j’attendais qu’il me réprimande et me gronde, il ne me dit que "courage" ! Je dis Ahi ! Je ne voulais pas fermer mon Eglise, je voulais juste continuer à maintenir la flamme de la foi en respectant les gestes barrière. Il m’a accompagné de sa prière pour ne pas me voir souffrir car je n’arrivais pas à imaginer ma paroisse fermée après être revenu de paroisse déjà «fermée» naturellement même sans Covid. Franchement c’est une grâce pour moi de l’avoir et de me faire confiance jusqu’à me confier en communion avec son vicaire général, la rédaction de l’histoire des 40 ans du diocèse. J’en ai bavé avec mon comité mais cela a été une expérience enrichissante à plusieurs niveaux. C’est l’occasion sans démagogie de dire merci à Mgr Raymond surtout de m’avoir fait revenir au bon moment. J’avoue que j’ai hésité à revenir puisque dans ma tête, je partais pour dix ans et surtout aussi que l’évêque de là-bas comptait sur moi pour dix ans. Les paroissiens ne voulaient pas me lâcher et une fois de plus, l’évêque a posé un acte glorieux à mon égard, celui de me faire remplacer par un autre confrère, histoire d’apaiser les mécontents pour qui mon départ était trop brusque.
Le jubilé c’est de dire merci à Dieu d’avoir mis sur mon chemin des personnes exceptionnelles comme les Pères Roger Ahoua, Pierre Ahoulou, Alexandre Kouassi, Jean Camille Bationo, Venance Asseman, Mgr Jacques Ahiwa et aussi tous ces promotionnaires humains, fraternels et solidaires.
Le Jubilé, c’est de dire merci à toutes ces familles qui m’ont adopté au sens vrai du terme. Il y en a dont je suis devenu le papa. La famille Gba Tean par exemple et bien d’autres. C’est touchant quand un papa vous remet entre ses mains ses enfants avant de mourir, ou qu’une mère qui perd son époux vous dit "mon père, ce sont tes enfants, prends-les" ou quand on vient t’abandonner un enfant dans ton bureau pour te demander de le garder définitivement car on ne sait pas ce qu’il faut en faire. Aujourd’hui, je suis père plus que spirituel de tant d’enfants qui n’ont que moi comme visage paternel.
Le jubilé c’est de dire Merci à la famille Degny de Port-Bouët, la famille de maman Imboua (la famille du célèbre journalise Degny Maixent; c’est mon grand frère), les familles Ahoulou, Ahiwa, Achi, Brou Elisabeth, Elloye, Gogo Dibo, la famille de maman Kassi Stella, la famille de Maman BéLé Roux Elisabeth, la famille Ligan, la famille du Professeur Konan Emmanuel à Dimbokro, les familles Gnanzou Kouassi, Kodjo à Grand-Bassam, Amon Kothias, Amalaman, Ipaud Lago et bien d’autres.
Dieu m’a fait grâce d’avoir toutes ces familles qui m’ont intégré à leurs familles respectives.
Le jubilé, c’est de dire Merci à Une famille qui n’a jamais voulu que je cite son nom mais qui discrètement me prend en charge et à travers moi prend en charge continuellement 5 prêtres amis. C’est une famille exceptionnelle et providentielle qui fait vraiment tout pour moi.
Dieu me bénit et il m’a béni sans aucun mérite de ma part. Le jubilé, c’est de dire Merci à des amis qui sont devenus des frères et des sœurs et qui m’accompagnent à chaque étape de ma vie. Ce qui est formidable, c’est que sachant que tout ce qu’on m’offre en grande partie comme argent va pour le soutien aux pauvres, veuves, orphelins, prisonniers et autres prises en charge, ces derniers se sont organisés chaque fois que des parents proches tombent malades, ils s’organisent pour les prendre en charge à 90 et cent pour cent. C’est unique et exceptionnel. Ils m’ont évité plusieurs fois la honte et l’humiliation (rires). Je peux citer sans les froisser maman Hélène Gneka, Gnanzou Kouassi, Professeur Emmanuel Konan, Seka Remy et Richard Blarrhos. Grand merci à ces grands amis.
Le jubilé c’est de dire merci à Dieu pour mon fils Jean Michel qu’il m’a donné à la perte de son père biologique. C’est ma fierté. Il est devenu dans la grâce du Jubilé directeur de cabinet du ministre de la Construction et de l’Urbanisme. C’est l’une de mes grosses bénédictions. Elever un enfant que Dieu met sur ta route et qui parvient à ce niveau de responsabilité sociale, c’est édifiant !
Le jubilé c’est de dire merci à tous ces enfants qui me sont chers et qui constituent le comité d’organisation de ce jubilé avec à sa tête Achi Antonin.
Le jubilé, c’est de dire merci à tous les paroissiens formidables, à commencer par les deux conseils, notre roi Kangah Assoumou, le maire de la commune de Bassam, Jean-Louis Moulot, un monsieur au grand cœur, au président du Conseil d’Etat, Yao Patrice dont la simplicité m’édifie toujours et me parle, à papa Koffy Fulgence, à Papa Jean Louis Ekra, Kamon Adiaba Joachim, Me Bilé Aka et Croy Dimitri.
Je n’oublie pas tous ces enfants dont j’ai été le prêtre qui a assisté au mariage au nom de l’Église (c’est extraordinaire. Ils sont plus de 200 en 25 ans de prêtrise). C’est formidable. Pour beaucoup, je suis devenu le frère, le papa et le confident. Le responsable de cette fraternité, tenez-nous bien est un chrétien méthodiste, Papa Bilé.
J’ai trop de motifs pour dire merci au Seigneur. Merci enfin pour mes parents pour le soutien et merci à Dieu d’avoir permis que la famille délègue un qui est avec moi à chaque étape de ma vie depuis le petit séminaire, celui qu’on appelle tous tonton Marius. Depuis mon entrée au petit séminaire jusqu’à ce jour, il suit et guide mes pas. C’est une grâce exceptionnelle de l’avoir toujours à mes cotés.
Votre nom rime avec vérité et engagement socio-politique…
Tout à fait, j’y ai perdu beaucoup d’amis qui n’ont pas réussi à prendre de la hauteur vis-à-vis de quelques prises de position que le Seigneur m’inspire en tant que son prophète. Tous mes amis vous le diront, je ne supporte pas le mal, le cynisme et la méchanceté gratuite. C’est plus fort que moi. Je n’arrive pas à me taire lorsqu’on organise une élection déjà pipée avec une commission électorale bancale. Je n’arrive pas à me taire quand un président de la République censé protéger la constitution, la change, la bafouille et la piétine, quand il triche et ruse avec tout un peuple. Je n’arrive pas à me taire quand je vois qu’on crée des conditions pour qu’on s’affronte à des élections et que des élections entrainent des mutilés et des morts d’homme. Je n’arrive pas à me taire face à l’injustice criarde dans ce pays, quand je vois les conditions de vie des prisonniers, quand je vois que pour un oui ou un non, on va t’expédier en prison, quand je vois qu’il y a des personnes qui croupissent en prison sans jugement pendant de nombreuses années. Ce combat pour la dignité humaine en Côte d’Ivoire, je ne peux que le mener et je le mènerai vaille que vaille. C’est vrai qu’il y a des membres de ma famille qui s’inquiètent pour moi, il y a des portes qui se ferment pour moi mais je suis prêtre et encore journaliste. Ma mission sacro-sainte est de dire la vérité et de dénoncer ce grand mal en Côte d’ivoire. Je ne pourrai pas changer. Je n’insulte personne mais avec l’expérience vécue en Europe, je ne peux pas accepter ni aujourd’hui ni demain que des libertés soient bafouées et que la médiocrité soit célébrée.
Votre mot de fin mon père…
Je voudrais pour finir demander pardon à tous ceux que j'ai eu à choquer et à frustrer par une parole inappropriée ou par une attitude qui frustre. Pardon pour tous ceux que je n'ai pas pu satisfaire lorsqu'ils m'ont demandé de l'aide. C'est vraiment un crève-cœur pour moi. Je vis bien souvent de providence et je n'ai pas toujours les moyens de faire face à de nombreuses sollicitations. C'est pour cela que je prie le Seigneur de m'accorder la grâce d'avoir de nombreux bienfaiteurs pour continuer à faire du bien autour de moi et à rendre beaucoup de personnes heureuses.
Je voudrais encore dire merci à tous ceux qui m'entourent de leur amitié et de leur générosité, à tous ceux qui soutiennent mon ministère. Puisse cette célébration apporter un surcroit de bénédiction à tous et à toutes. Bonne fête !
Interview réalisée par AK