Port-Bouët : Ménacés de déguerpissement, 80.000 habitants bientôt jetés à la rue
Les populations des quartiers Toviato, Alladja, Vanou, Ewing, Bidet et du Boulevard de Vridi-Cité ont le sommeil troublé. Un avis d'expulsion de la mairie de Port-Bouët leur a été servi. Selon la mise en demeure reçue, le 3 août dernier, les habitants devraient quitter le site avant le 25 août prochain. C’est donc pour protester contre ce fait que les responsables des associations de ces quartiers étaient face à la presse, le 17 août pour dénoncer le projet du maire de Port-Bouët, Sylvestre Emmou.
C’est une population debout et déterminée qui a adressé au premier magistrat de la commune de Port-Bouët, un énième appel à ‘‘la raison et au bon sens’’. La population, estimée à près de 80 mille âmes, fait l’objet de harcèlement de la part de la mairie. A en croire le conférencier, la mairie de Port-Bouët prétend que le gouvernement ivoirien et la Société ivoirienne de raffinage (Sir) exigent la libération des lieux qui présenteraient des risques du fait de l’érosion côtière et du pipeline de la Sir.
« Ces allégations sont d’autant plus fausses qu’aucun pipeline de la Sir ne traverse le quartier concerné et aucun communiqué du gouvernement ne mentionne notre quartier comme un quartier présentant des risques quelconques. C’est tout simplement une ruse de la part du maire qui selon des informations fondées, souhaite récupérer ces sites pour les rétrocéder à un opérateur économique à des fins pécuniaires », a dénoncé Dao Zoumana.
Le porte-parole des populations de Toviato a rappelé que plusieurs tentatives d’amener le maire, Dr Emmou, à surseoir à ce projet ont malheureusement échoué. Il est allé plus loin en soutenant que ces populations n’avaient pas voté pour lui lors des derrières élections législatives. « D’où la connotation vengeance de son projet », est-il convaincu. Dès lors, il a lancé un appel aux autorités. « Nous lançons un cri de cœur au chef de l’Etat et au gouvernement ainsi qu’à toutes les organisations de défense de droit de l’homme d’interpeller le maire de la commune afin qu’il mette fin à son projet inhumain qui consiste à jeter impunément des milliers de familles dans la rue », a affirmé Dao Zoumana, Porte-parole de l’Association des habitants du quartier Toviato, Alladja, Vanou, Ewing, Bidet et du Boulevard de Vridi-Cité, logées sur 10 hectares.
A la suite du porte-parole, le président de l’Association, le doyen Coulibaly Lanzeni, a également plaidé pour un abandon du projet. « Nos habitats sont essentiellement des femmes, des personnes de 3ème âge et plus de 4000 élèves et étudiants installés sur le site depuis l’aube des indépendances. « Si le quartier est rasé, tous ces enfants n’iront pas à l’école lors de la prochaine rentrée. (…) La Sir et les ministères que nous avons saisis ne reconnaissent pas le projet. Nous demandons donc au maire d’abandonner ce projet », a-t-il justifié.
A. K.