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Isaïe Biton Koulibaly est l’écrivain le plus populaire de la Côte d’Ivoire. Avec une centaine de publications, tout genre confondu. Un succès qu’il doit à la thématique de ses œuvres : les femmes.

 

Sa réputation, IBK l’a construit avec son best-seller « Ah ! Les femmes » dont les retirages ne se comptent plus. Ancien responsable du service littéraire des Nouvelles éditions ivoiriennes, correspondant permanent du magazine Amina pour la Côte d’Ivoire, il est aussi chroniqueur dans plusieurs journaux ivoiriens.

C’est à 9 ans, au CE2, que l’envie d’écrire lui vient après avoir vu l’image d’un Noir, Kwame Krumah, sur la couverture d’un livre. Ce désir s’accroit quand il lit « Le petit chose » et de « Jack », d’Alphonse Daudet. Alors qu’il a à peine 15 ans, il s’inscrit à la bibliothèque Kennedy de Treichville et y dévore quasiment tout Pearl Buck. Puis, ce sera au tour de Pouchkine, auquel dit-il « devoir les principes clés de son esthétique : simplicité, clarté, rapidité et concision ». Au lycée, IBK va s’orienter vers la littérature par une abondante lecture. Quand il est orienté à la faculté des lettres modernes de l’université d’Abidjan, il s’intéresse à la critique littéraire mais apprend surtout aussi à écrire « grâce à l’école française de rédaction dont l’un des cours sur la simplicité va complètement changer ma vision de la littérature ». La carrière d’écrivain d’Isaïe Biton Koulibaly commence dans les années 1970 quand il publie « La Légende de Sadjo ». En 1982, il prend son premier grand rendez-vous avec les lecteurs en publiant « Le Domestique du président ». Mais son succès part de la sortie en 1987 de son recueil de nouvelles intitulé « Ah ! Les Femmes… » Mais ce grand succès, les critiques littéraires notamment les universitaires dénoncent sa simplicité trop poussée.  « Ils ne savent pas tout simplement. Le nouveau roman a été un échec dans le monde entier. Le public en Europe et surtout en France s’est détourné de la littérature à cause de la structure qu’on avait voulue lui imposer. La simplicité fait partie de la qualité du style. Un grand auteur français qui m’a enseigné l’art d’écrire, disait que la simplicité, cet art de paraître sans art, est l’apanage des grands écrivains et ceux « qui ne savent pas », reculent devant le naturel du langage et du style. Ils ont peur des mots familiers, ils craignent, en les employant, de se diminuer dans l’appréciation de ceux qui les lisent.

 

Simpliste, véridique…

A force de recherches, on risque d’être moins bien compris et de nuire à la pensée que l’on souhaite exprimer ou du paysage que l’on veut peindre. A moins d’avoir du mépris pour son public comme le dit Sertillanges qui n’a jamais cessé de dire que la fioriture est une offense à la pensée, à moins que ce ne soit un expédient pour cacher son vide. Je continuerai d’écrire des grandes œuvres avec les mots de tout le monde », prévient Isaïe Biton Koulibaly.

 

Son modèle, l’écrivain russe Pouchkine. « Il (Pouchkine) est mon auteur préféré de même que l’Italien Alberto Moravia mais je suis porté vers la littérature russe classique. J’ai tout lu de Tolstoï, de Tchékhov, de Dostoïevski, de Gogol sans parler de Pouchkine dont la biographie écrite par Henri Troyat est un vrai traité de style. Les auteurs russes classiques savaient peindre l’amour dans le social et le politique. « Ah ! Les femmes » est un modèle du genre. Quand on me parle d’un livre sur la femme, je suis interrogateur sur la personne qui me le dit. Jamais un livre n’est aussi social et politique. Heureusement que des spécialistes qui l’ont introduit dans leurs cours, dans des universités, l’ont compris ainsi que plusieurs lecteurs. Tout le monde n’a pas connu cette littérature classique russe adaptée à la réalité d’aujourd’hui. » Pour lui, « notre société manque de culture. Or, tout développement est basé sur la culture. Seuls les arts, la culture et la lecture peuvent développer notre pays et par ricochet l’Afrique. Si les Ivoiriens lisaient beaucoup, nous n’en serions pas où nous sommes aujourd’hui. Car, à travers la culture, on pouvait non seulement se projeter hors de nous-mêmes, mais on pouvait résoudre nos contradictions, nos différences et nos différends. » De moins en moins visible ces dernières années du fait d’une santé devenue fragile, et malgré la dureté des critiques à son égard, Isaïe Biton Koulibaly n’en demeure pas moins l’écrivain le plus lu en Côte d’Ivoire. Il faut souligner qu’IBK est né le 7 juin 1949 à Treichville (Côte d'Ivoire). Il est marié et père de trois enfants.

 

Aimé Dinguy’s N.