Santé/ Calvitie, le mal se guérit selon des spécialistes
La perte de cheveux ou encore la calvitie, est causée par de nombreux facteurs. Elle est typiquement liée à l’ostéoporose. La plupart du temps, selon les médecins, la prise de médicaments s’accompagne d’effets secondaires. Et parfois, ceux-ci sont surprenants avec la perte de cheveux sur le cuir chevelu ou de poils sur toute autre partie du corps. Des chercheurs assurent qu’un traitement contre l’ostéoporose pourrait faire repousser les cheveux.
L’ostéoporose est caractérisée par une perte de la résistance des os qui prédispose aux fractures. Quels sont les traitements les plus adaptés à cette maladie qui est liée à la calvitie? Selon Dr. Prospère Coba, médecin généraliste au service médical des fonctionnaires, il existe plusieurs médicaments capables de freiner la dégénérescence osseuse, tout en réduisant de manière significative, les risques de fractures. De plus, il est souvent possible de retrouver une partie de la masse osseuse perdue. Faut-il le rappeler, le risque de fracture peut être réduit même dans les situations où la masse osseuse demeure stable. Les médicaments sont utilisés uniquement lorsque le risque de fracture est jugé élevé.
Deux probables traitements selon les spécialistes
Il n’existe aujourd’hui que deux traitements à la calvitie (l’alopécie androgénétique comme l’appellent les spécialistes). A savoir le minoxidil et le finastéride. Mais tous les deux ont des effets secondaires indésirables. Comme les démangeaisons, la baisse de la libido ou des maux de tête. Et leur efficacité laisse souvent à désirer. A la recherche d’une nouvelle alternative, à la fois plus efficace et qui serait mieux tolérée par les futurs patients, des chercheurs de l’université de Manchester au Royaume-Uni, se sont intéressés à l’action de la cyclosporine C (CsA). Ce médicament est traditionnellement administré pour éviter un rejet de greffe, ou pour lutter contre des maladies auto-immunes. Parmi ses effets secondaires bénins, le fait qu’il stimule la croissance des cheveux. Il existe un bulbe de follicule pileux humain qui détient un centre de contrôle pour la croissance des cheveux.
Comment favoriser la croissance du follicule pileux
Un follicule pileux ou follicule pilo-sébacé, est la cavité dans laquelle le poil prend sa naissance. Une structure particulière de la peau qui produit le poil en assemblant des cellules produites dans le follicule par kératinisation. Une étude approfondie de la molécule a permis aux chercheurs de conclure que la CsA réduit l’expression d’une protéine baptisée SFRP1. Cette protéine inhibe le développement et la croissance des tissus. Notamment celle des follicules pileux. Les chercheurs ont ensuite trouvé qu’un médicament contre l’ostéoporose, le Way-316606, ciblait la même protéine. Des expériences ont déjà été menées sur les follicules pileux de plusieurs dizaines de donateurs volontaires. Cependant, un essai clinique reste indispensable à la confirmation de l’efficacité du traitement... et de son innocuité.
On en est peut-être à un cheveu
Les médecins chercheurs sont remontés jusqu’à la racine de la calvitie! Une molécule, la prostaglandine D2, serait particulièrement bien représentée dans les tissus dégarnis. Et empêcherait la croissance des cheveux. Des pistes de traitements sont déjà avancées, et les chercheurs ont mis en place, ces médicaments sur le marché depuis des années. Tout le monde se souvient de ce rituel. Durant la Coupe du monde de football 1998, le défenseur français Laurent Blanc allait toujours, avant le coup d’envoi des matchs, poser un baiser sur le crâne chauve de son gardien de but Fabien Barthez. Vingt ans plus tard, lors de l’édition 2018, ce geste affectueux sera-t-il encore possible ? Pas sûr, affirment des chercheurs de l’université de Pennsylvanie (Philadelphie), qui annoncent dans ‘’Science Translational Medicine’’ avoir découvert une molécule qui serait impliquée dans la calvitie. Un lipide, la ‘’prostaglandine’’ D2 (Pgd2), semble jouer un rôle dans l’inhibition de la croissance capillaire. Cette nouvelle est intéressante puisque l’alopécie androgénétique (Aag) touche 80 % de la population masculine avant l’âge de 70 ans. Pour l’heure, seul un facteur de prédisposition avait été identifié. Et encore chez une minorité d’hommes chauves, et concerne une mutation sur le gène du récepteur à la testostérone. Les autres causes restent encore très méconnues, et les médicaments actuellement utilisés pour traiter l’Aag, ont été découverts par hasard. Puisqu’ils étaient prévus contre d’autres pathologies.
La prostaglandine, capable d’empêcher la croissance capillaire
La chute des cheveux est un phénomène normal et qui est variable en fonction des saisons. Comme pour les feuilles d’arbres. Dans une étude des chercheurs, plusieurs éléments appuient l’implication de Pgd2 dans la perte des cheveux, ou plus précisément dans l’inhibition de leur croissance. Dans un premier temps, des hommes chauves se sont prêtés au jeu. Ce, pour permettre aux chercheurs de comparer l’expression des gènes dans les régions encore chevelues et dans celles complètement dégarnies. Pour 81 gènes, l’activité a été notée comme étant plus importante, avec une mention toute particulière au gène favorisant la synthèse de Pgd2. Grâce à d’autres expériences, la prostaglandine a de nouveau fait preuve de ses capacités à empêcher la croissance capillaire. Il a également été montré chez des souris lors du cycle de croissance de follicules capillaires un pic d’expression de Pgd2 au début de la phase de régression. Ou encore, lorsque les chercheurs ont transplanté des follicules humains chez des souris, et appliqué la molécule suspecte. Les cheveux n’ont jamais poussé. Enfin, ils ont découvert que des souris génétiquement modifiées n’exprimant pas la prostaglandine au niveau de la peau, présentaient exactement les mêmes symptômes que dans une alopécie humaine. Tout porte à croire que Pgd2 est un inhibiteur important de la croissance capillaire. Et donc un acteur majeur de la calvitie. En guise de traitement, il est envisagé de bloquer son activité au niveau du cuir chevelu. Et le travail pourrait déjà être prémâché. Car les scientifiques ont remarqué, dans leur étude, que Pgd2 active un récepteur membranaire appelé Rcpg-44 (Ndlr : Récepteur couplé aux protéines g44). Lorsque la prostaglandine vient se fixer sur cette molécule, une cascade réactionnelle se déclenche dans la cellule et bloque la croissance du cheveu. Les chercheurs pensent donc qu’inhiber Rcpg44, bloquerait l’activité de Pgd2.
Un équilibre à ne pas rompre ?
George Cotsarelis, l’homme qui a supervisé ce travail de recherche, reste malgré tout prudent. Il rappelle qu’on savait déjà que les prostaglandines étaient impliquées dans le développement pileux. Mais, parfois dans l’autre sens. Ainsi, le latanoproste, un analogue de la prostaglandine F2-alpha, stimule la poussée des cils. Tandis que la prostaglandine E2, favorise la croissance du pelage chez la souris. Le chercheur suggère donc que ces molécules puissent se compenser mutuellement. Et qu’il existe peut-être un système de balance pour un développement normal. Proposer un traitement qui bloquerait l’activité de Pgd2 pourrait entraîner un déséquilibre et causer d’autres effets, pas forcément désirables. Faisons donc peu preuve d’encore un peu de patience...
A.Coulibaly avec futura-sciences.com