Showbiz / Laeticia Hallyday, femme courage de Johnny : «Mon homme n’est plus»
Mariée au rocker depuis 1996, la jeune Laeticia Boudou a traversé toutes les tempêtes. Elle a veillé au côté de Johnny jusqu’à sa mort, cette nuit, dans leur maison de Marnes-la-Coquette.
« Mon homme n’est plus ». Jusqu’à ce communiqué poignant, annonçant la mort de Johnny dans la nuit de mardi à mercredi (voir l’encadré ci-dessous) elle a dit « mon », avec dévouement, candeur et une subtile note de possession. Elle ne disait plus ce « mamour » - officiellement ? - qui lui donnait des airs un peu gamine. Car en 22 ans de vie commune avec Johnny Hallyday, sa femme Laeticia a mûri.
Laeticia a 20 ans depuis la veille lorsqu’en mars 1995, dans la boîte de nuit que son père André Boudou possède à Miami, elle rencontre le rocker. Il en a 52, est accro à l’alcool, aux drogues et aux très jeunes conquêtes, et ne connaît encore le succès – énorme, il est vrai- que grâce à une troupe de fans fidèles. Laeticia a trouvé son prince charmant.
La jeune fille, qui a grandi entre Béziers et Miami après le divorce de ses parents, rêvait de mode et de stylisme. « Elle était naïve et très gentille, mais carrée et déterminée », affirme une jeune femme qui la fréquentait en vacances. Laeticia a d’abord fait de son mari son unique cause. Comme elle avait sorti son père de la dépression à l’adolescence, infirmière dévouée, elle s’est engagée corps et âme auprès de Johnny Hallyday.
« Il a fallu que j’apprivoise mon mari »
Un an plus tard, le couple se marie à la mairie de Neuilly-sur-Seine. La foule des fans est là, compacte, heureuse. Johnny présente sa jeune épouse, des anglaises encadrant ses joues rondes, encore dans l’enfance. Laeticia la poupée, baby-doll, multiplie les interviews. Qui semblent aussi lisses que sa peau de bébé.
Pourtant, il en a fallu, du caractère, pour tenir sans tomber, puis faire tomber ce taiseux, qui embrasse plus ses clopes que les conversations intimes. « Il a fallu que j’apprivoise mon mari avant de trouver une place dans son univers », confie-t-elle en 2007 à VSD. Il a aussi fallu avoir les épaules solides pour supporter les polémiques. Car la vie de Johnny est une saga, faite de rebondissements.
« Mon homme n’est plus »
Johnny Hallyday est mort dans la nuit de mardi à mercredi à l’âge de 74 ans, des suites d’un cancer du poumon. Voici le communiqué rédigé par son épouse Laeticia, adressé à l’AFP.
« Johnny Hallyday est parti. Jean-Philippe Smet est décédé dans la nuit du 5 décembre 2017. J’écris ces mots sans y croire. Et pourtant, c’est bien cela. Mon homme n’est plus.
Il nous quitte cette nuit comme il aura vécu tout au long de sa vie, avec courage et dignité. Jusqu’au dernier instant, il a tenu tête à cette maladie qui le rongeait depuis des mois, nous donnant à tous des leçons de vie extraordinaires. Le coeur battant si fort dans un corps de rocker qui aura vécu toute une vie sans concession pour la scène, pour son public, pour ceux qui l’adulent et ceux qui l’aiment.
Mon homme n’est plus. Le papa de nos deux petites filles, Jade et Joy, est parti. Le papa de Laura et David a fermé ses yeux. Ses yeux bleus qui illumineront encore et encore notre maison, et nos âmes.
Aujourd’hui, par respect et par amour pour cet homme extraordinaire qui fut le mien pendant plus de 22 ans, pour perpétuer sa passion de la vie, des sensations fortes, des émotions sans demi-mesure, nous unissons tous nos prières, et nos coeurs. Nous pensons à lui si fort qu’il restera à jamais à nos côtés, aux côtés de ceux qui l’écoutent, le chantent et le chérissent depuis toujours.
Johnny était un homme hors du commun. Il le restera grâce à vous. Surtout, ne l’oubliez pas. Il est et restera avec nous pour toujours. Mon amour, je t’aime tant. «
Laeticia Hallyday
Après les premières années calmes, pendant lesquelles Johnny enchaîne les shows grandioses, les choses se compliquent : des proches historiques du chanteur, des membres de la famille de Johnny accusent Laeticia et son père André d’avoir « mis le grappin » sur la star, d’avoir orchestré son divorce d’avec Universal. « Madame manage tout, l’amour rend aveugle », lâchera, avec aigreur, le producteur Jean-Claude Camus, revenu depuis en grâce. Des « amis de toujours » se confient en off : Johnny s’éloigne d’eux, prend de mauvaises décisions, cède à toutes les bouderies de sa dépensière épouse. L’Amnesia, la boîte de nuit parisienne ouverte par Johnny au pied de la tour Montparnasse le 1er octobre 2003, fait un flop. Cerise sur le gâteau, une femme accuse l’artiste de viol.
Le bonheur d’être mère avec Jade et Joy
En 2003, épuisé par les attaques, Johnny reçoit France Soir à son domicile de Marnes-la-Coquette (Yvelines). Il est furieux, contre d’anciens proches, contre la France qui le traite si mal. « Si je n’étais pas attaché à ce pays, mon pays, je serais parti. Après tout je suis Belge, je peux récupérer un passeport demain matin et aller vivre n’importe où. Mais je ne veux pas. Je suis imposé à 55 % en France, je paye 15 000 € d’impôts chaque jour avant de mettre le pied par terre et je trouve ça normal, je n’ai jamais râlé. Mais qu’on me laisse en paix ! », bougonne-t-il. Laeticia arrive sur ces entrefaites : « Tout nous est tombé dessus alors qu’on rentrait d’une cure d’une semaine à Merano, dans le Tyrol italien, dans un endroit que nous avait conseillé Zidane. Je découvre à quel point les gens peuvent être méchants », affirme-t-elle.
En coulisses, ne manquant aucun concert, la jeune femme gère l’image de son mari, choisit les costumes comme les proches accueillis backstage. Ou mitonne les petits plats que Johnny déguste la nuit dans leur cuisine. Malgré les tourments, la noirceur du rocker noyée dans le whisky, ses infidélités, son anorexie à elle, cette difficulté, devenue obsession, à avoir des enfants, Laeticia tient bon. En novembre 2004, le couple accueille Jade, née le 3 août au Viêt Nam. « L’anorexie est sans doute responsable de ma stérilité. J’ai été enceinte plusieurs fois. J’ai perdu mon dernier enfant à 4 mois et demi de grossesse. C’était au moment où nous allions accueillir Jade. Personne n’en a rien su », raconte-t-elle à Paris Match en janvier 2013. Le couple avait cependant communiqué sur cette grossesse. Quatre ans plus tard, la famille s’agrandit avec l’arrivée de Joy.
Mère, Laeticia devient femme fatale. Au fil des années, ses tenues ont raccourci plus encore que ses cheveux, les talons se sont allongés. Laeticia est passée des tenues sagement sexy des actrices de « Beverly Hills » de son adolescence aux fantasmes barbarellesques de son époux. Sa voix est toujours fluette mais son ton est aussi plus affirmé. Le 8 mai 2007, par exemple, c’est elle qui annonce, pour faire taire la polémique de leur exil fiscal en Suisse, que son mari se réinstallera en France si Nicolas Sarkozy est élu président de la République et s’il baisse la fiscalité des grandes fortunes. Nicolas Sarkozy entrera à l’Elysée et musclera le bouclier fiscal déjà en œuvre en Franc. Mais les Hallyday ne quittent pas leur chalet de Gstaad six mois et un jour par an. Jusqu’en 2015 où ils mettent le cap sur Los Angeles.
En décembre 2009, Johnny est hospitalisé dans un état critique à Los Angeles. Après une opération d’une hernie discale, qui a tourné au désastre, Laeticia le conduit de force à l’hôpital et accepte qu’il soit plongé dans un long coma artificiel. Pendant douze jours, des médias du monde entier attendent aux portes du Cedars Sinaï Hospital. A la sortie, il apparaît clairement que Laeticia est une femme capable d’assumer. « Je suis née avec le besoin d’aider les autres et j’ai aujourd’hui envie de mener mon chemin toute seule », expliquait-elle en janvier 2013 à Paris Match, dans une interview.
En janvier 2012, Laeticia, qui n’est plus marraine de l’Unicef, crée la fondation La Bonne étoile avec ses amies Hélène Darroze, qui est aussi la marraine de Joy, et Caroline Rostang, fille et petite-fille de cuisiniers. Elle a posé la première pierre d’une école à Dak Nong, au Viêt Nam il y a un an, quelques mois avant que Johnny ne révèle être soigné pour un cancer du poumon. Les lieux sont prêts à accueillir des élèves. Laeticia, elle, couve toujours sa portée.
Avec leparisien