2405_dr-selly.jpg

Médecin résident à la Clinique du diabète et de l’hypertension au CHU de Treichville, Dr Selly Charles Patrick est un médecin spécialiste du diabète. Dans le cadre d’une opération de dépistage collective du diabète, de l’asthme et de l’hypertension dans une église à Cocody-Angré, il nous a instruits sur  les causes, les symptômes et les solutions pratiques du diabète, non sans tirer la sonnette d’alarme.

 

Vous exercez à la Clinique du diabète et de l’hypertension du CHU de Treichville, créée il y trois ans. Quelles sont les missions assignées à ce service ?

C’est un service qui prend en charge les personnes malades du diabète et de l’hypertension artérielle.

 

Vous venez d’animer une conférence sur le diabète dans le cadre d’une opération de dépistage collective. Que doit-on retenir de votre communication ?

Il faut faire attention parce que le diabète tue plus que toutes les autres maladies au monde. Sur le plan mondial, le diabète est la première cause de mortalité avec 5000 décès par an. C’est un cri d’alarme. Il faut se faire dépister pour éviter la propagation de cette maladie. Il s’agit de faire simplement une glycémie et voir des spécialistes pour savoir si on est diabétique ou pas.

 

Alors c’est quoi le diabète ?

On parle de diabète lorsque le taux de sucre augmente dans le sang. Ça veut dire que tout ce que nous mangeons se transforme en sucre. Et ce sucre devait en principe aller dans le sang pour travailler et donner de l’énergie à notre organisme. Mais la maladie qu’est le diabète va faire que ce sucre va s’accumuler dans le sang, et ne pourra pas faire le travail que l’on attend de lui dans le corps.

 

Et comment se manifeste la maladie ?

Normalement le diabète au début, est une maladie sans symptômes. Il n’y a pas de signes. C’est l’examen de sang qui permet de savoir si on a le diabète ou pas. Mais dès lors qu’on commence à avoir des signes c’est que le diabète est déjà compliqué. Ces signes de complication sont entre autres la soif, on boit beaucoup. On a aussi faim, on urine beaucoup et on maigrit.

 

On grossit aussi?

L’obésité peut déclencher le diabète. Mais ce n’est pas le diabète qui fait grossir. Celui qui est obèse peut tendre vers un diabète. Mais quand il va commencer à suivre un traitement contre son diabète, il va maigrir à la longue. Mais ce n’est pas le diabète qui le fait grossir.

 

 

Quels sont les conseils pratiques pour éviter le diabète ?

Il faut d’abord avoir une bonne hygiène de vie. Il s’agit de ne pas avoir une vie sédentaire. Il faut limiter la sédentarité. Ça veut dire qu’il faut bouger beaucoup en marchant par exemple. Il ne faut pas rester sur place pendant plus d’une heure trente minutes sans marcher. Quand on travaille dans un environnement où on est beaucoup assis, de temps en temps il faut se lever et marcher un peu. Ça aide contre le diabète. Au niveau de l’alimentation, il faut éviter les aliments gras et trop sucrés. Il faut aussi éviter de manger les fritures, parce qu’elles accumulent la graisse. Et cela favorise le diabète.

 

Que doit-on donc consommer s’il faut éviter les fritures qui sont très souvent prisées par la population africaine?

On peut éviter les fritures en consommant tout ce qui est braisé, fumé, frais et cuit à vapeur. Il faut ajouter à cela tout ce qui est crudité, fruit et légume.

 

Vous dites qu’il faut éviter tout ce qui est sucré. Alors comment faire pour satisfaire les besoins alimentaires des enfants qui sont beaucoup friands des sucreries ?

Pour les enfants on ne parle pas de régime. Le diabète de l’enfant est un diabète qui est découvert par hasard et on ne peut pas prévenir en évitant à l’enfant de consommer les aliments sucrés comme le yaourt, les jus et les crèmes. L’enfant mange normalement en prenant de l’insuline. Et c’est ce qui va stabiliser sa glycémie. Donc on adapte son insuline à ce qu’il mange. L’enfant ne s’adapte pas forcément à sa glycémie. L’enfant doit grandir. Donc il a besoin de toutes les vitamines qu’on retrouve dans les aliments sucrés. On ne peut pas lui imposer un régime sans sucre.

 

Quelle est la situation de la Côte d’Ivoire aujourd’hui en termes de prévalence du diabète ?        

Il faut dire que les chiffres ne sont pas à jour, parce qu’on n’a pas beaucoup d’études sur la question pour mettre les chiffres à jour. Les études qu’on a date des années 80. On parle d’un taux de prévalence d’environ 5,7%. Mais ces chiffres sont dépassés. Il faut vraiment faire une évaluation correcte de la prévalence actuellement, afin de prendre des mesures idoines.

 

Avez-vous un appel à lancer ?

Nous invitons tout le monde à se faire dépister. Et on n’a pas besoin d’attendre une campagne de dépistage pour se faire dépister. Aujourd’hui on peut aller à une pharmacie vérifier son taux de glycémie de temps en temps. Tout le monde doit se faire dépister pour éviter cette maladie et réduire sa propagation.

 

Réalisé par Abou Adams